Déserts médicaux : L’État attaqué en justice pour « inaction » par l’UFC-Que Choisir
SANTÉ - C’est un sujet qui concerne chaque jour davantage de Français. L’association UFC-Que Choisir a déposé un recours devant le Conseil d’État pour dénoncer « l’inaction » du gouvernement face aux déserts médicaux et aux inégalités croissantes d’accès aux soins, lui enjoignant d’agir, comme elle l’a annoncé ce mardi 21 novembre 2023. L’occasion de dévoiler au passage une étude sur « l’aggravation dramatique » de la démographie médicale.
« Après des années de négociations auprès des décideurs politiques qui restent sans réponse, l’UFC-Que choisir saisit aujourd’hui le Conseil d’État pour faire constater et sanctionner la coupable inaction gouvernementale » et « défendre le droit constitutionnel à la santé », écrit l’association dans un communiqué.
Elle dénonce en particulier « le refus obstiné des autorités de réguler l’installation des médecins », et invite les Français à signer et à « partager massivement » une pétition.
Un manque criant de pédiatres, gynécos et ophtalmos
Pour preuve, certaines professions qui sont particulièrement concernées par ces insuffisances. Parmi celles-ci, les médecins généralistes, gynécologues, ophtalmologues, pédiatres… L’UFC-Que Choisir a en effet mis à jour sa carte interactive des inégalités d’accès aux médecins « en accès direct », élaborée l’an passé à partir de données publiques et issues de la littérature scientifique. « Sans surprise, la désertification médicale s’accentue, du fait de la hausse des besoins » et d’une « vague de départs en retraite », observe-t-elle.
L’étude croise deux critères : l’éloignement géographique des Français par rapport aux médecins d’une part, et les tarifs pratiqués de l’autre. Ainsi, 19,3 % des Français résident dans un désert médical pour l’ophtalmologie, 24,8 % des femmes dans un désert médical gynécologique et 28,9 % des enfants dans un désert médical pédiatrique, analyse l’UFC.
Et si l’on exclut les praticiens qui pratiquent des dépassements d’honoraires (c’est-à-dire les professionnels de santé qui facturent plus que ce que rembourse la Sécurité sociale), « la situation devient absolument catastrophique », déplore l’association. Plus d’un enfant sur deux vit dans un lieu déserté par les pédiatres, 59,3 % des Français dans un désert médical pour les ophtalmologues, et 69,6 % des femmes pour les gynécos.
Les généralistes moins concernés
Les généralistes sont mieux répartis sur l’ensemble du territoire, avec 2,6 % des patients classés en désert médical, soit 1,7 million de personnes, auxquels l’association ajoute 21 % de patients ayant un « accès difficile » (densité au moins 30 % inférieure à la moyenne). Entre 2021 et 2023, 44,4 % de la population « a vu l’accessibilité aux généralistes se dégrader », note encore l’UFC-Que Choisir.
Pour aller encore plus loin dans cet état des lieux, des bénévoles de l’association ont contacté anonymement 2 642 médecins généralistes pour leur demander s’ils accepteraient de les suivre en tant que médecin traitant. La majorité (51,5 %) a refusé, contre 44 % lors d’une précédente enquête en 2019. La plupart suivaient déjà trop de patients (74 %), ou devaient bientôt partir en retraite (12 %).
L’association a également contacté 761 ophtalmologues, dont 28 % ont refusé de planifier un rendez-vous. La raison ? La majorité proposant des délais trop longs : 65 jours en moyenne.
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