Déviation de l'astéroïde Dimorphos : l'enquête se poursuit
La mission européenne Hera va étudier le comportement de l'astéroïde Dimorphos après le crash de la sonde Dart en 2022 visant à modifier sa trajectoire. Une expérience inédite de défense planétaire.
Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir n°933, daté novembre 2024.
Si l'on découvre un jour qu'un astéroïde se dirige tout droit vers notre planète, serons-nous capables de modifier sa trajectoire et éviter ainsi une collision cataclysmique ? En septembre 2022, la sonde Dart de la Nasa réalisait le premier test de déviation d'astéroïde de l'histoire en percutant intentionnellement Dimorphos, rocher céleste de 150 mètres de diamètre passant alors à 11 millions de kilomètres de la Terre. Le deuxième acte de cette expérience inouïe vient tout juste de débuter.
Le 7 octobre, l'orbiteur Hera, conçu cette fois par l'Agence spatiale européenne, est parti en effet de cap Canaveral en Floride (États-Unis) pour rejoindre Dimorphos fin 2026 et inspecter au plus près la "scène de crime". Il examinera en particulier la surface de l'astéroïde, sa topographie, le cratère créé par l'impact et même sa structure interne. "Cette enquête approfondie est absolument indispensable pour comprendre comment Dimorphos a réagi et été dévié par le choc, souligne Patrick Michel, spécialiste des petits corps à l'observatoire de la Côte-d'Azur et responsable scientifique d'Hera. Elle permettra de valider et calibrer les simulations numériques d'impact afin de les adapter à différents scénarios, d'autres astéroïdes qui nous menaceraient véritablement. "
Aussi grand que la pyramide de Gizeh
Plusieurs raisons avaient fait de Dimorphos une cible de choix. Sa taille tout d'abord, aussi grande que la pyramide de Gizeh (Égypte), qui correspond au seuil à partir duquel la chute d'un astéroïde libère une énergie supérieure à 10 millions de bombes d'Hiroshima. De quoi raser instantanément un pays comme la Belgique ! Et affecter des zones habitées quelle que soit la région du globe où le bolide s'écrase, même au milieu de l'océan, en engendrant des mégatsunamis et de gigantesques séismes.
Ce type d'objets célestes - ils seraient environ 25.000 à croiser l'orbite de la Terre - percuterait notre[...]