Crise au Venezuela : Edmundo Gonzalez Urrutia, candidat de l’opposition, visé par un mandat d’arrêt
VENEZUELA - Comme d’autres membres importants de l’opposition à Nicolás Maduro, il vivait déjà dans la semi-clandestinité. Depuis lundi 2 septembre, le candidat de l’opposition à l’élection présidentielle, Edmundo Gonzalez Urrutia, est officiellement recherché par la justice vénézuélienne. Il avait revendiqué la victoire à l’élection présidentielle de juillet, alors que Nicolás Maduro a été officiellement investi. Mais pour l’opposition et plusieurs membres de la communauté internationale, l’élection a été entachée d’irrégularités.
Edmundo Gonzalez Urrutia, 75 ans, ne s’est pas rendu à trois convocations de la justice, qui voulait l’entendre au sujet du site internet de l’opposition qui le donne vainqueur de la présidentielle. Le parquet avait ouvert début août une enquête contre lui et la cheffe de l’opposition Maria Corina Machado, elle aussi dans la clandestinité pour assurer sa sécurité, relaye la BBC. Les motifs retenus sont « usurpation de fonctions, diffusion de fausses informations, incitation à la désobéissance aux lois, incitation à l’insurrection, association de malfaiteurs ».
Le parquet affirme avoir obtenu « l’ordre d’arrestation pour de graves » crimes de la part d’un tribunal compétent en terrorisme, selon un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux. Mais au Venezuela, la justice et la police sont soupçonnées d’être des armes au service de la présidence, pour dissuader les opposants et concurrents de Nicolás Maduro de continuer leurs activités politiques, comme l’explique ce documentaire d’ARTE.
« Le chavisme cherche à présenter Machado et González comme des criminels et comme les principaux ennemis de la révolution aux yeux de l’opinion publique », rappelle El Pais. Nicolás Maduro a déjà accusé l’opposition de tous les maux, sans preuve : déstabilisation du pays, tentatives de coup d’État, ou même d’un « pacte satanique » avec Elon Musk et les États-Unis.
Les chiffres du scrutin contestés
Si la victoire de Nicolás Maduro a été validée par la Cour Suprême, le Conseil national électoral n’a pas rendu publics les procès-verbaux des bureaux de vote, se disant victime d’un piratage informatique. Une telle attaque est jugée peu crédible par l’opposition et de nombreux observateurs qui y voient une manœuvre du pouvoir pour éviter de divulguer le décompte exact. Selon l’opposition, qui a publié les procès-verbaux fournis par ses scrutateurs, leur candidat a obtenu plus de 60 % des voix.
Le lendemain de l’annonce des résultats, une partie de la société civile s’est mobilisée pour protester contre ce troisième mandat, notamment dans la capitale, Caracas. Des manifestations spontanées ont fait 27 morts et 192 blessés, tandis que quelque 2 400 personnes ont été arrêtées, de source officielle. Parmi elles, 86 adolescents entre 13 et 17 ans, ce qui représente une ligne rouge que le pouvoir n’avait pas encore franchie, pour El Pais. Edmundo Gonzalez Urrutia avait d’ailleurs demandé leur libération, dans un message sur X publié lundi.
86 niños, niñas y adolescentes han sido liberados tras sufrir detenciones injustas que jamás debieron ocurrir. Exigimos la liberación inmediata de los 28 adolescentes restantes y todos los presos políticos. Es hora de poner fin a la persecución y avanzar hacia una transición…
— Edmundo González (@EdmundoGU) September 2, 2024
Les États-Unis ne reconnaissent pas les résultats
Une grande partie de la communauté internationale, États-Unis en tête, ne reconnaît pas la réélection de Nicolás Maduro. L’Espagne a annoncé qu’elle ne reconnaîtrait pas non plus le régime chaviste, tout comme le Chili de Gabriel Boric et le Pérou. Nicolás Maduro a quand même tenu sur son compte X, à remercier les gouvernements qui le considèrent comme le président du Venezuela. Parmi eux, la Guinée équatoriale, la Russie, l’Iran ou encore le Mali.
Nuestro sentido abrazo y agradecimiento fraterno al pueblo de Mali y a su Presidente Coronel Assinii GOITÀ, por sus sinceras felicitaciones hacia el pueblo venezolano. Le ratifico nuestra disposición de continuar fortaleciendo los lazos de hermandad y amistad entre ambos pueblos. pic.twitter.com/f90EU3azgf
— Nicolás Maduro (@NicolasMaduro) August 6, 2024
Lundi 2 septembre, les États-Unis ont « saisi un avion que nous considérons comme ayant été acquis illégalement pour 13 millions de dollars par l’intermédiaire d’une société écran et sorti clandestinement des États-Unis pour être utilisé par Nicolás Maduro et sa clique », selon le ministre de la Justice, Merrick Garland, dans un communiqué. Le Venezuela a dénoncé un « acte de piraterie ».
« Nicolás Maduro et ses représentants ont falsifié les résultats de l’élection présidentielle » (...) et « mené une répression à grande échelle », a déclaré un porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, estimant que la saisie constitue « une étape importante pour que monsieur Maduro continue à subir les conséquences de sa mauvaise gouvernance ».
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