"Démembré" ou central, la place du nouveau ministère de l'Ecologie en question

La nouvelle ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, arrive à l'hôtel Matignon pour une réunion avec les membres du nouveau cabinet et le Premier ministre Michel Barnier, le 23 septembre 2024 à Paris (IAN LANGSDON)
La nouvelle ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, arrive à l'hôtel Matignon pour une réunion avec les membres du nouveau cabinet et le Premier ministre Michel Barnier, le 23 septembre 2024 à Paris (IAN LANGSDON)

La nouvelle ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, se retrouve à la tête d'un ministère qui englobe l'énergie mais privé des transports et du logement: un "démembrement" critiquent certains, là où l'intéressée espère que l'environnement sera un sujet central pour tout le gouvernement.

Au terme d'un bref renfort à l'Agriculture, Agnès Pannier-Runacher a été nommée ministre de la Transition écologique, de l'énergie, du climat et de la prévention des risques dans le gouvernement de Michel Barnier.

A la tête de ce ministère, elle aura donc la difficile tâche de poursuivre la transition énergétique, de tenter d'enrayer l'effondrement de la biodiversité ou encore de préparer la France à un réchauffement climatique qui pourrait atteindre +4°C d'ici à la fin du siècle.

Sa nomination s'accompagne aussi d'un nouveau changement d'architecture par rapport au ministère de son prédécesseur Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, qui chapeautait notamment le logement et les transports mais pas l'énergie, alors à Bercy.

"Le démembrement du ministère de la Transition écologique, qui voit exclus de son périmètre les transports, premier secteur émetteur de gaz à effet de serre en France, et le logement, enjeu-clé pour réduire la facture énergétique des ménages, est un retour en arrière de près de 20 ans", critique auprès de l'AFP Anne Bringault, directrice des programmes du Réseau action climat (RAC), qui fédère de nombreuses associations comme le WWF, Greenpeace ou Les amis de la Terre.

- "Sujet transversal" -

"Le retour de l'énergie dans son giron, après un passage éclair de quelques mois à Bercy, est positif, mais le risque serait d'avoir une focalisation sur le seul enjeu de la production d'électricité. La planification écologique nécessite de traiter l'ensemble des enjeux, en faisant le lien avec les politiques territoriales", plaide-t-elle.

La ministre a déjà été chargée de la Transition énergétique (2022-2024). "Elle pourra donc agir rapidement", se félicite Enerplan, le syndicat des professionnels de l'énergie solaire.

Mme Pannier-Runacher balaie pour sa part les critiques sur l'architecture de son ministère, faisant valoir que "l'écologie est un sujet transversal", qui a vocation à irriguer tout le gouvernement.

"Si vous voulez tout mettre dans un seul ministère, ça ne marche pas parce que vous avez une espèce d'administration trop large et pas assez impactante", a-t-elle dit à l'AFP.

"Ce qui m'importe, c'est d'entendre très clairement formulé dans les discours de mes collègues que la décarbonation, la biodiversité sont des sujets majeurs", souligne-t-elle.

Le Premier ministre, Michel Barnier, a lui-même rapidement cité parmi ses priorités le fait de "réduire la dette écologique", là où son prédécesseur Gabriel Attal s'était peu exprimé sur ces sujets. Il est aussi formellement "chargé de la planification écologique et énergétique".

- "Ministre du climat" -

Tous les observateurs ne partagent pas les inquiétudes liées à l'architecture du gouvernement. Le rattachement des transports au ministère des Partenariats avec les territoires, au détriment de la Transition écologique, n'est "pas une mauvaise idée en soi", estime la directrice France de l'ONG européenne Transport & Environnement, Diane Strauss.

"Ce qui compte, c'est la capacité des différents acteurs à travailler de concert pour faire émerger des positions fortes dans les arbitrages ministériels", notamment sur le sujet de l'électrification des flottes de voitures d'entreprises ou sur la fiscalité des activités polluantes, dit-elle à l'AFP, disant attendre le discours de politique générale et le projet de loi de finances pour "savoir quelle va être l'orientation du gouvernement".

Certaines questions ne seront clarifiées qu'avec la publication des décrets d'attribution, qui précisent le domaine d'action précis de chaque ministre. Il reste ainsi à voir si Mme Pannier-Runacher récupèrera bien les négociations internationales sur le climat, qui culminent lors des COP annuelles, sujet qui était dernièrement passé au ministère des Affaires étrangères.

"Je suis ministre du Climat donc je pense que ça s'impose dans le portefeuille qui m'a été donné", répond sans hésiter Mme Pannier-Runacher, rompue à ce type de négociations internationales.

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