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USA: Les démocrates à l'offensive contre les coupes dans les services postaux

LES DÉMOCRATES À L'OFFENSIVE CONTRE LES COUPES DANS LES SERVICES POSTAUX

WASHINGTON (Reuters) - Les responsables démocrates ont accentué la pression dimanche contre le plan d'économies mis en place par le directeur des services postaux des Etats-Unis (USPS) nommé par Donald Trump, des mesures destinées selon eux à affaiblir le vote par correspondance en vue de l'élection présidentielle du 3 novembre.

Les responsables démocrates au Congrès ont demandé au patron de la poste américaine, Louis DeJoy, de venir s'expliquer sur ces mesures d'économies, tandis que la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, compte organiser un vote sur un texte destiné à protéger les services postaux et que plusieurs Etats envisagent des actions en justice.

Les démocrates soupçonnent Louis DeJoy, un homme d'affaires qui compte parmi les grands donateurs du parti républicain, de vouloir faire le jeu de Donald Trump, très hostile au vote par correspondance qu'il pense favorable à son rival démocrate Joe Biden en vue de l'élection du 3 novembre. Il sera donc auditionné par le Congrès le 24 août, avec le président de l'USPS, Robert Duncan.

"Le président (Trump) a exprimé clairement son intention de manipuler les services postaux pour empêcher des électeurs de voter pour favoriser sa propre ré-élection", ont dénoncé dans un communiqué les responsables démocrates au Congrès.

"Le directeur et le président de l'USPS doivent expliquer au Congrès et au peuple américain pourquoi ils appliquent cette nouvelle politique dangereuse qui risque de réduire au silence des millions d'Américains à quelques mois de l'élection", ajoute le communiqué, signé notamment par la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, et le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer.

MOBILISATION DÉMOCRATE À TOUS LES NIVEAUX

Parallèlement, les procureurs généraux démocrates de plusieurs Etats ont déclaré à Reuters être en discussions sur d'éventuelles actions en justice permettant d'empêcher des modifications des services postaux qui pourraient affecter le scrutin.

"C'est scandaleux que Donald Trump tente de saper l'USPS à des fins électorales", a déclaré lors d'un entretien téléphonique accordé à Reuters la démocrate Maura Healy, procureure générale du Massachusetts, en estimant que l'initiative du président républicain soulève des questions constitutionnelles, réglementaires et de procédure.

Elle a précisé que ses homologues de Virginie, Pennsylvanie, Minnesota, Caroline du Nord et Washington, entre autres Etats, participaient à ces discussions.

De son côté, le procureur général de Caroline du Nord Josh Stein a refusé de préciser combien d'Etats étaient engagés dans ces discussions juridiques.

"De nombreux Etats partagent cette inquiétude au sujet de ce que le président et le directeur des services postaux sont en train de faire à l'USPS et passent en revue l'ensemble des options juridiques à notre disposition pour protéger l'intégrité de cette élection", a-t-il dit à Reuters.

Nancy Pelosi, a annoncé dimanche qu'elle rappellerait à Washington les élus de la Chambre des représentants à majorité démocrate dans le courant de la semaine, afin de voter une loi visant à protéger l'USPS de ce qu'elle a décrit comme "une campagne de sabotage de l'élection (par Donald Trump) en manipulant les services postaux pour priver une partie des électeurs de leur droit de vote."

Un conseiller démocrate de haut rang a précisé que les Représentants pourraient probablement siéger samedi pour voter ce texte, qui interdirait toute modification des services postaux par rapport à leur niveau du 1er janvier 2020.

LA MAISON BLANCHE N'EXCLUT PAS DES "FONDS CORONAVIRUS"

Un porte-parole du chef de file de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a précisé qu'aucune modification d'agenda n'y était prévue.

Mais la sénatrice républicaine du Maine Susan Collins, une modérée engagée dans une course serrée pour sa réélection, a déclaré sur Twitter que le Sénat pourrait siéger cette semaine pour examiner une loi votée en mai par les Représentants et prévoyant le déblocage de 25 milliards de dollars (environ 21 milliards d'euros) pour soutenir des services postaux face aux répercussions de la crise sanitaire liée au nouveau coronavirus.

Interrogé sur CNN dimanche, le secrétaire général de la Maison blanche Mark Meadows a déclaré qu'il était ouvert à de nouveaux financements des services postaux, à hauteur de 10 à 25 milliards de dollars.

Selon lui, l'administration Trump craint qu'un afflux des votes par correspondance retarde la nomination du nouveau président.

"Plusieurs Etats tentent de déterminer comment généraliser le vote par correspondance", a observé Mark Meadows. "C'est un désastre parce qu'alors nous ne connaîtrons pas les résultats de l'élection le 3 novembre et nous pourrions ne pas les avoir pendant des mois".

A ses yeux, cela est d'autant plus problématique que dans ce cas, en vertu de la Constitution, c'est au président de la Chambre des Représentants - à savoir la démocrate Nancy Pelosi - qu'échoira la nomination du nouveau président en janvier 2021.

(onathan Landay, David Lawder, Susan Cornwell et David Shepardson à Washington et Steve Gorman à Los Angeles ; version française Tangi Salaün et Myriam Rivet, édité par Jean-Michel Bélot)