D’où vient l’expression "dormir sur ses deux oreilles" ?

Il ne faut pas comprendre "dormir sur ses deux oreilles" mot pour mot. Celui capable de dormir la nuit sur les deux oreilles à la fois doit forcément tricher. Il faudrait avoir les deux oreilles du même côté de la tête, ou avoir un lobe vraiment très élastique. Encore pire, il devrait la trancher pour pouvoir ensuite la poser sur l’oreiller. Même le peintre Van Gogh, en s’allégeant de son oreille gauche, s’en était débarrassé au lieu de pousser le vice jusqu’à dormir avec. Comment a-t-on imaginé pareille allégorie ?

Selon l’Académie française, la première apparition de l’expression remonte à 1832, dans une lettre de l’écrivain Prosper Mérimée à son confrère Stendhal. Mérimée assurait à ce dernier à propos de sujets possibles de crainte : "On m’assure de tous les côtés que vous n’avez point d’inquiétude à avoir. […] Ainsi soyez en repos et dormez sur les deux oreilles." Il semble qu’à cette époque, la formulation était différente, puisque Mérimée écrit "dormir sur les deux oreilles", et non "sur vos deux oreilles". Aujourd’hui, dans le langage courant, nous sommes passés à un article possessif, probablement une déformation due à l’usage et à la transmission dans le temps.

L’origine de l’expression reste un mystère. Au sens propre, dormir sur les deux oreilles est impossible. Cette image est peut-être liée à la notion de vigilance. Après tout, l’ouïe et la vue sont les organes privilégiés dans ce domaine, et il existe de nombreuses expressions associant la surveillance aux yeux (...)

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