Publicité

Crise des opiacés: Trump veut la peine de mort pour les dealers

Donald Trump a précisé lundi les mesures qu'il envisage pour lutter contre l'épidémie d'overdoses aux opiacés aux Etats-Unis, y compris l'exécution des trafiquants de drogue, une proposition pourtant critiquée par les experts. /Photo prise le 19 mars 2018/REUTERS/Jonathan Ernst

MANCHESTER, New Hampshire (Reuters) - Donald Trump a précisé lundi les mesures qu'il envisage pour lutter contre l'épidémie d'overdoses aux opiacés aux Etats-Unis, y compris l'exécution des trafiquants de drogue, une proposition pourtant critiquée par les experts.

Lors d'un déplacement à Manchester, dans le New Hampshire, l'un des Etats les plus touchés par le phénomène, le président américain a déclaré que les Etats-Unis devaient se montrer "durs" dans cette lutte contre les opiacés.

"Et cette dureté implique la peine de mort", a-t-il dit, sans préciser quel degré d'infraction à la législation sur les stupéfiants méritait à ses yeux la peine capitale.

Donald Trump a ajouté que son administration négociait avec le Congrès pour trouver 6 milliards de dollars (4,8 milliards d'euros) de nouveaux financements pour 2018 et 2019 afin de lutter contre la crise des opiacés.

Le plan visera également à réduire d'un tiers sur trois ans les prescriptions d'opiacés en modifiant les programmes fédéraux, a dit le président américain.

Donald Trump a aussi annoncé que le spray nasal Narcan, un traitement d'urgence en cas de surdose, serait fourni gratuitement dans les écoles. Il a promis de "discuter avec la Chine et d'étendre la coopération avec le Mexique pour qu'ils réduisent leurs fournitures d'héroïne, d'autres opioïdes illicites et de précurseurs chimiques".

Le département de la Justice ciblera les médecins ou pharmaciens négligents, a encore poursuivi Donald Trump, sans exclure d'engager des actions en justice contre les laboratoires pharmaceutiques impliqués dans la crise.

Professeur de santé publique à l'université de Chicago, le Dr Harold Pollack a jugé que la peine de mort pour les trafiquants de drogue ne changerait pas grand-chose au problème.

Rien n'indique que le renforcement de la répression réduira la disponibilité des drogues dans la rue, a-t-il dit.

L'addiction aux opiacés ou opioïdes - principalement le fentanyl et les antidouleurs obtenus sur ordonnances ainsi que l'héroïne - est un problème de plus en plus aigu aux Etats-Unis, en particulier dans les zones rurales.

Ces substances dérivées de l'opium ou produisant les mêmes effets ont provoqué la mort de 42.000 personnes aux Etats-Unis en 2016, ce qui constitue un record, selon le Centre de contrôle et prévention des maladies.

En octobre dernier, Donald Trump a déclaré que cette épidémie meurtrière constituait une "urgence sanitaire nationale", sans débloquer de nouveaux fonds.

A Manchester, le président américain s'est rendu dans une caserne de pompiers qui aide les toxicomanes à obtenir leur traitement. Environ 200 manifestants l'ont accueilli au cri de "Vous parlez, on meurt !"

Sur une pancarte, on pouvait lire également: "Donald J. Duterte", allusion au président philippin Rodrigo Duterte, dont la guerre déclarée contre les trafiquants et consommateurs de drogue a fait des milliers de morts depuis 2016.

(Roberta Rampton; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)