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Le drapeau cubain flotte sur l'ambassade de Cuba à Washington

Dans une rue de La Havane. Cuba et les Etats-Unis ont formellement renoué lundi leurs relations diplomatiques, rompues il y a plus d'un demi-siècle, et rouvert leur ambassade respective à Washington et La Havane. /Photo prise le 19 juillet 2015/REUTERS

par Matt Spetalnick WASHINGTON (Reuters) - Cuba et les Etats-Unis ont formellement renoué lundi leurs relations diplomatiques, rompues il y a cinquante-quatre ans, et le drapeau cubain a été hissé sur l'ambassade de Cuba à Washington. Le ministre cubain des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez, a présidé la réouverture de la représentation diplomatique, étape symbolique du rapprochement annoncé simultanément le 17 décembre dernier par Barack Obama et son homologue, Raul Castro. Plus de 500 personnalités, dont de nombreux parlementaires américains, avaient été conviées pour l'occasion mais aucune invitation n'avait été adressée aux élus du Congrès en pointe dans la lutte anti-castriste. De profondes divergences demeurent entre les deux pays et les efforts diplomatiques en vue d'une normalisation complète devraient être longs. Mais la cérémonie de lundi a revêtu une forte dimension symbolique. Autre signe d'une volonté commune de fermer la page d'un demi-siècle d'hostilité: le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, a reçu son homologue cubain -- le premier ministre des Affaires étrangères en visite à Washington depuis la Révolution castriste -- au Département d'Etat. Les deux hommes ont souligné l'importance de l'événement à leurs yeux, tout en la relativisant. "Les événements historiques que nous sommes en train de vivre feront sens uniquement avec la fin du blocus économique, commercial et financier, qui provoque tant de privations et de dégâts pour notre peuple, avec la rétrocession du territoire occupé de Guantanamo, et le respect de la souveraineté de Cuba", a déclaré Bruno Rodriguez lors de la cérémonie d'ouverture de la représentation diplomatique. Par la suite, John Kerry a salué "un nouveau départ" dans les relations entre les Etats-Unis et Cuba, mais a précisé que le chemin qui devait conduire à une normalisation pleine et entière serait "long et complexe". Le porte-parole de la Maison blanche, Josh Earnest, a quant à lui affirmé que la présidence américaine se montrait "optimiste" à l'idée que La Havane respecte les droits de l'homme dans les années à venir. DISCRÉTION À CUBA Au moment où le drapeau cubain était hissé et où retentissait l'hymne national du pays, d'autres voix se faisaient entendre, celles d'anonymes restés à l'extérieur, qui criaient au milieu de la foule: "Cuba si, embargo no !" John Foster Dulles et Gonzalo Guell furent les deux derniers chefs de la diplomatie des deux pays à participer à une réunion officielle à Washington le 22 septembre 1958, quelques mois avant la révolution castriste. Dans la capitale cubaine, l'ambassade américaine a également rouvert, mais en toute discrétion: la "section d'intérêts" américaine a publié un communiqué indiquant qu'elle devenait "officiellement l'ambassade des Etats-Unis". La bannière étoilée n'y sera hissée qu'à l'occasion d'une visite de John Kerry dans l'île, prévue le 14 août prochain. Les Etats-Unis ont rompu leurs relations avec l'île communiste en 1961 et imposé un embargo économique et commercial dont certaines mesures ont déjà été assouplies depuis le rapprochement de décembre dernier. Pour que cet embargo soit totalement levé, il faut l'aval du Congrès dominé par les républicains. (Avec Michelle Nichols; Jean-Philippe Lefief, Guy Kerivel et Simon Carraud pour le service français)