"Les Crimes du futur": pourquoi le nouveau film de David Cronenberg va faire trembler Cannes

Une scène des
Une scène des

Huit ans après son dernier film Maps to the Stars, David Cronenberg revient sur la Croisette pour une nouvelle fois secouer le public. Les Crimes du futur, présenté ce lundi (et en salles mercredi), devrait faire beaucoup parler de lui. Son intrigue, où il est question de transhumanisme et d'ablation d'organes, annonce déjà la couleur:

"Alors que l’espèce humaine s’adapte à un environnement de synthèse, le corps humain est l’objet de transformations et de mutations nouvelles. Avec la complicité de sa partenaire Caprice (Léa Seydoux), Saul Tenser (Viggo Mortensen), célèbre artiste performer, met en scène la métamorphose de ses organes dans des spectacles d’avant-garde. Timlin (Kristen Stewart), une enquêtrice du Bureau du Registre National des Organes, suit de près leurs pratiques. C’est alors qu’un groupe mystérieux se manifeste: ils veulent profiter de la notoriété de Saul pour révéler au monde la prochaine étape de l’évolution humaine..."

"Attaque de panique"

En lice pour la Palme d'Or, Les Crimes du futur est annoncé depuis quelques semaines comme le film à scandale de cette 75e édition. Dans une interview accordée à Deadline au début du mois, le cinéaste de 79 ans a même prédit le départ de plusieurs spectateurs "après les cinq premières minutes du film":

"Certaines personnes qui ont vu le film pensent aussi que les vingt dernières minutes seront très difficiles à regarder, et que beaucoup partiront. Un mec a même dit qu'il avait failli avoir une attaque de panique."

Que montrent les cinq premières minutes? Un tabou rarement mis en scène au cinéma, la mise à mort d'un enfant: "Il ne s'agit pas d'un simple moment choc, même si je comprendrais qu'il puisse choquer", a-t-il confié aux Cahiers du Cinéma. "Parler du futur, c'est parler des enfants. C'est le moteur de mon film". Et de préciser aux Inrocks: "Il s'agit pour moi d'emmener mon spectateur dans un voyage vers l'étrange, vers ce qui me perturbe, ce que j'ai découvert et compris dans cette étrangeté."

"Une forme de sexualité nouvelle"

Les Crimes du futur, qui porte le nom d'un film déjà réalisé par Cronenberg en 1969, est un film auquel il pense depuis les années 1990. Cronenberg retrouve à cette occasion Viggo Mortensen, son acteur fétiche qu'il a déjà dirigé dans A History of Violence et Les Promesses de l'ombre. Il donne la réplique à Léa Seydoux et Kristen Stewart. Ce n'est pas la première fois que Cronenberg perturbe les habitudes des festivaliers: il a déjà divisé la critique avec Crash (1996), où un couple atteint l'orgasme en simulant des accidents routiers.

Dans Les Crimes du futur, David Cronenberg montre des images inédites au cinéma en mettant en scène une nouvelle sexualité, qui se passe des organes dédiés traditionnellement au sexe, a-t-il raconté aux Inrocks: "Saul n'est plus capable de pratiquer la sexualité que pratiquent les personnes plus jeunes et en bonne santé. Il a dû inventer une forme de sexualité nouvelle, adaptée à son corps usé et dégénérescent."

Le film, son plus intimiste, a été inspiré par les épreuves personnelles qu'il a traversées, comme la perte de sa femme en 2017, puis de sa sœur en 2020: "Ce que j'ai vécu depuis huit ans m'a ramené vers ce projet et a modifié ma façon de l'aborder", a-t-il expliqué aux Inrocks. "Cependant, je sais aussi que la plupart des spectateurs ne sauront sans doute rien de moi, de mes films ou de ma vie. Ils n'auront pas le contexte [...] et je ne sais pas comment le film peut parler à une personne qui ne sait rien de tout cela. C'est peut-être sa limite, je ne sais pas. Nous verrons à Cannes. J'ai hâte."

Article original publié sur BFMTV.com