Covid-19 : la barbe nuit-elle à l'efficacité du masque ?

Il y a plusieurs années, le CDC a publié un document indiquant que plusieurs types de barbe n'étaient pas compatibles avec un port efficace du masque.

Alors que porter un masque est obligatoire depuis plusieurs mois pour lutter contre la propagation du Covid-19, il est primordial de le porter correctement pour maximiser son efficacité. Cela passerait notamment par le rasage.

Et si porter la barbe n’était bientôt plus à la mode ? De nombreuses personnes s’attirent les foudres des gens en portant leur masque sous le nez, voire même sur leur menton, mais il se pourrait bien que les hommes barbus fassent également partie, malgré eux, des personnes qui ne rendent pas le port du masque assez efficace. C’est particulièrement le cas pour les masques FFP2, ces masques plus protecteurs que les masques de type chirurgical. Ils sont plus efficaces à condition qu’ils soient portés correctement, c’est-à-dire bien collés au nez et le long des joues de manière à ce qu’il y ait un effet hermétique qui empêche les gouttelettes et les aérosols de passer.

“La seule option est de se raser”

En Allemagne et en Autriche, alors que le port du masque FFP2 est et va devenir obligatoire dans les commerces et les transports en commun à partir de lundi prochain (uniquement en Bavière pour l’Allemagne), la question de la barbe se pose.

Si les experts insistent sur le fait qu’un masque FFP2 ne doit pas être utilisé pendant plus de 4 heures, qu’il doit même être changé plus tôt s’il est humide et qu’il peut être utilisé 5 fois à condition qu’il soit séché au four à 80°C pendant 1 heure, ils rappellent qu’il doit être ajusté de la meilleure manière possible. Cela passe par un rasage de près, car même les barbes courtes rendent le port du masque moins efficace affirment-ils. “En gros, la seule option est de se raser”, explique Christof Asbach, président de la Société allemande de recherche sur les aérosols, au média autrichien Der Kurier.

Un politique allemand lance un challenge

Dimanche dernier, le maire d’une ville bavaroise a d’ailleurs décidé de lancer un challenge sur internet pour appeler les membres du conseil municipal et autres internautes à faire comme lui : raser sa barbe. Un défi suivi par la personne mentionnée dans sa publication ainsi que par d’autres membres du conseil municipal.

"À partir de demain, un masque FFP2 doit être porté dans le bus, le train et les magasins. Cela n'est utile que si le masque est correctement porté. Avec une barbe, le masque ne se ferme pas hermétiquement. Une chose à faire : la barbe doit s'en aller ! Partager la souffrance, c'est moins de souffrance. Y a-t-il d'autres barbus au conseil municipal ? Christian Lehrmann ? Comment va ta barbe ?"

Au Québec, au début de la pandémie, la sous-ministre adjointe à la Direction générale des affaires universitaires, médicales, infirmières et pharmaceutiques avait imposé au personnel médical de se raser la barbe en expliquant qu’elle nuisait à l’étanchéité totale du masque. En France, il n’y a jamais d’obligation de se raser la barbe mais les personnels de santé sont incités à ne pas porter de barbe afin que leur masque FFP2 adhère bien à la peau et les protège eux ainsi que les patients.

Certains types de barbe à bannir

Cependant, il y aurait quelques “types” de barbe à bannir alors que d’autres n’ont pas d’influence néfaste. Au début de la pandémie, il y a bientôt un an, un document datant de 2017 du Center for disease control and prevention (CDC), l’autorité sanitaire américaine, avait refait surface. Ce document intitulé “Barbes faciales et filtration du masque respiratoire” présente 36 types de barbes minutieusement nommés et indique lequel est compatible avec le port du masque pour qu’il soit optimal.

"Barbes faciales et filtration du masque respiratoire" (Source : CDC, 2017)
"Barbes faciales et filtration du masque respiratoire" (Source : CDC, 2017)

Dans ce document, on s’aperçoit que le CDC ne “tolère” aucun type de barbe, à partir du moment où la pilosité faciale est en contact avec la surface d’étanchéité du masque. Les barbes de 3 jours ou même les barbes plus classiques seraient donc à bannir, au contraire des moustaches, à condition qu’elles ne soient pas trop longues, au même titre que les pattes qui doivent rester fines.

“20 à 1000 fois plus de fuites”

Le CDC avait créé cette infographie dans le but de “proposer une alternative” de style de barbe aux travailleurs qui doivent porter un masque et qui ne veulent pas se débarrasser complètement de leur pilosité facile, qui est très chère à beaucoup d’hommes.

Jackie Cichowicz, spécialiste de la communication en santé qui avait contribué à la création de l’infographie, explique que la présence de poils du visage sous la surface d’étanchéité du masque “provoque 20 à 1 000 fois plus de fuites par rapport aux individus rasés de près.” Le CDC tient également à rappeler que les poils du visage ne peuvent pas servir de filtre-anti-virus, même dans le cas où une barbe est très fournie, car la densité reste dans tous les cas trop faible.

Ce contenu peut également vous intéresser :