Les délégués californiens ont bien voté en faveur de la nomination de Kamala Harris à la convention nationale démocrate

Kamala Harris a été officiellement investie en tant que candidate démocrate à l'élection présidentielle américaine lors de la convention nationale de son parti à Chicago le 22 août. Cet événement a aussi fait émerger de la désinformation sur les réseaux sociaux, dont des affirmations prétendant que la Californie, Etat dans lequel Kamala Harris a été procureure, n'aurait "pas voté en faveur" de la nomination de la vice-présidente américaine, certains internautes y voyant un signe que les démocrates californiens ne "voudraient pas d'elle". Mais c'est trompeur : les représentants de cet Etat ont simplement retardé leur vote, afin que l'Etat d'origine de la candidate soit symboliquement le dernier à lui déclarer son soutien.

"URGENT : La Californie ne vote pas en faveur de la nomination de Kamala Harris ! Elle a ruiné cet état ! Ils ne veulent pas d'elle non plus", assure une publication sur X relayée par un compte qui se présente comme un relais de l'actualité liée au candidat républicain et ancien président des Etats-Unis Donald Trump.

Des allégations similaires ont été relayées en français sur Facebook et ont été partagées des milliers de fois en anglais depuis le 20 août.

Elles sont illustrées d'images de la convention nationale démocrate (DNC ; lien archivé ici), qui s'est tenue du 19 au 22 août 2024 au United Center de Chicago, sur lesquelles on peut apercevoir un écran avec le nom de l'Etat américain de Californie, et la mention "passed" (pour "passe son tour").

<span>Capture d'écran prise sur X le 26/08/2024</span>
Capture d'écran prise sur X le 26/08/2024

La convention a officialisé l'intronisation de l'actuelle vice-présente, Kamala Harris, comme candidate du parti démocrate à la présidentielle du 5 novembre 2024, après le retrait du président américain en exercice, Joe Biden.

Deux jours avant le discours d'acceptation d'investiture de Kamala Harris, le 22 août, un vote solennel et symbolique avait eu lieu lors de la convention démocrate. Au cours de ce dernier, chaque Etat a été appelé, par ordre alphabétique, à confirmer le vote de ses représentants.

C'est une image de cet événement qui a circulé sur les réseaux sociaux assorties des affirmations selon lesquelles la Californie n'aurait pas voté en faveur de Kamala Harris, originaire de cet Etat. Mais c'est faux : la Californie a simplement repoussé le moment de son vote en faveur de Kamala Harris pour l'annoncer en dernier, conformément à un protocole symbolique. 

Une annonce de vote symbolique

Le vote symbolique a été retransmis en direct sur la chaîne YouTube de la convention démocrate (lien archivé ici).

On peut effectivement constater que la Californie a passé son tour (à 1:30:32). L'Etat de la côte ouest n'est néanmoins pas le seul à avoir retardé son vote : le Minnesota, Etat d'origine du colistier de Kamala Harris, Tim Walz, l'a aussi fait (à 1:53:44 ), tout comme l'Alabama, premier appelé, qui a laissé sa place inaugurale au Delaware, Etat d'origine de Joe Biden, pour symboliser le passage de flambeau du président américain.

Ces Etats ont bien de nouveau été appelés plus tard (lien archivé ici), le Minnesota et la Californie étant les deux derniers à annoncer leurs votes.

Cette procédure, qui n'a rien d'inédit, permet aux Etats d'origine des candidats de conclure symboliquement la cérémonie, comme l'ont détaillé des médias américains (liens archivés ici et ). En 2020 lors de l'investiture de Joe Biden, c'était aussi le Delaware qui avait annoncé en dernier ses votes (lien archivé ici).

Dans un discours où il a réitéré le soutien de l'Etat à la vice-présidente, le gouverneur de la Californie Gavin Newson a en outre bien déclaré que les voix des 482 représentants californiens ont toutes été allouées à Kamala Harris (liens archivés ici et ici).

"L'avenir commence en Californie, et chers démocrates, j'ai eu le privilège de voir pendant plus de 20 ans cet avenir prendre forme avec une personne brillante dans le tribunal du comté d'Alamada, du nom de Kamala Harris", a-t-il notamment affirmé.

Son intervention a été relayée par de nombreux médias américains (liens archivés ici et ), et plusieurs journalistes de l'AFP ont photographié des moments du discours.

<span>Le gouverneur de Californie Gavin Newsom s'exprime pour la délégation californienne lors de la cérémonie des votes de chaque Etat, le deuxième jour de la Convention nationale du parti démocrate (DNC) au United Center à Chicago, Illinois, le 20 août 2024.</span><div><span>Eva HAMBACH</span><span>AFP</span></div>
Le gouverneur de Californie Gavin Newsom s'exprime pour la délégation californienne lors de la cérémonie des votes de chaque Etat, le deuxième jour de la Convention nationale du parti démocrate (DNC) au United Center à Chicago, Illinois, le 20 août 2024.
Eva HAMBACHAFP
<span>Le gouverneur de Californie Gavin Newsom s'exprime pour la délégation californienne lors de la cérémonie des votes de chaque Etat, le deuxième jour de la Convention nationale du parti démocrate (DNC) au United Center à Chicago, Illinois, le 20 août 2024.</span><div><span>ANDREW CABALLERO-REYNOLDS</span><span>AFP</span></div>
Le gouverneur de Californie Gavin Newsom s'exprime pour la délégation californienne lors de la cérémonie des votes de chaque Etat, le deuxième jour de la Convention nationale du parti démocrate (DNC) au United Center à Chicago, Illinois, le 20 août 2024.
ANDREW CABALLERO-REYNOLDSAFP

Kamala Harris officiellement candidate démocrate dès début août

Aux Etats-Unis, les candidats des principaux partis (républicain et démocrate) pour l'élection présidentielle sont désignés à l'issue d'un processus à l'issue duquel des représentants de chaque Etat - plus ou moins nombreux selon la taille et population - votent (lien archivé ici). Le candidat qui obtient le plus de voix accepte ensuite traditionnellement son investiture formellement lors de la convention nationale de son parti (lien archivé ici).

L'annonce du retrait du président américain Joe Biden de la course à la présidentielle et de son soutien à sa vice-présidente, survenu quelques semaines avant la tenue de la convention nationale démocrate à Chicago a bousculé le calendrier des démocrates, mais n'a pas empêché la tenue d'un vote pour officialiser la candidature de Kamala Harris.

Le Comité national démocrate a ainsi organisé une élection en ligne pour les représentants du parti, qui s'est ouverte le 1er août. Dès le lendemain, Kamala Harris avait obtenu la majorité des voix, assurant son investiture.

L'actuelle vice-présidente des Etats-Unis, qui a exercé deux mandats de procureure à San Francisco (2004-2011) et est devenue la première femme et la première personne noire à diriger les services judiciaires de Californie en étant élue deux fois (2011-2017) procureure générale de cet Etat, était donc déjà officiellement la candidate de son parti à l'issue du processus de vote en ligne clôt le 6 août.

Elle y avait récolté 99% des voix des délégués démocrates (liens archivés ici et ).

Elle a formellement accepté cette investiture le 22 août, dernier jour de la convention nationale démocrate, devant une foule enthousiaste, à qui elle a promis de "tracer un nouveau chemin" d'"unité" si elle était élu face à Donald Trump en novembre (lien archivé ici).

<span>La vice-présidente des États-Unis et candidate démocrate à l'élection présidentielle de 2024, Kamala Harris, arrive pour prendre la parole lors du quatrième et dernier jour de la Convention nationale démocrate (DNC) au United Center de Chicago, dans l'Illinois, le 22 août 2024. La vice-présidente Kamala Harris a formellement accepté la nomination du parti à la présidence lors de la DNC qui s'est déroulée du 19 au 22 août à Chicago.</span><div><span>Robyn Beck </span><span>AFP</span></div>

L'élection présidentielle américaine suscite de la désinformation sur les réseaux sociaux, et l'AFP a récemment vérifié des assertions fausses ou trompeuses sur le colistier de Kamala Harris, Tim Walz, sur le nombre de personnes présentes à un rassemblement de la candidate démocrate ou encore à la convention nationale démocrate ou encore sur la tentative d'assassinat ayant visé Donald Trump.