Démission de Yannick Morez : le préfet de Loire-Atlantique assume un « échec collectif »

S’il assure que l’État n’a pas « oublié de soutenir le maire » de Saint-Brévin-les-Pins, le préfet Fabrice Rigoulet-Roze a reconnu sa part de responsabilité, au nom de l’État.

POLITIQUE - Alors que le départ du maire de Saint-Brévin-les-Pins a été officiellement acté ce mercredi 31 mai, le préfet de Loire-Atlantique a assuré devant des sénateurs que l’État et lui-même avaient bien soutenu l’édile Yannick Morez, qui a démissionné avec fracas après avoir subi menaces et violences. Le préfet a toutefois reconnu un « échec collectif » dans cette affaire.

« Cette démission est un événement grave et elle interpelle à partir du moment où un élu de la République estime ne plus être en mesure d’exercer le mandat qui lui a été confié à cause de pressions, d’intimidations et de menaces accentuées par une récupération politique de l’extrême droite et de mouvements nationalistes », a déclaré le préfet Fabrice Rigoulet-Roze lors d’une audition par la commission des Lois du Sénat ce mercredi.

La démission du maire est notamment « fondée sur le sentiment d’une absence de soutien de l’État », a regretté le préfet, estimant que « c’est un échec collectif et j’en prends ma part comme représentant territorial de l’État ».

C’est devant la commission des Lois que le maire DVD de Saint-Brevin-les-Pins, Yannick Morez, avait déploré le manque « flagrant » de soutien de l’État depuis l’officialisation, fin 2021, du transfert près d’une école de sa commune d’un centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada).

Yannick Morez avait notamment expliqué son choix de quitter ses fonctions par le fait qu’il s’était senti « seul, abandonné », et que ses interlocuteurs semblaient minimiser les menaces qui le visaient.

Des menaces « prises au sérieux »

Ces attaques avaient culminé le 22 mars au petit matin avec l’incendie de deux véhicules du maire devant son domicile, dont la façade avait également été touchée par les flammes alors qu’il y dormait en famille.

Rappelant le « contexte social » très tendu à cette période, avec des manifestations violentes à Nantes et Saint-Nazaire contre la réforme des retraites qui mobilisaient la préfecture et les forces de l’ordre, Fabrice Rigoulet-Roze a toutefois insisté sur le fait que les pressions exercées sur le maire avaient été « prises au sérieux ».

Pour le préfet, les décisions qui avaient été prises avant l’incendie criminel concernant la sécurité de l’édile « semblaient adaptées et proportionnées à ce moment-là ; rétrospectivement, la question se pose ».

Le sous-préfet de Saint-Nazaire, Michel Bergue, également auditionné, a affirmé aux sénateurs qu’il n’avait reçu « aucune alerte particulière sur la sécurité physique des élus » de Saint-Brevin avant l’incendie.

Après l’incendie criminel, « les gendarmes ont d’ailleurs pris sans délai des mesures de protection renforcée », a relevé le préfet de Loire-Atlantique. Il s’agissait notamment du passage de patrouilles de gendarmes quatre fois par jour au domicile du maire et d’une inscription dans un fichier des appels prioritaires pour les secours.

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