Début de semaine difficile pour les actions, le dossier Huawei inquiète

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en net repli lundi, la crainte d'une nouvelle escalade dans le conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine, liée cette fois au groupe chinois Huawei, ayant fait reculer les secteurs les plus exposés, à commencer par celui des hautes technologies.

À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 1,46% (79,64 points) à 5.358,59 points. A Londres, le FTSE 100 a perdu 0,62% et à Francfort, le Dax a reculé de 1,61%.

L'indice EuroStoxx 50 a cédé 1,63%, le FTSEurofirst 300 1,15% et le Stoxx 600 1,06%.

L'entrée en vigueur du décret américain plaçant Huawei, le numéro un chinois des équipements de réseaux de télécommunications, sur une liste noire l'excluant de fait de tout marché aux Etats-Unis, fait craindre des représailles chinoises susceptibles de toucher de nombreuses entreprises de hautes technologies.

Citant des personnes au fait du dossier, le quotidien économique japonais Nikkei a rapporté que le fabricant allemand de puces Infineon avait décidé de suspendre ses livraisons à Huawei. Et selon Bloomberg, plusieurs fabricants de puces américains ont informé leurs employés qu'ils cessaient de lui fournir des composants et logiciels sensibles.

Par ailleurs, Pékin a dénoncé les "attentes extravagantes" de Washington en vue d'un hypothétique accord commercial entre les deux premières puissances économiques du monde.

"Constatant que les Etats-Unis ont adopté une position dure contre Huawei, les traders ne croient pas à une résolution rapide du conflit commercial USA-Chine", explique David Madden, analyste de CMC Markets UK.

"Le rally de la fin de la semaine dernière commence à ressembler à un rally de soulagement alors que le mouvement d'aujourd'hui pourrait marquer le début de la prochaine grande phase de baisse."

VALEURS

En Europe, l'indice Stoxx des hautes technologies a fini la journée en baisse de 2,84%, le repli sectoriel le plus marqué du jour et sa pire performance sur une séance depuis le 3 janvier.

Parmi les fabricants européens de semi-conducteurs, considérés comme des cibles de possibles représailles chinoises, AMS a chuté de 13,39% à Zurich, STMicroelectronics de 9,53% à Paris et Infineon de 4,8% à Francfort.

Le secteur automobile, également exposé aux tensions commerciales, a cédé quant à lui 1,95%.

Par ailleurs, Deutsche Bank (-2,89%) a touché un nouveau plus bas historique. UBS est passé à la vente sur la valeur et a abaissé son objectif de cours.

Seul secteur à finir en hausse, les télécoms ont gagné 0,76%.

Nokia, concurrent direct de Huawei, a pris 1,08%, la plus forte hausse de l'EuroStoxx 50.

A WALL STREET

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait elle aussi dans le rouge mais au-dessus de ses plus bas du début de séance, le Dow Jones cédant 0,23%, le Standard & Poor's 500 0,41% et le Nasdaq Composite 1,12% après avoir perdu jusqu'à 1,76%.

L'indice S&P des hautes technologies reculait de 1,25%.

Apple abandonnait 3,07%, la plus forte baisse du Dow. Le titre a touché en début de séance son plus bas niveau depuis le 12 mars, affecté entre autres par des craintes de boycott en Chine.

CHANGES

Le dollar est en léger repli face à un panier de devises de référence mais conserve la majeure partie de ses gains de la semaine dernière.

Les mouvements sur la devise américaine restent toutefois limités dans l'attente de nouveaux développements concrets sur le dossier du commerce sino-américain et à deux jours de la publication du compte rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale.

L'euro s'apprécie légèrement aux dépens du billet vert, autour de 1,1170 dollar.

La hausse du dollar australien est bien plus marquée, de l'ordre de 0,6%, après la victoire inattendue des conservateurs aux législatives de samedi.

TAUX

Les rendements des emprunts d'Etat européens ont fini en hausse après avoir reculé en début de séance en réaction à la baisse des marchés actions. Celui du Bund allemand à dix ans, référence pour l'ensemble de la zone euro, a terminé la journée à -0,088% après être tombé en matinée à -0,106%.

La hausse a été plus marquée pour les rendements autrichiens après la chute de la coalition gouvernementale ce week-end, conséquence de la mise en cause du vice-chancelier d'extrême droite Heinz-Christan Strache dans une tentative de corruption. Certains observateurs y voient surtout la perspective d'une perte d'influence des populistes sur la politique économique du pays.

Les rendements américains remontent eux aussi, tout près de 2,40% après un plus bas à 2,38%.

PÉTROLE

Les cours du brut restent orientés à la hausse malgré les craintes de ralentissement de la demande liées au commerce USA-Chine, la perspective d'un maintien des réductions de production de l'Opep et de ses alliés l'emportant largement.

Selon le ministre saoudien de l'Energie, un consensus existe à l'Opep et chez ses alliés pour réduire "tranquillement" les stocks de pétrole.

Le Brent a atteint en début de journée 73,40 dollars, son plus haut niveau depuis le 26 avril, et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 63,81 dollars.

(Édité par Wilfrid Exbrayat)