Dénutrition : comment la repérer et la prévenir ?
A l’occasion de la Semaine nationale de la dénutrition, le collectif de lutte contre la dénutrition veut « mettre les bouchées double » pour sensibiliser contre ce risque, plus fréquent qu’on ne l’imagine. Une carte de France des actions est disponible sur ce lien : ici.
La dénutrition, une situation à risque fréquente
2 millions de personnes sont dénutris en France. Par exemple, 40 % des malades ayant un cancer sont dénutris et 40% des malades d’Alzheimer, mais aussi un enfant hospitalisé sur 10.
En France, la dénutrition touche environ un million de personnes âgées. 4 à 10 % des personnes âgées de + de 70 ans à domicile sont dénutries et 25 % de celles qui vivent seules et jusqu’à 50 % de celles qui sont hospitalisées.
Qu’est-ce que la dénutrition ?
La dénutrition survient lorsque le corps ne reçoit pas assez d’énergie, de protéines et de nutriments pour fonctionner correctement. Cela entraîne une perte de poids, une réduction de la graisse et, surtout, une fonte musculaire, qui est responsable des principales complications liées à la dénutrition.
Des vêtements qui deviennent trop amples ou une ceinture resserrée d’un ou plusieurs crans, une diminution de l’appétit, des repas moins copieux ou moins fréquents que d’habitude, un réfrigérateur vide, ou à l’inverse, rempli d’aliments périmés, une perte d’autonomie, perceptible dans les gestes du quotidien doivent alerter.
Quelles sont les conséquences ?
On estime que 40 % des personnes âgées sont hospitalisées pour des conséquences de dénutrition. Car celles-ci peuvent être graves, avec un risque accru d’infections, une vulnérabilité aux chutes, ainsi qu’une fonte musculaire parfois très importante. La dénutrition altère les fonctions physiologiques essentielles, telles que celles du système musculaire, immunitaire et de la cicatrisation. Elle accroît le risque de dépression, de chutes et de fractures. De plus, les traitements perdent en efficacité et sont parfois contre-indiqués chez les patients sévèrement dénutris. Enfin, elle impacte l’espérance de vie et, lorsque la perte de masse protéique excède 50 %, elle peut conduire au décès.
La pesée doit être hebdomadaire chez les seniors
L’indice de masse corporelle est utile pour identifier une situation critique. Mais dans le suivi régulier, la pesée hebdomadaire est plus facile et plus fiable. En effet, c’est la variation de poids qui doit alerter. « Une perte de plus de 3 kilos doit être considérée comme un signal d’alerte, » signale le Pr Agathe Raynaud-Simon, cheffe du service de gériatrie, hôpital Bichat-Beaujon, Paris), lors d’un webinaire du Collectif dont elle est la nouvelle présidente.
Garder un œil sur les personnes âgées hospitalisées
À l’hôpital, 1 personne âgée sur deux est dénutrie. En restant immobiles, les patients perdent de la masse musculaire, et l’appétit diminue encore en raison de la maladie ou parce que la nourriture servie ne correspond pas à leurs habitudes. Par ailleurs, certaines maladies déclenchent une inflammation qui accélère cette fonte musculaire : l’organisme utilise alors les protéines des muscles pour se défendre.
Ainsi, l’immobilisation, l’anorexie et l’inflammation forment un trio infernal, à l’origine d’une perte musculaire qui compromet l’autonomie des patients. Après 10 à 15 jours d’hospitalisation, une partie de la masse musculaire est perdue. Les personnes âgées, dans 35 % des cas, sortent ainsi de l’hôpital en ayant perdu une partie de leur autonomie, et une partie d’entre eux ne l’ont pas retrouvée un an après. Enfin, la dénutrition multiplie par 4 le risque d’infection nosocomiale.
9 conseils pratiques pour éviter la dénutrition
· Aucun aliment n’est « interdit », car le plaisir de manger reste fondamental ;
· Avec l’âge, la perception des goûts diminue, d’où le conseil de rehausser les plats avec des épices, aromates et condiments et de soigner la présentation des assiettes pour stimuler l’appétit ;
· Rien n’est à limiter, mais les aliments à forte densité nutritionnelle sont à privilégier, avec des protéines d’origine animale (viandes, poissons, œufs, laitages) et des aliments caloriques (pain, féculents, desserts…) sans se priver de matières grasses. En cas de dénutrition, un apport de 30 à 40 kcal par kilo et par jour est nécessaire, accompagné d’un apport protéique d’au moins 1 g de protéine par kg et par jour ;
· Prendre une portion de viande, poisson ou œufs midi et soir, et consommer 3 à 4 laitages par jour.
· En cas de carences, certains nutriments, notamment les vitamines, doivent être ajoutés.
· En cas de perte d’appétit, enrichir l’alimentation en ajoutant du jambon haché, du fromage râpé, du lait liquide ou en poudre, des œufs, de la crème fraîche ou du miel, voire d’utiliser des compléments nutritionnels oraux (CNO), prescrits par le médecin, si nécessaire ;
· Prendre des collations, surtout en cas de baisse d’appétit, afin de maintenir un minimum de trois repas et une collation (riche en énergie et en protéines) par jour ;
· Lors des repas, si l’appétit est faible, commencer par le plat principal ;
· Consulter son dentiste deux fois par an pour une bonne santé bucco-dentaire. Car des troubles dentaires peuvent être à l’origine d’une malnutrition puis d’une dénutrition.