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Décès de Michael Cimino, cinéaste encensé avant d'être maudit

Michael Cimino, dont la carrière en dents de scie a englobé "Voyage au bout de l'enfer", consacré par un Oscar du meilleur film, et "La Porte du paradis", l'un des plus célèbres flops de l'histoire du cinéma, est mort samedi à l'âge de 77 ans. /Photo prise le 20 mai 2007/REUTERS/Jean-Paul Pélissier

LONDRES (Reuters) - Michael Cimino, dont la carrière en dents de scie a englobé "Voyage au bout de l'enfer", consacré par un Oscar du meilleur film, et "La Porte du paradis", l'un des plus célèbres flops de l'histoire du cinéma, est mort samedi à l'âge de 77 ans. Son décès a été annoncé par le directeur du festival de Cannes Thierry Frémaux, selon qui Michael Cimino est "mort en paix, entouré des siens et des deux femmes qui l'aimaient". La cause du décès n'a pas été communiquée. Selon l'hebdomadaire Variety, des proches qui ne parvenaient pas à le joindre ont téléphoné à la police qui l'a retrouvé mort à son domicile de Los Angeles. Le succès de "The Deer Hunter" ("Voyage au bout de l'enfer"), l'un des premiers films sur la guerre du Vietnam, fait de ce natif de New York issu d'une famille aisée l'un des réalisateurs les plus courus de Hollywood en 1978. Il décroche l'Oscar du meilleur film et celui du meilleur réalisateur. Robert de Niro, l'un des acteurs du film, a rendu hommage au cinéaste, déclarant que leur collaboration l'aura marqué à jamais. "Voyage au bout de l'enfer", qui explore les ravages de la guerre du Vietnam sur un groupe d'amis ouvriers d'une ville sidérurgique en Pennsylvanie, donne également un coup de fouet à la carrière de Meryl Streep et de Christopher Walken, récompensé de l'Oscar du meilleur second rôle. Sorti en 1980, son film suivant, "La Porte du Paradis", est un western épique que le critique du New York Times Vincent Canby qualifie de "désastre absolu". Le film, qui a coûté 36 millions de dollars, trois fois plus que le budget moyen d'un film à l'époque, est un échec commercial retentissant et Michael Cimino ne s'en remettra jamais. "Il est devenu soudain un paria, le bouc émissaire de tout le monde", rappelait l'un des acteurs du film, Kris Kristofferson, dans une interview au Los Angeles Times en 2004. "Tous ceux qui n'arrivaient pas à faire un film s'en prenaient à "La Porte du Paradis", en déclarant que tout l'argent était parti pour ce film", ajoutait-il. Diplômé en architecture à l'université de Yale, Michael Cimino avait réalisé son premier film en 1974, "Thunderbolt and Lightfoot" ("Le Canardeur") avec Clint Eastwood et Jeff Bridges. Après "La Porte du Paradis", il revient au cinéma en 1985 avec "L'année du dragon", Mickey Rourke campant un policier new-yorkais, mais le film ne parvient à émouvoir ni les critiques ni les spectateurs. Ses deux films suivants, "Le Sicilien" et "Desperate Hours" ("La Maison des otages"), avec de nouveau Mickey Rourke, ne rencontrent qu'un succès d'estime. Son dernier film, sorti en 1996, "The Sunchaser", est également un échec commercial et marque la fin de la carrière de cette figure du "nouvel Hollywood". (Eric Beech; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)