Cyclone Boris : faut-il craindre une catastrophe météo en Europe ce week-end ?

Plusieurs organismes de prévisions météorologiques alertent sur un épisode de précipitations exceptionnelles dans les heures à venir en Europe centrale.

Des inondations redoutées en Europe centrale (illustration) (Photo : Boris Roessler/picture alliance via Getty Images)

L'Europe centrale se prépare au pire. Ces derniers jours, une combinaison de phénomènes météorologiques a créé les conditions d'une catastrophe de grande ampleur dans la région. Pour ce week-end du 14 septembre, plusieurs pays, en premier lieu la Tchéquie et l'Autriche, attendent des précipitations records qui pourraient provoquer d'épouvantables inondations.

Cet épisode exceptionnel attendu pour ce week-end est la conséquence de la rencontre entre une masse d'air chaud venue de la mer Méditerranée et une masse d'air polaire installée depuis plusieurs jours sur le nord-ouest du Vieux Continent. Cette dernière est d'ailleurs directement responsable des températures inhabituellement fraîches pour la saison observées dans l'Hexagone cette semaine.

Une importante dépression en plein cœur de l'Europe

Le conflit entre les deux masses d'air a également fini par créer une importante dépression, le cyclone Boris, en plein cœur de l'Europe. Comme l'explique MétéoSuisse, l'office fédéral de météorologie et de climatologie helvète, cette dépression "s'est formée sur le nord de l'Italie dans la nuit de mercredi à jeudi".

Selon les prévisions du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (ECMWF), elle devrait se déplacer ce vendredi "au-dessus de la Croatie puis lentement au-dessus de la Hongrie, de l'est de l'Autriche et de la République tchèque ainsi que du sud de la Pologne", déversant au passage des pluies torrentielles. Selon MétéoSuisse, la situation actuelle est d'ailleurs comparable à celle qui avait provoqué "des inondations dévastatrices en République tchèque, en Autriche et dans l'Est de l'Allemagne" en 2002.

L'organisme météorologique suisse explique ainsi que "des précipitations particulièrement fortes se produisent lorsque la dépression se déplace lentement, c'est-à-dire lorsque l'apport d'humidité est continu et les précipitations stationnaires sur une région pendant une longue période", une situation qui correspond exactement à celle du cyclone Boris.

Prévisions de précipitations pour la période allant du 13 au 15 septembre en Europe Centrale (ECMWF) (Photo : DR/ECMWF)
Prévisions de précipitations pour la période allant du 13 au 15 septembre en Europe Centrale (ECMWF) (Photo : DR/ECMWF)

S'appuyant de son côté sur les prévisions du service privé britannique MetDesk, le météorologue écossais Scott Duncan confirme que "l'un des risques les plus importants (liés au cyclone Boris) pourrait être celui des inondations". "D'énormes précipitations sont attendues, avertit le chercheur, certaines parties de l'Europe centrale pouvant recevoir plus de 250 mm. L'Autriche semble être l'épicentre."

Relativement proches de celles du MetDesk, les prévisions de l'ECMWF annoncent pour leur part des volumes de précipitations pouvant atteindre, voire dépasser, 300 mm. En trois jours, il pourrait donc tomber sur certaines zones d'Europe centrale l'équivalent de la moitié du total des précipitations observées à Paris depuis le début de l'année 2024 (594,6 mm au 13 septembre, selon le site Infoclimat).

Dans un post publié jeudi 12 septembre sur X, l'agrométéorologue français Serge Zaka alerte lui aussi sur une "catastrophe météorologique" imminente. Expliquant que "tous les éléments convergent" en ce sens, ce dernier s'appuie sur les prévisions d'un organisme américain, Tropical Tidbits, pour affirmer qu'"il devrait tomber entre 100 et 300+mm de pluie sur ces zones densément peuplées entourées d'importantes plaines agricoles".

Au total, au moins huit pays devraient être directement touchés par cet épisode qui s'annonce dantesque : l'Autriche, la Tchéquie, la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie, la Slovénie, la Croatie et l'Allemagne. Comme le montre le site MeteoAlarm, le plus haut niveau d'alerte météorologique a été déclenché dans plusieurs d'entre eux (par exemple l'Autriche et la Tchéquie) et des mesures sont prises en urgence pour tenter de limiter l'impact de l'épisode à venir.

Selon l'influenceur Nahel Belgherze, qui s'est spécialisé dans la couverture d'événements météorologiques extrêmes sur Twitter (désormais X), les autorités tchèques ont ainsi décidé de libérer de gigantesques volumes d'eau sur certains barrages de l'est du pays, dans le but de "faire baisser le niveau des réservoirs" et donc de créer de la capacité de stockage pour les monstrueuses précipitations attendues dans les prochaines heures.

D'après Libération, le branle-bas de combat est total dans l'est de la Tchéquie. Le quotidien précise même que "les villes de Moravie (région située dans cette zone géographique, ndlr) ont érigé des barrières anti-inondations et sorti des sacs de sable pour parer les éléments déchaînés". La grande majorité des événements culturels prévus ce week-end ont par ailleurs été annulés, en Tchéquie comme dans les pays voisins.

Le cyclone Boris et ses conséquences sont aussi au cœur des préoccupations dans le sud de la Pologne, en Slovaquie et en Autriche. Toujours selon Libération, dans les deux derniers pays cités, l'armée a été alertée et se tient prête à intervenir pour porter secours aux nombreux citoyens qui pourraient être touchés par ces intempéries de grande ampleur.

Au-delà du week-end cauchemardesque qui s'annonce pour les habitants de ces régions, les répercussions sur les nombreuses zones agricoles qu'elles recèlent pourraient être terribles à court et moyen terme. "Les potentiels dégâts agricoles sont vastes : maïs, tournesol, vigne, arboriculture, sorgho, bâtiments d'élevage inondés, énumère Serge Zaka, et risquent d'être incroyablement étendus dans les basses plaines agricoles et reliefs de Prague à Bratislava en passant par Vienne."

D'après l'agrométéorologue, les récoltes en cours dans les champs d'Europe centrale risquent d'être gravement impactées, ce qui pourrait ensuite provoquer des pénuries et donc d'importants remous sur les marchés concernés. Un élément loin d'être anodin, à l'heure où les secteurs agricoles de la plupart des pays concernés traversent déjà une crise majeure.