Les démocraties occidentales ont la rage
“Elle fait presque exploser les gens, elle les aveugle. Et elle fait trembler des démocraties entières.” Mais de quel phénomène parle donc Die Zeit en une de son édition du 19 septembre 2024 ? D’un “sentiment inquiétant” qui joue un rôle de plus en plus prégnant en politique : “La colère.” Dans son dossier principal, l’hebdomadaire allemand entend décortiquer “comment naît la colère – et pourquoi il n’est pas non plus possible de vivre sans”.
Évoquant les récentes élections régionales en Thuringe et de Saxe, les législatives françaises ou encore la campagne électorale américaine, Die Zeit explique dans un long article que la rage et la frustration sont de plus en plus des moteurs d’engagement politique dans les pays riches. Et que ces émotions ne sont pas seulement l’apanage de ceux que l’on appelle communément les “perdants de la mondialisation”.
En vérité, explique au média de gauche Viktor Frankl, spécialiste de l’opinion publique, “il faut se pencher sur des mécanismes psychologiques profonds pour comprendre le mécontentement politique”. Selon lui, deux phénomènes favoriseraient l’apparition de la grogne : “De nombreuses personnes éprouvent un sentiment accru de perte de contrôle, mais aussi de manque de sens.” Le tout dans un contexte géopolitique incertain où s’enchaînent les crises économiques et où le changement climatique menace.
Mieux lutter contre l’extrême droite
Les différents chercheurs et psychologues interviewés appellent à ne pas sous-estimer le poids des émotions en politique. Par le passé, la colère a déjà été utilisée pour mobiliser les foules. La Zeit cite par exemple la rage qui a mené à la Révolution française et les grandes mobilisations du XXe siècle qui ont permis d’obtenir de nouveaux droits dans les pays occidentaux.
Mais désormais, ce sont les partis d’extrême droite qui réussissent le mieux à utiliser cette colère pour mobiliser les électeurs. Les partis traditionnels, eux, jouent souvent à l’inverse la carte de l’apaisement – ce qui fonctionne de moins en moins sur le plan électoral.
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