Découvrez le Doctor Strange de 1978 !

D'ici quelques jours, le Doctor Strange s'incarnera sous les traits de Benedict Cumberbatch dans le film éponyme, 14ème issu de l'univers cinématique Marvel et premier à raconter l'histoire de ce personnage mystique, qui est tout de même le Sorcier Suprême...

Né en 1963 sous les plumes de Stan Lee et Steve Ditko dans la revue Strange Tales, Doctor Strange, membre fondateur des Défenseurs et appartenant aussi aux Nouveaux Vengeurs, est un personnage complexe situé dans un univers ésotérique. Souvent appelé en renfort chez ses camarades super-héros dès qu’il est question de magie, ce personnage, assez méconnu chez nous, a souvent fasciné les producteurs américains mais a, dans le même temps, toujours eu du mal à être adapté à l’écran, petit ou grand, jusqu’à aujourd’hui. Pourtant, en 1978, une petite équipe avait déjà relevé le pari avec Dr. Strange, un téléfilm de deux heures, diffusé sur CBS...

DR. STRANGE, PSY ET NON CHIRURGIEN

Ecrit et réalisé par Philip DeGuere Jr., futur créateur de la série Simon et Simon, ce téléfilm prenait quelques libertés avec l'histoire originelle de Doctor Strange. Dans les comics, Stephen Strange est en effet un chirurgien égoïste qui a perdu l’usage de ses mains dans un accident de voiture. Pour guérir, il entreprend un voyage au Tibet qui deviendra un parcours initiatique puisqu'il y rencontre l’Ancien, un Maître dans la pratique des forces occultes et une sorte de philosophe également, qui deviendra son mentor.

Dans le téléfilm, Strange est devenu un psychiatre tout ce qu'il y a de plus recommandable et c’est le Sorcier Suprême lui-même, un dénommé Thomas Lindme, qui vient à sa rencontre pour lui transmettre son savoir et ses pouvoirs avant que la méchante Morgane (inspirée de la célèbre Fée), ne puisse s'en prendre à lui et à notre dimension.

Pour porter le rôle-titre, la production avait alors jeté son dévolu sur Peter Hooten, vu auparavant dans Une poignée de salopards (l’ancêtre d'Inglorious Basterds). Le britannique Sir John Mills (Les grandes espérances), Jessica Walter (future maman terrifiante mais si hilarante d’Arrested Development) ou encore Eddie Benton (qui incarnait Clea, appelée à devenir la femme de Dr. Strange dans les comics) complétaient le casting. 


La grande méchante de Dr. Strange, interprétée par Jessica Walters

DR. STRANGE DEVAIT ETRE UNE SERIE

A la base, ce téléfilm devait servir de pilote à une éventuelle série. Dans les années 60-70, les super héros ont en effet la cote à la télévision, avec les succès de Batman, L'homme qui valait trois milliards ou encore Super Jamie. La chaîne CBS, qui diffuse déjà Wonder Woman, The Amazing Spider-Man et L’Incroyable Hulk, cherche alors à proposer de nouveaux super-héros issus de l’univers Marvel. CBS a dans son viseur le traditionnel Captain America et le beaucoup plus mystique Dr. Strange, censé proposer un monde plus ambitieux, coloré, différent de celui des autres super héros de l'époque. Un monde nouveau car doté d'un univers très particulier, magique, surnaturel et multidimensionnel. Et, donc, forcément plus périlleux en termes de public. Pour voir si les téléspectateurs accrochent, le network a d'ailleurs dans l’idée de proposer deux soirées spéciales, sous forme de deux téléfilms...

Le 06 septembre 1978, année du lancement de Dallas, Galactica ou encore Arnold et Willy, Dr. Strange débarque donc dans les foyers américains. La concurrence est rude puisque le Sorcier de CBS tombe pile poil face à un inédit de Huit ça suffit, suivi d’une rediffusion de la minisérie Racines, hit inégalé en termes d’audiences. Sans grande surprise, ce Docteur plutôt étrange ne trouve pas son public. Et CBS ne cherche pas plus loin, abandonnant l'idée d'en faire une série.

DERRIERE LE NANAR...

Ce qui est plutôt dommage puisque, pour l'époque, Dr. Strange livrait de belles promesses à venir. Derrière les costumes ridicules, la moustache de playboy de Peter Hooten et tout le lot d’accessoires ringards, se cachaient de belles qualités, à l'image de sa bande-originale et de ses effets spéciaux soignés. Vu d’aujourd’hui, ces derniers paraissent forcément kitsch, mais ils étaient d’un niveau plus élevé que ceux distribués dans le pilote de l’Incroyable Hulk.

Le téléfilm pêchait certainement au niveau du rythme et de l'action, bien trop lente à s'engager, et au personnage de Strange, peut-être trop "charmant" et "Docteur Mamour" au goût de certains. Les motivations du héros et son origin story mettaient également un temps certain à s’installer et Doctor Strange, lui-même, passait un temps fou à croire au monde de la magie et à déambuler dans son hôpital comme s'il faisait partie d'une série médicale. Lorsqu’il finissait enfin par embrasser sa destinée magique à la fin du film, il était peut-être déjà trop tard pour une partie du public.

Une bonne série de fantasy aurait pourtant pu naître tant le concept et l'univers, proche du comic, étaient nouveaux en télévision. S'il avait continué son parcours, Dr. Strange aurait fait voyager le téléspectateur dans différentes dimensions, l'aurait fait assister à des projections astrales et à des duels de sorciers et fait rencontrer des démons et autres créatures de mondes invisibles. Et Strange aurait pu devenir sous nos yeux le protecteur de la Terre et affronter des dimensions invisibles et abstraites.

En somme, ce Doctor Strange avait du potentiel. Et s'il a été longtemps enterré sous les cartons, le téléfilm a eu droit à sa sortie en DVD au printemps 2015, près de 40 ans après son lancement sur le petit écran américain. Une bonne nouvelle pour tous les fans de l'univers Marvel qui n'ont jamais eu l'occasion de découvrir sa seule et unique aventure...

Découvrez la bande-annonce :