Pourquoi le seul vaccin français sur le point d’aboutir servira en priorité... aux Anglais ?

Le 28 janvier dernier, le Premier ministre britannique Boris Johnson était venu visiter le laboratoire Valneva situé en Écosse.

Une start-up nantaise développe un vaccin et espère sa commercialisation pour l’automne prochain, mais la priorité sera donnée aux Anglais. Explications.

Nouveau revers pour la France avec les vaccins. Après l’abandon du vaccin de l’institut Pasteur et le retard de celui de Sanofi, le gouvernement se serait bien passé de ce coup dur avec le vaccin Valneva. La biotech nantaise développe actuellement un vaccin et pourrait bientôt lancer la phase 3 des essais cliniques avant une autorisation de commercialisation “à l’automne prochain si tout va bien”, selon le laboratoire. Il pourrait donc devenir le premier vaccin français contre le coronavirus disponible sur le marché après les récents fiascos de l’institut Pasteur et Sanofi. Bien que développé en France, le vaccin ne sera pas donné en priorité aux Français qui devront attendre au moins jusqu’à janvier 2022 et passer après les Anglais. Si cela peut paraître injuste à première vue, il n’en est rien.

Les Britanniques plus réactifs

Le gouvernement britannique s’est tout simplement placé en premier et a plus cru à ce vaccin que le gouvernement français. Les Britanniques ont été les premiers à sortir le carnet de chèques pour financer intégralement la recherche ainsi que l’agrandissement de la chaîne de production d’une usine située... en Écosse. Cela paraît encore moins injuste quand on sait que sans cet investissement de l’exécutif britannique, le vaccin n’aurait eu aucune chance de voir le jour.

“Sans cet accord, nous n’aurions sans doute pas été en mesure de mener nos recherches jusqu’à ce point. Ils ont été extrêmement réactifs. Moins de trois mois après avoir annoncé que notre vaccin allait bientôt rentrer en phase de test, le gouvernement britannique nous a signés un premier contrat de précommandes. Au total, si toutes les options sont levées d’ici à 2025, c’est plus de 1,4 milliard d’euros que le Royaume-Uni aura déboursé pour une livraison de 190 millions de doses”, affirme Franck Grimaud, le directeur général de Valneva, au Parisien.

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Si plusieurs lois et décrets peuvent permettre au gouvernement de surveiller les investissements étrangers dans des entreprises stratégiques françaises et d’y mettre un veto, ce n’est pas le cas pour ce cas de figure, assure le ministère de l’Économie.

L’UE a commandé 60 millions de doses

Alors qu’il reste encore un long chemin avant la commercialisation de ce vaccin, le gouvernement français aurait-il dû prendre le risque comme l’ont fait les Britanniques ? Le ministère de l’Économie dit avoir discuté avec la start-up nantaise au mois de mai dernier sans que les discussions n’aboutissent en raison du manque d’investissement dans la recherche et d’une absence de site de production. Le PDG de Valneva n’a donc pas déposé d’appel à projet et a décidé de développer son vaccin au Royaume-Uni. Côté européen un premier contrat a été signé récemment et porte sur 60 millions de doses.

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