L'armée syrienne utilise de nouvelles armes fournies par Moscou

par Tom Perry BEYROUTH (Reuters) - L'armée syrienne a commencé récemment à utiliser de nouveaux types d'armes terrestres et aériennes fournis par la Russie, a déclaré jeudi une source militaire syrienne, alors que Damas intensifie ses raids aériens contre les djihadistes de l'Etat islamique et d'autres groupes rebelles dans le nord du pays. Les militaires syriens sont formés depuis plusieurs mois à leur utilisation et ces armes, ajoute cette source, sont employées sur le terrain depuis quelques semaines. "Ces armes sont hautement précises et efficaces", a dit cette source. Depuis le début du mois, les Etats-Unis disent observer un renforcement de la présence militaire russe sur une base aérienne proche de Lattaquié, un fief du président Bachar al Assad, et soupçonnent Moscou de vouloir lui prêter main forte. La Russie, qui dispose depuis l'époque soviétique d'une base navale à Tartous, sur la Méditerranée, a déclaré dimanche qu'elle continuait à fournir en toute légalité du matériel militaire à la Syrie. Cette assistance, a précisé une porte-parole du ministère russe de la Défense devant la presse, vise à lutter contre le terrorisme, à préserver le statut d'Etat de la Syrie et à prévenir une "catastrophe complète" dans la région. Maria Zakharova a ajouté que Moscou était prêt à partager des informations sur ce soutien militaire au gouvernement syrien avec les Etats-Unis en respectant les "canaux appropriés". La porte-parole a reproché au gouvernement américain de discuter publiquement de cette question. Les Etats-Unis ont constitué une coalition internationale pour lutter contre les djihadistes de l'Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie, mais ni la Russie, ni Damas n'en font partie. L'administration Obama, estimant qu'il n'existait aucune solution militaire à la crise en Syrie, a déclaré jeudi qu'elle était prête à une coopération avec la Russie pour faire face à la situation dans la région. Les Etats-Unis "demeurent prêts à des discussions stratégiques, pratiques" avec Moscou concernant la lutte contre le groupe Etat islamique en Syrie, a déclaré le porte-parole de la Maison blanche, Josh Earnest, lors d'un point de presse. RAIDS AÉRIENS À RAKKA ET ALEP Jeudi, l'armée syrienne a lancé ses propres raids aériens contre Rakka, la capitale autoproclamée de l'EI, ont rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme et des activistes sur le terrain. Ces frappes menées en trois vagues, une douzaine au total, ont visé huit cibles, dont quatre bâtiments utilisés par les djihadistes, a dit un activiste joint sur place, qui a tenu à conserver l'anonymat pour assurer sa propre sécurité. L'EI a imposé un couvre-feu dans deux quartiers de la ville, a-t-il ajouté. "Il y a un grand nombre de martyrs et de blessés", a indiqué sur Twitter un groupe d'activistes syriens se faisant appeler "Rakka est massacrée en silence". L'OSDH a fait état d'au moins 18 morts dans les raids aériens contre Rakka, qui ont touché plusieurs quartiers de la ville et de ses faubourgs. Selon l'OSDH, les raids sur Rakka ont été menés par des avions syriens. Damas ne les a toutefois pas confirmés. L'aviation syrienne a également bombardé mercredi et jeudi des zones tenues par les rebelles dans la région d'Alep, tuant au moins 53 personnes dont 15 enfants, a indiqué l'OSDH ajoutant que la situation est "catastrophique" dans la ville. Un porte-parole des services de secours dans la grande ville du nord de la Syrie a de son côté avancé un bilan de 60 civils tués dans les raids aériens et les violents combats entre forces gouvernementales et rebelles. D'après le directeur de l'OSDH, Rami Abdoulrahmane, l'armée de Bachar al Assad utilise depuis peu de nouvelles armes plus meurtrières, dont des lance-roquettes multiples et des missiles air-sol. "Ce sont des armes modernes que le régime n'avait pas jusqu'à présent", a-t-il précisé. (Avec Gabriela Baczynska à Moscou, Tom Perry à Washington; Jean-Stéphane Brosse, Tangi Salaün et Eric Faye pour le service français)