Les défauts des entreprises allemandes pointées du doigt
En Allemagne, les grandes entreprises cotées en Bourse, les entreprises du DAX 40, possèdent des conseils de surveillance, qui diffèrent des conseils d’administration français ou anglo-saxons. Ces conseils de surveillance nomment un directoire. Il s’agit d’un système dit “dualiste”. Des salariés ainsi que des élus des syndicats y siègent, et ces conseils n’ont pas le pouvoir prendre des décisions stratégiques. Selon une enquête du cabinet de conseil en RH Russell Reynolds Associates, les membres étrangers de ces conseils de surveillance ne sont vraiment pas satisfaits, rapporte Handelsblatt.
D’une part, la forte intégration internationale de l’économie allemande contraste avec le faible nombre d’étrangers – moins de 30 %, et autour de 26 % si on enlève les Suisses et les Autrichiens, contre 36 % en France et 38 % au Royaume-Uni – dans les conseils de surveillance. D’autre part, “les représentants étrangers actuels sont souvent frustrés” par la culture d’entreprise allemande : selon eux, les organes de contrôle en Allemagne sont “trop grands, trop bureaucratiques”, il n’y a “pas de culture ouverte du débat” et “sans l’allemand, vous êtes laissés pour compte”. L’un d’entre eux déclare même : “Si j’avais su dans quoi je m’embarquais, j’aurais poliment refusé.”
Le magazine Der Spiegel s’insurge contre ces attaques : “Ne savaient-ils pas dans quoi ils s’embarquaient ? N’ont-ils pas compris qu’il n’existe pas de structures universelles dans le monde, mais plutôt des approches différentes, déterminées par la culture et développées par l’histoire ?”
Quant à la prédominance de l’allemand, le magazine y voit un phénomène courant. Partout dans le monde, les salariés qui partagent une même langue maternelle s’expriment dans cette langue et passent à l’anglais pour les communications plus larges.
L’hebdomadaire juge les attaques contre le système dualiste allemand “naïves”, d’autant plus que “ces règles sont gravées dans le marbre et ont bien servi l’économie allemande pendant des décennies”, notamment en permettant une culture de la collaboration avec les élus et les syndicats au niveau de la gouvernance. Il concède cependant qu’“il existe un besoin d’amélioration incontesté – et connu depuis longtemps” et que “des efforts pourraient notamment être faits pour améliorer la maîtrise de l’anglais au sein des conseils de surveillance allemands et pour mieux intégrer les collègues étrangers”.
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