Départementales: que retenir du premier tour du scrutin?

Un électeur en train de voter (Photo d'illustration). - ALAIN JOCARD © 2019 AFP
Un électeur en train de voter (Photo d'illustration). - ALAIN JOCARD © 2019 AFP

Les élections départementales sont restées dans l'ombre des régionales au premier tour dimanche. Dans les 2054 cantons français répartis dans les 101 départements, la droite récolte une large majorité, selon l'Assemblée des départements de France, mais les candidats sortants à droite comme gauche sont souvent au coude-à-coude pour conserver leurs fiefs.

Pourtant au lendemain du premier tour, les discussions en vue du second tour sont déjà lancées et elles avancent, sur fond d'inquiétudes pour la participation après un premier tour déserté par deux électeurs sur trois.

Pour être élu au premier tour, un binôme doit obtenir au moins la majorité absolue des suffrages exprimés (plus de 50%) et un nombre de suffrages égal à au moins 25% des électeurs inscrits. Si aucun binôme n'est élu dès le 1er tour, les deux binômes arrivés en tête peuvent se maintenir. Les binômes suivants, eux, ne peuvent accéder au 2nd tour que s'ils obtiennent un nombre de suffrages au moins égal à 12,5% des inscrits.

· Score solide de la droite en Île-de-France

En Île-de-France où la présidente sortante Valérie Pécresse est arrivée largement en tête au 1er tour des régionales, la droite mène aussi la course en tête aux départementales, sauf en Seine-Saint-Denis où la gauche écrase ses adversaires.

En Seine-et-Marne, les Républicains virent en tête avec 23,15% des voix, devant le RN qui totalise 21,15% des bulletins, et loin devant les listes de gauche. Dans les Hauts-de-Seine, l'Essone, le Val-d'Oise ou les Yvelines, la droite arrive largement en tête.

Seule la Seine-Saint-Denis se distingue véritablement en région parisienne, puisque la droite a été écrasée par les liste de gauche. Dans ce bastion historique de la gauche, les binômes de l'Union de la gauche et des écologistes ont l'avantage sur leurs concurrents avec 36,23% des voix, devançant de très loin Les Républicains à 11,57% et le RN à seulement 9,12%. Dans le Val-de-Marne, le vote est lui morcelé, dominé par Les Républicains (19,09%), suivis de l'Union de la gauche et des écologistes (12,07%).

· Le Grand Est reste fermement ancré à droite

Les neuf départements du Grand Est semblent devoir tous rester à droite à l'issue du premier tour des départementales: huit sont fermement ancrés à droite et la Meurthe-et-Moselle demeure la seule exception, avec la gauche en bonne position.

Dans les Vosges, la Meuse, la Marne, la Haute-Marne, les Divers droite arrivent donc en tête et le raz-de-marée redouté du Rassemblement national n'a pas eu lieu, notamment en Haute-Marne, département très gilets jaunes.

· Bretagne: vers une bascule des Côtes-d'Armor?

En Bretagne, trois des quatre départements bretons -Morbihan, Finistère, Ille-et-Vilaine - devraient conserver leur majorité sortante, mais la gauche pourrait reconquérir les Côtes-d'Armor, perdues en 2015. La gauche peut espérer reconquérir la majorité car plusieurs cantons: plusieurs cantons seront particulièrement scrutés, droite et gauche étant au coude-à-coude.

Le Morbihan, dirigé par un président LR, a gardé le cap avec plus de 39% des suffrages à droite, contre environ 32% pour les partis de gauche. En Ille-et-Vilaine, pas de changement en vue: la gauche est en passe de conserver la majorité de ce département présidé par le PS, car une forte majorité des cantons sont restés fidèles à leurs choix. Enfin, dans le Finistère dirigé par le PS, le second tour semble plus incertain, droite et gauche étant au coude-à-coude dans plusieurs cantons.

· Normandie: le suspens reste entier en Seine-Maritime

Le suspense demeurait entier dimanche à l'issue du premier tour du scrutin départemental en Seine-Maritime que la gauche espère ravir au LaREM Bertrand Bellanger et à sa courte majorité. La gauche y totalisait plus de 43% des voix, la droite près de 28% et le Rassemblement national 21%. Le département avait basculé à droite en 2015 après onze ans à gauche.

"Le jeu reste très ouvert [...] Il y a beaucoup de suspense", a déclaré le président du groupe PS au département Nicolas Rouly au quotidien régional Paris-Normandie.

Dans l'Eure, où le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu fait partie de la majorité départementale, la droite enregistre plus de 46% des voix, la gauche 27% et le RN est à 25,72%. Sébastien Lecornu enregistre un score de 58,74% dans son canton de Vernon mais un second tour est nécessaire. En revanche dans le Calvados, l'Orne ou encore la Manche, le droite semblait rester majoritaire.

· Nouvelle-Aquitaine: duel serré en Charente

Pas de grands bouleversements attendus au terme des élections départementales de Nouvelle-Aquitaine où la prime aux sortants devrait largement l'emporter, sauf en Charente, où le match s'annonce serré entre droite et gauche. Aucun candidat n'ayant été élu au premier tour dans le département, le match est serré entre la droite qui n'avait ravi le département au PS en 2015 qu'avec un seul canton d'avance, et la gauche qui a réussi à former une alliance à peu près homogène PS/PC/EELV.

Le président sortant Jérôme Sourisseau, président DVD du département, est en ballottage très favorable dans le canton de Jarnac.

· Pays de la Loire: résultats serrés en Loire-Atlantique

Quatre des cinq départements des Pays de la Loire conservent leur ancrage à droite à l'issue du premier tour, mais la Loire-Atlantique et ses 31 cantons ne sont pas assurés de rester à gauche avec des résultats très serrés comme en 2015.

La Loire-Atlantique est actuellement le seul des cinq départements de la région Pays de la Loire dirigé par la gauche, mais cette majorité avait été acquise de justesse en 2015 avec seize cantons à gauche contre quinze à droite. Le président sortant, Philippe Grosvalet, ne se représente pas et à nouveau gauche et droite sont au coude à coude avec 20,87% des voix pour les binômes divers gauche et 20,65% pour les divers droite. En Vendée, les binômes divers droite remportent 44,67% des suffrages, suivis par le RN, qui présentait des candidats dans la totalité des 17 cantons et remporte 17,42% des voix.

· La droite confortée en Bourgogne-Franche-Comté

La prime aux sortants a fonctionné en Bourgogne-Franche-Comté où la droite, qui détient six des huit départements de la région, est en bonne position pour conserver la majorité des conseils départementaux, avec un vote RN globalement en baisse.

En Côte d'Or et en Saône-et-Loire, la droite est en position très confortable, ses présidents respectifs sortants Alain Sauvadet (UDI) et André Accary (DVD) ont même été réélus dès le premier tour (avec 61,14% et près de 77% respectivement). Tout comme dans l'Yonne où la droite et le centre arrivent en tête dans la plupart des cantons, le président sortant Patrick Gendraud (LR) frôlant la victoire dès le premier tour dans son fief de Chablis, avec 53,04%.

· La droite en position de force en Centre-Val de Loire

La droite sort largement en position de force dans les six départements du Centre-Val de Loire, à l'issue du premier tour du scrutin. Dans le Cher, la droite est en tête dans onze cantons sur 19 à l'issue du premier tour, comme dans le Loir-et-Cher, où la droite, parfois désunie voire éclatée, vire en tête dans la majorité des cantons. Le département, qui n'échappe plus à la droite ou au centre depuis la fin des années 1980, ne devrait pas, une fois encore échapper aux Républicains. Enfin dans l'Indre, la droite devrait garder sans trembler un département qu'elle conserve depuis 1985. Enfin dans le Loiret, la droite et le centre arrivent en ballottage favorable dans une quinzaine de cantons sur un total de 21.

· La plupart des départements d'Occitanie en passe de rester à gauche

La plupart des treize départements d'Occitanie devraient se maintenir à gauche, sauf l'Aveyron, qui reste une terre de droite historique, alors que l'incertitude demeure dans les Pyrénées-Orientales et le Gard, cibles du RN. L'Aveyron devrait resté contrôlé par la droite: 11 cantons sur 23 ayant été gagnés par la droite dès le 1er tour, notamment par des candidats proches du député LR Arnaud Viala.

· Le RN se rattrape dans le Nord et le Pas-de-Calais

Si Xavier Bertrand a largement dominé les élections régionales dans les Hauts-de-France, le Rassemblement national se rattrape pour les départementales dans le Nord et le Pas-de-Calais, mais avec moins d'avance que lors du précédent scrutin en 2015. Dans le Nord, le RN a récolté 23,11% des suffrages exprimés, soit un point de plus que la liste d'union de la droite. Même constat du côté du Pas-de-Calais. Le RN, avec 29,23% des suffrages exprimés devance ses adversaires au niveau départemental. Mais il n'arrive en tête que dans seulement trois cantons, contre 21 en 2015.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin est arrivé en tête dans son canton de Tourcoing 2 (Nord) avec 54 % des voix, devant l’union de la gauche (28 %) qu’il affrontera au second tour. Enfin, le binôme formé par Marine Le Pen et Steeve Briois est arrivé largement en tête des élections départementales dimanche à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) mais devra affronter la gauche lors d'un second tour.

· La droite maintient ses positions en Paca

La droite est bien placée pour conserver les cinq départements qu'elle présidait dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, et elle pourrait même faire le grand chelem dimanche en remportant les Alpes-de-Haute-Provence.

Dans les Alpes-Maritimes, bastion de droite, la majorité LR sortante semble en apparence confortée avec 43,5% des voix, comme dans les Bouches-du-Rhône où la présidente LR sortante a elle aussi terminé en tête dans le 10e canton de Marseille et devrait pouvoir conserver son siège. Ses troupes sont en bonne position pour l'emporter dans plusieurs cantons de Marseille. Si le parti de Marine Le Pen est bien leader en nombre de voix sur le département, ses conquêtes pourraient être limitées.

Dans les Hautes-Alpes, la droite sortante sort là encore en tête du premier tour avec trois binômes déjà élus et se place en ballotage favorable dans 10 des 11 cantons qui voteront au second tour. C'est également le cas dans le Var, terre de droite où l'extrême droite réalise des scores record depuis des années. Les sortants de droite arrivent en tête dans la majorité de leurs cantons, même si le parti de Marine Le Pen les devance à Valreas, ancienne commune de Thierry Mariani.

Même les Alpes-de-Haute-Provence (dirigées par le PS depuis 1998) pourraient basculer à droite dimanche, car les Républicains arrivent en tête dans 10 des 15 cantons, loin devant les binômes PCF, PS, DVG ou centre.

· La droite renforcée en Auvergne-Rhône-Alpes

La droite et le centre ont conforté leur domination dimanche en Auvergne-Rhône-Alpes, où la gauche devrait garder l'Ardèche et le Puy-de-Dôme. Le Rassemblement national se qualifie rarement pour le second tour et peu de binômes sont élus dès le premier, faute de réunir 25% des inscrits en raison d'une forte abstention.

Dans l'Ain, la droite et le centre sont en tête dans 20 des 23 cantons, tandis que la droite progresse dans l'Allier, en tête dans 12 cantons dont deux remportés au premier tour, ou encore dans le Cantal où la droite et le centre dominent dans 13 cantons sur 15. La droite peut gagner du terrain dans la Drôme, en ballotage favorable dans 13 cantons sur 19. Même constat dans la Loire, la Haute-Loire, la Savoie, la Haute-Savoie ou encore le Rhône où la droite conserve une large avance.

En Isère, l'alliance des gauches menée sous la bannière du "printemps isérois", en tête dans 11 cantons dont ceux de Grenoble, n'est pas parvenue à renverser la majorité LR, devant dans 18 cantons plutôt ruraux.

En Ardèche, la gauche et les écologistes virent en tête dans 11 cantons sur 17. Aucun binôme n'est élu au premier tour et le RN ne se qualifie pour le second tour que dans un seul canton. Dans le Puy-de-Dôme, deux binômes, l'un socialiste et l'autre d'union de la gauche, ont été élus au premier tour face à des candidats du Rassemblement national.

Article original publié sur BFMTV.com