La députée RN Christine Engrand accusée d’avoir utilisé de l’argent public pour la garde de ses chiens

La députée RN Christine Engrand a détourné l’enveloppe mise à sa disposition par l’Assemblée.
BERTRAND GUAY / AFP La députée RN Christine Engrand a détourné l’enveloppe mise à sa disposition par l’Assemblée.

POLITIQUE - Le Rassemblement national a un (petit) problème avec l’argent public. Avant le procès des assistants parlementaires, et leur supposé travail fictif au Parlement européen, qui s’ouvrira fin septembre, on apprend ce mardi 10 septembre que la députée Christine Engrand a détourné plusieurs dizaines de milliers d’euros pour son usage personnel. L’élue Rassemblement national du Pas-de-Calais aurait notamment payé la pension de ses deux chiens en utilisant son chéquier de l’Assemblée, révèlent nos confrères de Mediapart.

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Contrainte de passer plusieurs jours par semaine à Paris dans le cadre de son mandat, Christine Engrand n’avait personne à qui confier Smoothie et Chouchou. Elle a donc dû payer un gardiennage. Montant de la facture : 27 euros par jour. « Si j’avais abandonné mes chiens, vous m’auriez téléphoné pour me dire : vous avez fait mourir vos chiens », a-t-elle répondu sans ciller aux journalistes du site d’information.

D’ailleurs, depuis qu’elle a été épinglée pour l’usage abusif de son enveloppe parlementaire, la députée s’est arrangée autrement, comme elle le détaille à Mediapart : « Avant, je faisais garder mes deux chiens du mardi au vendredi. Maintenant, je ne reste plus que deux jours à l’Assemblée parce que je n’ai pas d’autres moyens de faire garder mes chiens. Ce n’est pas qu’avant je faisais plus, mais j’essaye de faire en sorte de jongler avec mes chiens. »

Sauf que les curieuses dépenses de l’élue ne s’arrêtent pas là : l’élue d’extrême droite s’est aussi inscrite sur un site de rencontres (pour 39,99 € par mois) et a payé les frais d’obsèques de sa mère (5 971 €). Le tout, en utilisant les 5 950 euros mensuels mis à disposition par l’Assemblée nationale de chaque élu.

« Je trouve l’enveloppe très, très short »

Auprès de Mediapart, la députée de 69 ans assure pourtant avoir eu confirmation à l’oral que le gardiennage des animaux était inclus dans le périmètre des frais de mandat. « C’est l’ancien déontologue qui avait dit cela à mon assistant. J’aurais dû avoir un mail, cela aurait été plus simple, mais c’était par téléphone », justifie-t-elle.

Plus croustillant encore, Christine Engrand confie au média en ligne : « Vous savez, moi je gagne moins bien ma vie qu’avant (d’être élue, ndlr), j’ai perdu en pouvoir d’achat ». Les calculs ne sont pas bons : en plus de son indemnité parlementaire de 7 637 € bruts, elle touche plusieurs centaines d’euros pour son siège de conseillère régionale. « 5 000 euros [de frais de mandat], je n’y arrive pas. L’enveloppe qu’on nous donne, je trouve qu’elle est très, très short, c’est pas du tout rentable », ose affirmer celle qui, dans ses interventions en commission des affaires économiques, s’est illustrée en prenant position contre l’allocation d’autonomie proposée pour les jeunes.

À en croire l’Observatoire des inégalités, avec des revenus mensuels supérieurs à 7 180 €, Christine Engrand fait d’ailleurs partie du 1 % des Français les plus riches. Pour sa défense, elle plaide d’abord « l’erreur », puis explique s’être emmêlée les pinceaux entre sa carte bancaire personnelle et professionnelle. Or il apparaît que bien des règlements ont été faits… par chèque.

Cette histoire, aussi étonnante soit-elle, n’a rien d’inédit, où que l’on regarde dans l’hémicycle d’ailleurs. Pas plus tard que le 4 septembre, un ancien député PS, en la personne de Jean-Christophe Cambadélis, était condamné à huit mois de prison avec sursis et à une peine d’inéligibilité pour avoir utilisé à des fins personnelles son enveloppe de député (voyages, loyer, factures…).

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