Crèches: le cas d'Aurore Bergé, accusée de "faux témoignage", signalé à la justice par l'Assemblée nationale
Le Bureau de l'Assemblée nationale a examiné ce mercredi matin une demande de saisine de la justice contre l'ancienne ministre des Solidarités et des Familles Aurore Bergé. La "demande d'engagement de poursuites" pénales a été validée par 10 voix pour et neuf voix contre par le Bureau, dominé par la gauche depuis les dernières législatives.
Cet organe, équivalent du Conseil d'administration du Palais-Bourbon, a donné son accord pour transmettre son dossier au parquet de Paris, d'après des informations de l'AFP, confirmées par BFMTV.com.
"La gauche n'en finit plus son naufrage politique"
"Le NFP - majoritaire au bureau de l’Assemblée nationale - a sans surprise décidé une nouvelle fois de se soumettre à LFI et sa demande infondée à mon encontre. La gauche n'en finit plus son naufrage politique et démocratique. Next", s'est-elle agacé sur X (anciennement Twitter).
Après les révélations du livre Les Ogres de Victor Castanet, des députés de gauche ont accusé Aurore Bergé de "faux témoignage" pour des propos qu'elle a tenu devant une commission d'enquête en novembre dernier.
Interrogée sur d'éventuels liens de proximité avec Elsa Hervy, déléguée de la fédération française des entreprises de crèches, elle avait reconnu devant les députés l'avoir "rencontré" en 2008 lors de leur passage respectif à l'UMP mais ne pas avoir entretenu de relation avec elle depuis.
Problème: l'enquête de Victor Castanet avance le contraire. D'après cet ouvrage, Elsa Hervy, la déléguée de la fédération française des entreprises de crèches et Aurore Bergé, se seraient transmis des "éléments de langage".
Une commission d'enquête dans une ambiance très tendue
Dans cette enquête, Victor Castanet qui avait déjà dénoncé les dérives des maisons de retraite dans Les Fossoyeurs, montre du doigt les pratiques des crèches privées, entre "voracité" financière, cas de maltraitance ou encore burn-out des personnels.
Aurore Bergé serait-elle intervenue pour étouffer la médiatisation de ces dysfonctionnements? En novembre 2023, après plusieurs scandales dans des crèches privées, la sortie de deux livres qui dénoncent des "usines" à bébés et un rapport alarmant de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), les députés La France insoumise avaient demandé la création d'une commission d'enquête.
À l'époque, la droite y était opposée tout comme une large partie du camp présidentiel. À ce moment-là, c'est Bérangère Couillard qui planche sur le dossier au gouvernement.
La commission d'enquête a cependant bien eu lieu mais ses travaux se déroulent dans une ambiance délétère.
Le projet de rapport de la Commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur les crèches publié en mai dernier, près de 4 mois après l'arrivée d'Aurore Bergé au gouvernement, fait le constat d'un système "à bout de souffle", selon sa rapporteuse macroniste Sarah Tanzilli. Mais La France insoumise l'accuse de ménager le secteur privé lucratif.
Dépôt de plainte contre Victor Castanet
Faut-il y voir l'ombre d'Aurore Bergé? L'auteur des Ogres avance que la jeune femme aurait pesé de tout son poids pour éviter une commission d'enquête - sans y parvenir donc - et avait préféré appuyer la création d'une mission flash aux pouvoirs bien moindres et à la durée beaucoup plus courte.
Aurore Bergé a annoncé déposer plainte pour diffamation contre Victor Castanet, plusieurs semaines après la sortie des Ogres. L'ex ministre chargée de l'Égalité entre les hommmes et les femmes s'était également défendu auprès de BFMTV, en assurant avoir "renforcé la culture du contrôle" dans le secteur des crèches.
"On ne copine pas avec les lobbys qui maltraitent les enfants quand on est ministre en charge de la petite-enfance, a jugé de son côté la présidente des députés insoumis Mathilde Panot.