« Démission » ou « mise en retrait », Quatennens sous pression

Démission ou « mise en retrait », la pression monte sur Adrien Quatennens
THOMAS SAMSON / AFP Démission ou « mise en retrait », la pression monte sur Adrien Quatennens

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Démission ou « mise en retrait », la pression monte sur Adrien Quatennens

POLITIQUE - Que faut-il faire d’Adrien Quatennens ? Le numéro 2 de la France Insoumise, sous le coup d’une enquête pour violences contre sa femme, s’est « mis en retrait » de son poste au sein du parti. Il n’en reste pas moins député. Et donc potentiellement embarrassant pour LFI et la NUPES dans son ensemble, à la veille d’une rentrée parlementaire et sociale où la gauche veut jouer sa carte de « premier opposant » à Emmanuel Macron, dixit Mathilde Panot, cheffe des députés LFI, ce mardi 20 septembre.

Quatre jours après les révélations du Canard Enchaîné, le député du Nord a reconnu plusieurs actes de violences contre sa femme. Pour « protéger le mouvement, ses militants », il a annoncé se mettre « en retrait » de sa fonction de coordinateur de LFI. Dans un communiqué, le parti a assuré que la décision avait été prise « en concertation avec les instances du mouvement. »

Selon Mediapart, en réalité, rares sont ceux à avoir été concertés et une demande de réunion faite par certains responsable est restée sans réponse. Sur franceinfo le 19 septembre, l’eurodéputée LFI Manon Aubry a indiqué que «  la commission de lutte contre les violences sexuelles et sexistes de la France insoumise n’a pas été saisie. »« C’est toute la difficulté », a-t-elle reconnu. In fine, carte blanche a été laissée à Adrien Quatennens pour annoncer sa décision, selon le site d’investigation.

Une mise en retrait, est-ce assez ?

En interne, le processus interroge, dans un contexte où l’état « gazeux » de LFI est déjà en débat. « Je crois sincèrement que nous aurions dû avoir davantage de discussions collectives internes », reconnait Clémentine Autain dans Le Parisien. Quant à la décision d’Adrien Quatennens, elle crispe. Sandrine Rousseau, députée EELV (NUPES) a été la première à mettre les pieds dans le plat : « Il faut qu’il se mette en retrait de toute parole publique, voire en retrait du groupe LFI à l’Assemblée », a déclaré l’élue écologiste sur Radio J dimanche, quelques heures après le communiqué d’Adrien Quatennens.

La ligne est partagée par plusieurs de ses collègues verts. « Là il se met en retrait le temps que l’enquête avance. Ce qui est mieux pour son collectif, pour lui et pour son épouse. On demande ça dans chaque affaire : la mise en retrait  le temps de l’enquête », explique au HuffPost Sandra Regol. Un cadre du parti juge même « possible » qu’une certaine pression ait été mise sur LFI par les Verts pour accéler la prise de décision en ce sens, tout comme par Olivier Faure du PS qui s’en est ouvert auprès de Jean-Luc Mélenchon, selon les infos de l’Express.

Qu’en pensent les premiers concernés, La France Insoumise ? La question est sensible et pas encore tranchée à ce stade. « Je pense que sa parole publique concerne son rôle d’orateur au sein de LFI et de député », nous souffle un député LFI. Sur le plateau du « Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro » dimanche soir, la patronne du groupe insoumis à l’Assemblée, Mathilde Panot, a réclamé « du temps (...) pour nous organiser entre nous ». « Nous allons discuter avec le mouvement et dans le groupe parlementaire ». Le lendemain sur franceinfo, l’eurodéputée Manon Aubry assure que « non, vous n’entendrez pas Adrien Quatennens porter la parole de notre mouvement politique dans les prochaines semaines. » Mais sur l’avenir parlementaire du député, elle s’en remet à la justice.

La pression de l’exemplarité

Les ténors politiques s’accordent sur ce point. « Aujourd’hui on nous demande à nous, à l’opinion, chefs de parti (...) d’être les procureurs et de juger et je pense que ce n’est pas à nous de le faire, c’est à la justice de le faire, et rapidement », a expliqué Fabien Roussel, élu du PCF, généralement plus enclin à prendre le contre-pied de la France Insoumise.

Mais la question de « l’exemplarité » politique ne se pose pas moins. Le terme revient chez presque tous ceux que nous avons interrogé, a fortiori lorsqu’il s’agit d’un parti qui, comme La France Insoumise, a fait campagne sur la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

« En droit, il est présumé innocent. Mais la politique, ce n’est pas le droit. Il y a la question de l’exemplarité et de la crédibilité de la parole publique », observe le socialiste Arthur Delaporte. L’écologiste Sandra Regol abonde : « On a un devoir d’exemplarité. On n’a pas le droit à l’erreur surtout à gauche », juge Sandra Regol. « Si on a commis des comportements qui ne sont pas acceptables, peut-on rester député ? C’est à Adrien Quatennens de trancher », conclut Arthur Delaporte, porte-parole des socialistes à l’Assemblée.

« Le groupe ne peut pas le forcer à démissionner »

De fait, « disciplinairement, le groupe ne peut pas le forcer à la démission », rappelle au HuffPost un permanent de l’Assemblée, car le député est souverain et détient son mandat du peuple. Seules une décision de justice le condamnant à l’inéligibilité ou sa propre décision pourraient le conduire à quitter l’Assemblée nationale.

Interrogée sur BFMTV, maître Jade Dousselin, avocate d’Adrien Quatennens, ne se prononce pas sur la question de sa démission. Elle assure en revanche qu’Adrien Quatennens est prêt à répondre aux questions de la justice, sans faire jouer son immunité parlementaire. Si la justice décidait de son placement en garde à vue par exemple, il faudrait impérativement lever cette immunité, avec l’aval du Bureau de l’Assemblée, pour qu’il puisse s’y rendre. « Je ne crois pas que la justice soit dans cette perspective. Dans la démarche d’exemplarité, il y a le fait que la carte immunité ne sera pas présentée par Adrien Quatennens », veut croire son conseil.

« Sa place est à nos côtés », Corbière

En attendant, Adrien Quatennens a choisi la discrétion. Ce mardi 20 septembre, il n’était pas présent à la conférence de presse de son groupe et son nom n’est évidemment pas revenu sur les propositions de loi dont les Insoumis veulent s’emparer. Sera-t-il dans l’hémicycle le 3 octobre prochain, date de la rentrée parlementaire ? Alexis Corbière, député de Seine-Saint-Denis et cadre de LFI assure dans Le Parisien le 18 septembre que « sa place comme député est à nos côtés dans les combats qui viennent. » Sa collègue LFI Raquel Garrido estime quant à elle que « la question de savoir qui peut siéger à l’Assemblée nationale est posée périodiquement aux électeurs » et rappelle au passage militer pour le « droit de révocation des élus en cours de mandat ». S’il décidait de quitter son poste, le règlement de l’Assemblée ne permet pas son remplacement son suppléant. Il y aurait alors une élection partielle, et potentiellement pour la NUPES une voix en moins lors des votes.

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