Défilés de "Gilets Jaunes", tensions place de l'Etoile

Les "Gilets jaunes" sont descendus dans la rue pour une neuvième journée de mobilisation, samedi, avec des défilés en province et à Paris où la tension est brusquement montée en milieu d'après-midi place de l'Etoile alors que le ministère de l'Intérieur redoute un regain des violences. /Photo prise le 12 janvier 2019/REUTERS/Stéphane Mahé

PARIS (Reuters) - Les "Gilets jaunes" sont descendus dans la rue pour une neuvième journée de mobilisation, samedi, avec des défilés en province et à Paris où la tension est brusquement montée en milieu d'après-midi place de l'Etoile alors que le ministère de l'Intérieur redoute un regain des violences.

Plusieurs petits groupes se sont rassemblés directement sur l'avenue des Champs-Elysées sans participer au défilé organisé à la mi-journée entre la Bastille et la place de l'Etoile qui s'est déroulé dans le calme.

La tension s'est accrue aux alentours de 14h30 sur l'avenue des Champs-Elysées avec des tirs de gaz lacrymogènes par les forces de l'ordre qui bloquaient l'accès à la place de la Concorde.

A Paris, les manfestations ont commencé par un premier cortège composé de plusieurs milliers de personnes, parti du quartier de Bercy en fin matinée à l'appel d'Eric Drouet, l'une des figures du mouvement, pour arriver la place de la Bastille.

Les manifestants ont poursuivi dans le calme leur parcours rue de Rivoli puis sur le boulevard Haussmann en direction des Champs-Elysées, rapportent les journalistes de Reuters sur place.

Les forces de l'ordre ont procédé dans la capitale à 43 interpellations depuis le début de journée, principalement après des contrôles, pour port d'arme prohibé ou participation à un groupement en vue de commettre des violences, selon la préfecture de police de Paris.

A Bourges (Cher), où un appel à manifester sur les réseaux sociaux avait intéressé plus de 13.000 personnes, inquiétant les autorités locales, plus de 5.000 "Gilets jaunes" ont été recensés par la préfecture du Cher. Les forces de l'ordre, qui quadrillent la ville, ont procédé à 18 interpellations.

La préfète du Cher, Catherine Ferrier, avait interdit toute manifestation dans le centre historique de la ville et invitait les manifestants à défiler à l'extérieur de ce périmètre. Près de 500 d'entre eux ont toutefois emprunté l'itinéraire interdit, les autre ont suivi l'itinéraire officiel.

Outre la démission du président de la République, les manifestants ont réclamé à nouveau l'instauration du référendum d'initiative citoyenne (RIC), l'une des revendications phares des "Gilets jaunes". La plupart des commerces du centre-ville sont fermés, selon un journaliste sur place.

80.000 POLICIERS DÉPLOYÉS EN FRANCE

Entre 1.500 et 2.000 personnes se sont par ailleurs mobilisées à Strasbourg, ville choisie comme lieu de rassemblement pour l'Alsace.

Après s'être regroupés devant le Parlement européen, les manifestants ont défilé à proximité du centre ville et de la place de la gare, deux secteurs dont les forces de l'ordre gardent l'accès. Quelques tirs de grenades lacrymogènes et des incendies de poubelles ont été constatés sans que la situation ne dégénère pour l'instant.

Près de 450 manifestants ont aussi défilé en fin de matinée dans le centre-ville de Pau (Pyrénées-Atlantiques), selon la police. On pouvait y entendre chanter la "Marseillaise" et le "Chant des partisans".

Des manifestants portaient des planches de bois représentant des couvercles de cercueil en hommage aux dix personnes décédées en marge des actions des "Gilets jaunes" depuis le 17 novembre. D'autres arboraient une banderole: "Il prend aux pauvres Macron ! On ne marche pas".

A Dax (Landes), 300 gilets jaunes ont défilé derrière une banderole "fraude fiscale 100 milliards d'euros et le peuple crève".

Les autorités anticipaient un regain de la mobilisation et craignaient une radicalisation "plus affirmée" à Paris et en province. Près de 80.000 membres des forces de l'ordre ont été déployés sur tout le territoire, dont 5.000 à Paris.

(Caroline Pailliez, avec Claude Canellas, Mourad Guichard, Gilbert Greilhac, Lucien Libert, Antony Paone et Emmanuel Jarry, édité par Pierre Serisier)