Crack à Paris: la préfecture temporise sur le nouveau site dans le 12e

Anne Hidalgo le 30 juin 2021 au Jardin d'Eole, dans le nord-est de Paris, où étaient regroupés les consommateurs de crack avant d'en être délogés. (Photo: GEOFFROY VAN DER HASSELT via AFP)
Anne Hidalgo le 30 juin 2021 au Jardin d'Eole, dans le nord-est de Paris, où étaient regroupés les consommateurs de crack avant d'en être délogés. (Photo: GEOFFROY VAN DER HASSELT via AFP)

PARIS - La prise en charge des consommateurs de crack à Paris est loin d’être réglée. Ce jeudi 27 janvier, la maire de Paris Anne Hidalgo, aussi candidate à l’Élysée, a déclaré saisir la Cour européenne des droits de l’homme contre le projet du préfet de police de déplacer les consommateurs de crack du XIXe au XIIe arrondissement. Face à l’ire des élus parisiens, la préfecture a temporisé.

En apprenant la nouvelle, les élus parisiens sont tombés des nues. “Nous étions en plein conseil d’arrondissement mardi soir quand la dépêche AFP est tombée. J’ai été très surprise et à la fin du Conseil j’ai demandé à la maire si elle était au courant et elle m’a répondu qu’elle l’apprenait au même moment que moi”, a raconté à 20minutes Valérie Montandon, élue LR du 12e arrondissement de Paris.

La décision prise “sans concertation” a aussi été critiquée sur le fond. “Déplacer indéfiniment les consommateurs d’un lieu à l’autre ne peut être une solution viable”, ont déploré les élus parisiens de tous bords. Face au tollé, la préfecture de police a finalement donné des “garanties”, rapportées par la députée LREM du XIIe et du XXe arrondissement Laetitia Avia.

“Il n’y aura pas de déplacement des consommateurs de cracks dans le XIIe dans l’immédiat ou dans les prochaines semaines” et un temps de concertation entre les élus parisiens et la préfecture va être ouvert pour “trouver toute autre alternative”, a expliqué la députée après discussions avec Didier Lallement.

Hidalgo saisit la CEDH pour les riverains et les toxicomanes

Sur RMC/BFMTV ce jeudi matin, Anne Hidalgo était toujours aussi en colère contre la préfecture de police et le gouvernement, accusés d’avoir “essayé d’instrumentaliser ce dossier contre moi, de me rendre responsable de cette situation”.

Elle les accuse de “déplacer le problème”, sans se préoccuper des riverains concernés ni des personnes toxicomanes. Et a annoncé son intention de “saisir la Cour européenne des droits de l’Homme au nom de la mairie de Paris” pour deux raisons.

“Il a deux sujets. Un sujet de non-prise en compte de la sécurité des riverains et de ceux qui habitent à propos des lieux de deals et de consommation” a détaillé la maire socialiste. L’autre sujet relève de la “situation indigne sur le traitement des personnes toxicomanes, qui n’a plus rien à voir avec le respect des droits humains”.

Au passage, la candidate du PS pour 2022 a détaillé sa vision pour régler ce problème, à Paris et ailleurs, si elle est élue présidente. Elle souhaite une prise en charge à l’hôpital, avec une politique de “réduction des risques”. “Les personnes toxicomanes vont dans un hôpital, sont suivies par des structures, des personnels, des psychiatres”, a-t-elle détaillé. Pour les riverains, elle s’attachera à renforcer la sécurité “dans les quartiers où ces trafics ont lieu.”

Entre 2019 et 2022, le “plan Crack” du gouvernement a mobilisé 25 millions d’euros au lieu des neuf millions initialement prévus. Cet argent a permis d’héberger 450 toxicomanes, mais sans apporter de solution pérenne à leur errance, synonyme de fortes nuisances et parfois de violences pour les riverains.

À voir également sur Le HuffPost: À Paris, ils manifestent dans leur parc envahi par le crack

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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