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La créatrice de #Balancetonporc, Sandra Muller, jugée en appel pour diffamation

Sandra Muller a été reconnue coupable en première instance d'avoir diffamé Eric Brion qu'elle accusait de harcèlement. Ce dernier a reconnu avoir tenu les propos mis en cause.

Il y a un peu plus de trois ans, la vague #Balancetonporc émergeait sur les réseaux sociaux. En pleine polémique Weinstein aux Etats-Unis, et en pleine déferlante #Metoo, en France, la journaliste indépendante Sandra Muller lançait le mot-clé #Balancetonporc et appelait les victimes de harcèlement au travail à témoigner publiquement. Elle y ajoutait une expérience personnelle. Un tweet qui lui vaut d'être jugée en appel pour diffamation ce mercredi.

Le 13 octobre 2017, Sandra Muller écrivait "#BalanceTonPorc ! Toi aussi raconte en donnant le nom et les détails un harcèlement sexuel que tu as connu dans ton boulot. Je vous attends."

Quatre heures plus tard, la journaliste publiait un nouveau message, repris plus de 2500 fois: "Tu as des gros seins. Tu es mon type de femme. Je vais te faire jouir toute la nuit. Eric Brion ex-patron de Equidia #BalanceTonPorc." Une phrase prononcée lors d'une soirée à Cannes en 2012 en marge du Marché international des programmes de télévision.

Pas de harcèlement pour la justice

Le consultant et ancien patron de la chaîne de télévision Equidia, nommément cité, avait porté plainte pour diffamation. Une requête entendue en première instance. Le tribunal de Paris a reconnu Sandra Muller coupable, la condamnant à 15.000 euros de dommages et intérêts ainsi qu'à 5000 euros de frais de justice. La cour a également ordonné à la journaliste de retirer son tweet.

Le tribunal de Paris a considéré que les faits dénoncés par Sandra Muller ne pouvaient constituer un harcèlement sexuel au sens de la loi telle qu'elle était en vigueur au moment où ces paroles ont été prononcées et qu'il n'y avait pas eu de condamnation judiciaire pour de tels faits. Encore moins un harcèlement au travail car il n'existait aucun lien de subordination entre Sandra Muller et Eric Brion, qui ne travaillaient pas ensemble. La justice a également estimé que le deuxième tweet de la journaliste ne pouvait être compris que comme une illustration du premier qui invitait à dénoncer les faits de harcèlement sexuel.

Lanceuse d'alerte

C'est justement sur ce point que la défense de Sandra Muller compte bien batailler lors de ce procès en appel ce mercredi, en présentant la journaliste comme une véritable lanceuse d'alerte. "Avec son premier tweet, Sandra Muller a voulu évoquer un sujet d'intérêt général, plaide Me Jade Dousselin, qui défend la journaliste aux côtés de Me Francis Szpiner. Si son tweet a été le début d'un mouvement, c'est bien qu'il existait un sujet."

Pour la défense de Sandra Muller, cette dernière n'a d'ailleurs jamais affirmé qu'Eric Drion était un harceleur, décorrélant ainsi les deux messages postés par la jeune femme. Dans son tweet, elle le qualifie de porc. "Un porc, c'est un homme vulgaire", insiste Me Dousselin. L'ancien patron d'Equidia a reconnu avoir prononcé cette phrase, a admis sa lourdeur, mais a nié tout fait de harcèlement. Sandra Muller, bloquée aux États-Unis, ne sera pas présente à son procès. Un texte qu'elle a écrit sera transmis aux juges.

Article original publié sur BFMTV.com

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