Vaccination : que faire de toutes ces doses d'AstraZeneca ?

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Alors que le vaccin ne sera "probablement" pas ouvert aux moins de 55 ans, la France aura reçu 44 millions de doses à la fin de l'année 2021. De nombreuses doses devraient être inutilisées.

L'avenir s'obscurcit un peu plus pour le vaccin Astra Zeneca en France. Le vaccin ne sera "probablement" par élargi aux moins de 55 ans, a annoncé Olivier Véran sur LCI, lundi 10 mai, écartant l'idée d'un scénario à l'allemande. Plusieurs Länder ont en effet ouvert la vaccination avec AstraZeneca à tous les adultes, après consultation avec leur médecin.

Le ministre de la Santé avait saisi la Haute Autorité de Santé pour prendre une mesure similaire, avec la mise en place d'une décharge. La réponse doit être officiellement donnée en début de semaine mais le professeur Alain Fischer, chef de la coordination de la campagne de vaccination, s'était déjà dit opposé à une telle idée.

8,6 millions de doses disponibles d'ici fin juin

Cette ouverture à tous les adultes aurait permis d'écouler les nombreuses doses d'AstraZeneca qui arrivent en France et qui ne trouvent pas preneur, en raison d'une grande défiance envers le vaccin. La semaine dernière, la France a reçu deux millions de doses d'AstraZeneca.

Fin avril, Le Parisien recensait 8,6 millions de doses du vaccin britanno-suèdois disponibles d'ici à la fin juin, entre livraisons prévues et doses non-injectées. Une partie de ces doses va servir à réaliser les deuxièmes injections, pour l'instant très minoritaires en raison de l'espacement recommandé entre les deux doses, entre 10 et 12 semaines.

Une chute de 100 000 à 27 000 premières injections par jour

Au 1er mai, on recensait près de 4 millions de personnes à avoir reçu une première dose de vaccin Astra Zeneca. Environ 500 000 ne sont pas éligibles à la deuxième dose car sont âgés de moins de 55 ans. 3,5 millions de doses seront donc utilisées pour une deuxième injection.

Ce qui laisse près de 5 millions de doses d'AstraZeneca reçues d'ici à la fin juin, dont l'utilisation reste incertaine. Chaque jour, on enregistre en moyenne 27 000 primo-injections d'AstraZeneca. Un nombre qui ne cesse de décroître depuis la mi-mars et un pic de près de 100 000 injections par jour.

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Quand Macron enterre AstraZeneca

Une lente érosion qui suit les déboires du vaccin et de la communication qui l'entoure. Après l'idée avortée d'une communication autour de la vaccination de personnalités dont la chanteuse Sheila, le gouvernement cafouille. Samedi, Jean Castex appelait les quelque 13 millions de Français de plus de 55 ans qui ne sont pas vaccinés et donc éligibles à l'Astra Zeneca à le faire "avec tous les vaccins, en particulier avec AstraZeneca".

Le lendemain, Emmanuel Macron enterrait un peu plus Astra Zeneca. Interrogé sur les commandes de vaccins, le président répondait en déclarant que pour "répondre en particulier aux variants, puisqu'on parle des commandes à venir, on voit que d'autres vaccins sont plus efficaces" qu'Astra Zeneca. Pas de quoi inciter les Français à se faire vacciner avec Astra Zeneca quand Pfizer ou Moderna sont disponibles.

Plus de 2 millions de doses seront inutilisées fin juin

Si ce rythme de vaccination de 27 000 primo-injections par jour se maintient, ce qui semble peu probable vu que le désamour des Français pour ce vaccin ne cesse de croître, 1,37 million de primo-injections auront lieu d'ici à la fin juin. En sécurisant les deuxième doses de ces nouvelles vaccinations, il reste encore au moins 2,5 millions de doses non utilisées.

Si le contrat avec AstraZeneca n'a pour l'heure pas été renouvelé, une autre partie, conséquente, des livraisons doit avoir lieu au deuxième semestre.

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44 millions de doses prévues en 2021

Au total, la France a commandé, via l'Union européenne, 44 millions de doses d'AstraZeneca pour l'année 2021. Début avril, la ministre de l'Industrie estimait qu'en raison des nombreuses livraisons prévues des autres vaccins "la France aurait les moyens de faire sans" Astra Zeneca au deuxième semestre.

Sauf improbable retournement de situation de l'opinion, des millions de doses sont vouées à être stockées dans les prochains mois. "La vaccination avec Astra Zeneca est quasiment terminée. Les personnes qui souhaitaient être vaccinées avec l'ont été pour la plupart, les autres soient refusent la vaccination, soit préfèrent Pfizer ou Moderna. Les éventuels rappels de l'automne auront lieu avec des vaccins ARN adaptés aux variants. La meilleure solution c'est de donner ces doses immédiatement aux pays qui le souhaitent, via le programme Covax", estime le docteur Michaël Rochoy, qui appelle tout de même à "garder un petit stock pour vacciner les quelques volontaires qui voudraient encore d'AstraZeneca".

Un vaccin efficace face au variant britannique

Le but du programme Covax, de l'Organisation mondiale de la santé et de l'ONG Gavi, est d'assurer une répartition équitable des vaccins contre le Covid-19 dans le monde. Autre solution, tenter de procéder à des échanges, comme l'ont tenté la Norvège et le Danemark qui ont renoncé à AstraZeneca et tentent d'écouler les doses qui leur ont été allouées. L'Afrique du Sud, qui a également renoncé au vaccin britanno-suédois, a revendu ses doses à d'autres pays.

Si le vaccin AstraZeneca est décrié, il reste pourtant très efficace face au variant britannique, qui domine en Europe et dans de nombreux pays, et contre la souche d'origine du virus. Seule incertitude : concernant le variant sud-africain. S'il est moins efficace contre les formes légères et modérées, aucune donnée n'a été fournie concernant les formes graves dues à ce variant.

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