L'annonce d'une visite de Trump suscite des critiques en Israël

Des voix se sont élevées mercredi en Israël contre la visite annoncée dans l'Etat hébreu d'ici la fin de l'année de Donald Trump, candidat à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle américaine de 2016, à la suite des récents propos tenus par le milliardaire contre les musulmans. /Photo prise le 7 décembre 2015/REUTERS/Randall Hill

par Ori Lewis et Dan Williams JERUSALEM (Reuters) - Des voix se sont élevées mercredi en Israël contre la visite annoncée dans l'Etat hébreu d'ici la fin de l'année de Donald Trump, candidat à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle américaine de 2016, à la suite des récents propos tenus par le milliardaire contre les musulmans. Donald Trump, en tête des sondages pour la primaire républicaine, sera reçu par Benjamin Netanyahu le 28 décembre, ont indiqué les services du Premier ministre, confirmant une information parue dans les médias. Netanyahu a fait savoir dans un communiqué qu'il rejetait les remarques du magnat américain de l'immobilier et des médias mais que la visite, dont le principe est prévu depuis deux semaines, était maintenue. "Le Premier ministre rejette les récents commentaires de Donald Trump à l'égard des musulmans. Israël respecte toutes les religions et garantit effectivement les droits de tous les citoyens", précise le texte diffusé par les services de Netanyahu. Le dirigeant israélien ajoute qu'il est décidé à avoir une attitude univoque à l'égard de tous les candidats à la présidentielle américaine qui visiteront Israël. "Cette politique ne traduit pas un soutien pour un candidat ou pour un programme mais cela exprime l'importance que le Premier ministre attache à une alliance forte entre Israël et les Etats-Unis", poursuit le communiqué. Sur Twitter, Donald Trump se dit "très impatient" de se rendre en Israël d'ici la fin de l'année. Ahmed Tibi, député représentant les 20% d'Arabes israéliens, a demandé à ce que le "néo-nazi" Donald Trump ne soit pas admis dans l'enceinte de la Knesset. Un appel relayé par Omer Bar-Lev, de l'Union sioniste, parti de l'opposition de centre gauche, qui a qualifié de "raciste" le magnat de l'immobilier américain. LETTRE DES ÉLUS DE LA KNESSET Trente-sept députés de la Knesset, soit près d'un tiers des 120 élus de la Knesset, la plupart venant de l'opposition, ont signé une lettre adressée à Netanyahu lui demandant d'annuler sa rencontre avec Donald Trump, à moins que ce dernier retire ses propos. La lettre a été écrite par le député du parti de gauche Meretz Michal Rosin, qui précise qu'aucun élu du Likoud, le parti de droite au pouvoir, n'a signé la lettre même si certains de ses membres désapprouvent fortement les déclarations du milliardaire américain. Membre du Likoud, le ministre de l'Energie Yuval Steinitz a ainsi déploré les propos du candidat républicain. "Je recommande de lutter contre l'islam terroriste et extrémiste mais je ne déclarerais pas de boycott, d'ostracisme ou de guerre contre les musulmans en général", a-t-il dit à la radio de l'armée israélienne. "Nous avons dans l'Etat d'Israël de nombreux citoyens musulmans qui sont loyaux." Marc Zell, vice-président des Republicans Overseas, organisation représentant le Parti républicain à l'étranger, a dénoncé les propos d'un "démagogue". "Et nous en tant que juifs, et aussi en tant qu'Israéliens, savons grâce à l'Histoire ce qu'est un démagogue", a-t-il déclaré sur les ondes de la radio militaire, dans une interview distincte. Le porte-parole de la Maison blanche, Josh Earnest, a déclaré que certains candidats à l'investiture rpéublicaine employaient une rhétorique qui était "une stratégie politique calculée pour diviser" les Etats-Unis. Au Royaume-Uni, où Donald Trump possède deux parcours de golf, une pétition sur internet a réuni plus de 240.000 signataires pour interdire l'entrée de Donald Trump dans le pays en raison de "son discours de haine". "Si le Royaume-Uni continue d'appliquer le critère de 'comportement inacceptable' à tous ceux qui souhaitent entrer sur son territoire, il doit l'appliquer aussi bien aux riches qu'aux pauvres, aux faibles qu'aux puissants", dit le texte de la pétition. Le ministre britannique des Finances George Osborne s'est dit opposé à une telle interdiction. L'université Robert Gordon d'Aberdeen a déclaré qu'elle retirait un grade honoraire remis à Trump en 2010 "en raison d'un certain nombre de déclarations totalement incompatibles avec l'éthique et les valeurs de cette université". Aux Emirats arabes unis, Landmark Group, un des plus grands groupes de distribution du Moyen-Orient, a annoncé retirer de ses rayons les produits fabriqués par le conglomérat de Donald Trump. Landmark et DT Home Marks International LLC ont un contrat exclusif pour vendre ces produits "Trump Home" (miroirs, lampes...) dans leurs magasins au Koweït, aux EAU, en Arabie saoudite et au Qatar. (Dan Williams; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)