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Dacca accuse la Birmanie de poser des mines à la frontière

DACCA (Reuters) - La Birmanie pose des mines depuis trois jours sur une portion de sa frontière avec le Bangladesh, rapportent des responsables du gouvernement bangladais, qui entend protester officiellement mercredi auprès des autorités birmanes. L'objectif de la Birmanie serait d'empêcher le retour de musulmans Rohingya fuyant les violences qui secouent l'Etat d'Arakan (Rakhine) depuis la fin du mois d'août. Environ 125.000 Rohingya se sont réfugiés en près de deux semaines au Bangladesh pour échapper à une opération des forces de sécurité qui a fait au moins 400 morts, selon l'Onu. "Ils (les Birmans) placent des mines sur leur territoire le long de la clôture barbelée", accuse une source gouvernementale à Dacca. "Nos forces ont vu trois ou quatre groupes travaillant près de la clôture, enfouissant quelque chose dans le sol." Selon les deux responsables contactés par Reuters, les soupçons des autorités bangladaises ont été confirmés grâce à des informateurs et des photographies. Manzurul Hassan Khan, un garde-frontière bangladais, a signalé deux explosions mardi du côté birman de la frontière. Lundi, un garçon a perdu sa jambe dans une autre explosion. Il est soigné au Bangladesh. Un réfugié s'est rendu sur le site de l'incident et a filmé ce qui s'apparente à une mine: un disque métallique d'une dizaine de cm de diamètre partiellement enfoui dans la boue. Une source militaire birmane a déclaré que des mines avaient été posées dans les années 1990 le long de la frontière pour empêcher des entrées illégales, mais elle a assuré qu'aucune mine n'avait été posée récemment. Des dirigeants de pays à majorité musulmane, dont le Bangladesh, l'Indonésie, la Turquie et le Pakistan, ont exhorté mardi la lauréate du prix Nobel de la paix à mettre fin aux violences contre les Rohingya. (Krishna N. Das; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)