Covid-19 : "Une troisième dose est inévitable"

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Plusieurs pays dont l'Allemagne vont proposer une troisième dose de vaccin à une partie de leur population. En France, le débat est sur la table.

Une troisième dose de vaccin est-elle inéluctable, au moins pour une partie de la population ? Plusieurs pays ont décidé de proposer une troisième injection à certains de leurs citoyens. Israël a déjà débuté dimanche l'injection d'une troisième dose chez les plus de 60 ans vaccinés il y a plus de cinq mois.

Objectif annoncé, "renforcer les défenses immunitaires", alors que les patients les plus âgés ou les plus fragiles, qui peuvent être victime d'immunosénescence, phénomène de perte d'efficacité du système immunitaire chez les personnes les plus âgées.

Une troisième dose pour les vaccinés avec Astra Zeneca et Janssen ?

L'Allemagne a pris une décision similaire dimanche, en annonçant que certains citoyens se verront proposer une troisième dose à l'automne. Populations ciblées : les plus fragiles, dont plusieurs études montrent que la réponse immunitaire diminue au bout de quelques mois.

Mais une troisième dose sera également proposée aux Allemands vaccinés avec AstraZeneca ou Janssen, dont l'efficacité est moindre que les vaccins à ARN, comme Pfizer et Moderna, notamment face au variant Delta.

Au Royaume-Uni, The Telegraph croit savoir qu'un rappel de vaccin sera proposé dès le 6 septembre et concernerait 32 millions de Britanniques. Deux pays où la vaccination avec AstraZeneca, moins efficace, a été plus répandue qu'en France.

"Une troisième dose inévitable" mais "pas la priorité"

En France, 4,35 millions de personnes ont été vaccinées avec Astra Zeneca et près de 800 000 avec Janssen, vaccin à dose unique. Le Royaume-Uni a majoritairement utilisé AstraZeneca et l'Allemagne a permis aux plus jeunes d'être vaccinés avec AstraZeneca s'ils le souhaitaient, alors qu'il a été rapidement interdit aux moins de 55 ans en France.

"C'est inévitable qu'on injecte une troisième dose pour certaines populations, je ne vois pas comment on pourrait faire sans", observe Michaël Rochoy, épidémiologiste. Pour autant, "faire une troisième dose à des gens bien vaccinés et protégés pour l’instant, ce n’est pas l’urgence", relève l'épidémiologiste Catherine Hill auprès du Huffington Post.

Avant tout une question de stocks

"Il reste encore beaucoup de monde à vacciner, et dans certains lieux, les créneaux de réservation ne sont pas nombreux. Comme on n'a pas un nombre infini de doses, il faut avant tout poursuivre la vaccination en France", abonde Michaël Rochoy.

Ainsi près de 20% des 50-59 ans n'ont pas reçu la moindre injection de vaccin, un taux qui monte à 30% des 18-49 ans et 59% et 12-17 ans, dont l'accès à la vaccination a toutefois été ouvert plus tardivement. Actuellement, la France reçoit 2,5 millions doses de Pfizer et 670 000 de Moderna par semaine selon les chiffres officiels. La question du calendrier de la troisième dose dépendra donc aussi des stocks disponibles.

Une cible d'au moins 11 millions de personnes

"Si on cible les personnes dont l'âge affaiblit le système immunitaire et les plus à risque, les plus de 75 ans par exemple, c'est 6,4 millions de patients potentiels à qui injecter une troisième dose. Si on ajoute les vaccinés par AstraZeneca et Janssen, on monte à près de 11 millions", poursuit le docteur Rochoy. En réalité en France, des troisièmes doses ont déjà été injectées à des personnes immunodéprimées depuis quelques semaines, 84 000 doses exactement selon le ministère de la Santé.

Autre difficulté : à quel moment injecter cette troisième dose ? "Il faut établir le moment où il est le plus opportun de faire cette troisième dose, sachant que l'immunité ne disparaît pas subitement mais diminue petit-à-petit", prolonge le médecin.

Prendre en compte les besoins des pays pauvres en vaccins

À l'étranger, chaque pays décide d'un délai. Israël a décidé cinq mois après la vaccination, l'Allemagne "au moins six mois". "La plupart des vaccinés sont protégés au moins neuf mois. Sur un an, on manque encore de recul”, répond au Huffington Post le ministère de la Santé. Une étude publiée par Pfizer indique que la protection contre les formes graves du Covid-19, à 96% dans les deux premiers mois, tombe à 84% environ après 4 mois.

Autre difficulté, la dimension mondiale de l'épidémie. "Il faut rappeler qu'il faut vacciner la majorité de la population mondiale, et ne pas voir le problème que du point de vue national. Si les pays riches monopolisent les vaccins pour les troisièmes doses sans garantir l'accès aux vaccins aux pays pauvres, c'est favoriser l'émergence d'un nouveau variant dans ces pays peu vaccinés", pointe du doigt Michaël Rochoy.

Un moratoire sur les troisièmes doses demandé par l'OMS

Une situation qui inquiète l'Organisation mondiale de la Santé. Le patron de l'OMS a appelé à un moratoire sur les doses de rappel des vaccins pour pouvoir mettre ces doses à disposition des pays qui n’ont pu immuniser qu’une partie infime de leur population.

“Nous avons un besoin urgent de renverser les choses : d’une majorité de vaccins allant dans les pays riches à une majorité allant dans les pays pauvres”, a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, ajoutant que le moratoire devrait durer “au moins jusqu’à la fin septembre".

Le 12 juillet, Emmanuel Macron annonçait qu'à la rentrée, une nouvelle dose de vaccin sera proposée aux personnes âgées ou vulnérables vaccinées depuis janvier et février 2021. La population ciblée doit être précisée dans les prochaines semaines.

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