Le débat entre Tim Walz et J.D. Vance n’avait rien à voir avec celui entre Trump et Harris

Les colistiers de la prochaine élection présidentielle américaine ont débattu au cours de ce qui pourrait être le dernier grand moment de la campagne.

ÉTATS-UNIS - Pas de cris, pas d’insultes, juste de la politique. Le débat entre le démocrate Tim Walz et le républicain J.D. Vance, colistiers respectifs de Kamala Harris et Donald Trump, a tranché avec l’ambiance extrêmement tendue qui avait dominé lors de la confrontation entre les deux candidats à la présidentielle américaine, trois semaines plus tôt.

Le débat Tim Walz-J.D. Vance pour la présidentielle américaine met le Midwest au centre du jeu

Ce mardi 1er octobre, les deux hommes originaires du Midwest se sont rencontrés pour la première fois, sur le plateau de la chaîne CBS, pour défendre leur candidature à un mois du scrutin. Et puisque les débats entre colistiers n’ont pas souvent d’impact d’ampleur sur les sondages, il s’agissait surtout pour le gouverneur du Minnesota et le sénateur de l’Ohio de ne pas torpiller la candidature de leur champion. Pari gagné.

Le début du débat a largement été en faveur du républicain J.D. Vance. Diplômé de la prestigieuse école de droit de Yale et habitué des plateaux de télévision, le sénateur conservateur est apparu à l’aise devant la caméra, profitant de la première question des journalistes pour se présenter aux téléspectateurs… et éviter de répondre à la question du soutien à des « frappes préventives » d’Israël contre l’Iran.

À l’inverse, le stress de Tim Walz a sauté aux yeux pendant les premières minutes. Des « euh » et des blancs récurrents ont émaillé ses premières réponses, malgré une préparation intensive avec le populaire secrétaire d’État aux Transports Pete Buttigieg. Mais si le gouverneur n’est pas vraiment un fan de l’exercice télévisuel, il s’est assez vite remis en selle pour attaquer Donald Trump avec efficacité : « Un homme de presque 80 ans qui s’inquiète de la taille du public dans ses meetings n’est pas celui dont on a besoin. »

Son adversaire n’a pas été tendre non plus envers Kamala Harris. Il a dénigré son bilan de vice-présidente en l’accolant à celui de Joe Biden, ce que Donald Trump, essentiellement sur la défensive début septembre, avait presque oublié de faire. Immigration, environnement, économie… Tout y est passé. Et pourtant, ce débat était le plus audible des trois qui ont été organisés avant la présidentielle. Avec une raison à cela : l’absence de Trump.

Ce n’était pourtant pas gagné. De nombreux analystes politiques pensaient que J.D. Vance allait lancer des attaques personnelles comme le fait son mentor à longueur de journée. Que nenni. Le sénateur a joué la nuance, parfois même la sympathie. Lorsque son rival démocrate a révélé que son fils avait assisté à une scène de tuerie, J.D. Vance a affiché sa compassion : « Je ne savais pas que votre fils de 17 ans avait été témoin d’une tuerie. Je suis désolé. Seigneur, aie pitié. »

« Agree to disagree »

Plus tard, Tim Walz déclare qu’il passe un bon moment sur le plateau. J.D. Vance rit et lui renvoie la pareille. Une scène inimaginable entre Donald Trump et Joe Biden ou Kamala Harris, qui a repris le flambeau fin juillet dernier du côté démocrate.

D’autant que sur le fond, les deux hommes se sont surpris à se retrouver pratiquement d’accord sur certains points, notamment les congés maternité. Tim Walz s’est dit en faveur d’une politique au niveau fédéral, tandis que J.D. Vance, qui a pris l’exemple de sa femme, a assuré être en faveur d’un modèle qui permette aux femmes de « faire leur propre choix » entre un congé long ou un court.

Et si Tim Walz et J.D. Vance sont évidemment en désaccord sur un nombre incalculable d’autres sujets, ils ont débattu sans violence. Par exemple sur les armes à feu. Le démocrate a dit vouloir trouver des solutions contre la violence sans confisquer les armes, sans oublier de rappeler qu’il en possède une et est un chasseur. Le républicain a pour sa part estimé qu’il fallait surtout renforcer la sécurité dans les écoles. Aucun des deux n’a donné de plan concret pour éviter les fusillades qui endeuillent le pays régulièrement, mais tous deux ont, comme le disent les Américains, « agree to disagree » (soit « accepté d’être en désaccord »).

Quant à l’immigration, sujet phare et sensible de cette campagne, elle n’a pas non plus fait l’objet d’un débat trop houleux. Au contraire, Tim Walz a exprimé une forme de sympathie à l’égard de J.D. Vance, allant même jusqu’à lui reconnaître une volonté de « résoudre » le problème, au contraire de Donald Trump. Ce à quoi le sénateur a répondu, dans un parallèle saisissant : « Je pense que vous voulez résoudre ce problème, mais je ne pense pas que Kamala Harris le veuille. »

Cette stratégie de l’apaisement a été longuement à l’avantage de J.D. Vance, qui s’est ainsi départi de son image de colistier radical (au moins sur la forme) pendant la grosse heure et demie qu’a duré débat.

Tim Walz a, lui, dû attendre la toute fin de l’émission pour enfin prendre le dessus sur son contradicteur. Mais avant cela, il a tout de même subi un moment douloureux marqué par une explication alambiquée concernant sa présence contestée en Chine pendant les manifestations de Tian’anmen : après avoir affirmé avoir été présent en 1989 à Hong-Kong, il a admis s’être « trompé ».

C’est finalement sur l’assaut du Capitole par les partisans de Donald Trump et sur la démocratie que le démocrate est parvenu à tirer son épingle du jeu. Il a rappelé qu’il y avait eu des victimes ce jour-là et que les présidents ont une responsabilité car leurs « mots comptent », une référence à l’appel violent à manifester lancé par Donald Trump en 2021. « Quand (cette élection) sera finie, il faudra que nous nous serrions la main et que le gagnant soit le gagnant. Tout cela doit s’arrêter », a-t-il insisté, se posant en pacificateur.

De son côté, J.D. Vance a refusé de dire si Joe Biden avait bien remporté l’élection en 2020, mais affirmé qu’il proposerait tout de même son aide en cas de victoire de Kamala Harris. Cela après avoir quand même dégainé une pirouette étonnante, affirmant que la transition s’était faite démocratiquement entre Joe Biden et Donald Trump puisque ce dernier avait bien quitté la Maison Blanche comme prévu le 20 janvier 2021.

Difficile, voire impossible de dire si ces échanges auront un impact sur l’élection du 5 novembre prochain, mais force est de constater que J.D. Vance repart avec un léger avantage au vu de sa prestation. Et c’était là l’enjeu essentiel de ce débat : laisser une dernière impression marquante. Car cet affrontement des colistiers pourrait très certainement être le dernier grand rendez-vous avant le scrutin, Donald Trump refusant de débattre à nouveau avec Kamala Harris. La suite sera entre les mains des électeurs.

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