Décarbonation de l'industrie : la France et l'Allemagne en "situation inversée"
"En considérant le mix électrique des deux pays, l'écart entre la France et l'Allemagne s'annule, voire même s'inverse dans certains secteurs" en raison de l'approvisionnement en électricité majoritairement nucléaire et bas carbone.
L'industrie allemande émet proportionnellement moins de gaz à effet de serre que sa concurrente française, mais la France affiche une nette avance en matière d'électrification des procédés, indique le 5 septembre 2024 une étude qui jauge les performances environnementales des deux puissances industrielles.
L'industrie allemande, plus axée sur des secteurs moins émetteurs
Les émissions directes de l'industrie française (dites de "scope 1", en jargon climatique) s'élevaient en 2021 à 380 grammes de CO2 ou équivalent par euro de valeur ajoutée, soit un secteur plus carboné que l'industrie allemande, qui a émis 290 grammes de CO2 sur les mêmes bases, souligne l'étude publiée par le groupe de réflexion La Fabrique de l'Industrie et le cabinet conseil McKinsey.
Explication de la différence : l'industrie française est plus représentée dans les secteurs de base comme la métallurgie, la chimie, la fabrication de produits minéraux non métalliques, le papier-carton ou la cokéfaction-raffinage - qui sont aussi les plus émetteurs - que l'industrie allemande, plus axée sur des secteurs moins émetteurs, comme l'automobile.
Par ailleurs, "en considérant le mix électrique des deux pays, l'écart entre la France et l'Allemagne s'annule, voire même s'inverse dans certains secteurs" en raison de l'approvisionnement en électricité majoritairement nucléaire et bas carbone, souligne David Mollo, économiste à la Fabrique de l'Industrie, auteur de l'étude.
En prenant uniquement en compte les émissions de l'énergie utilisée dans l'industrie ("scope 2"), la comparaison ressort "systématiquement à l'avantage de la France", l'électricité en France issue du nucléaire émettant "six fois moins de CO2" que l'énergie en Allemagne qui dépend encore du charbon fossile, relève l'étude.
La France et l'Allemagne se retrouvent ainsi "en position inversée" : "la France est proportionnellement plus émettrice en scope 1 que sa voisine, là où l'Allemagne est moins vertueuse en scope 2", résume McKinsey. En cum[...]