Covid-19: dans la ville brésilienne de Manaus, les hôpitaux en crise à cause du manque d'oxygène

Bombonnes d'oxygène à Manaus.  - Michael Dantas
Bombonnes d'oxygène à Manaus. - Michael Dantas

L'Etat brésilien d'Amazonas, dans le nord du pays, a commencé vendredi à transférer des patients atteints de Covid-19 vers d'autres régions en raison de la surcharge de ses hôpitaux manquant cruellement d'oxygène. Dès l'aube, un premier avion militaire transportant neuf patients vers le Piaui, dans le nord-est, est parti de Manaus, capitale de l'Amazonas, selon le ministère de la Défense. Au total, 235 malades devraient être acheminés vers huit capitales d'autres Etats.

Jeudi, le ministre de la Santé, Eduardo Pazuello, a admis un "effondrement des soins de santé à Manaus", qui était déjà une des villes les plus touchées lors de la première vague de la pandémie, en avril et en mai, avec des fosses communes dans les cimetières et des corps entassés dans des camions frigorifiques aux portes des hôpitaux.

Une métropole isolée

Le Brésil a été profondément choqué jeudi par des images circulant sur les réseaux sociaux montrant des familles de patients amenant à l'hôpital des bombonnes d'oxygène qu'elles s'étaient procurées par leurs propres moyens. Des médecins ont révélé dans les médias que de nombreux patients étaient morts asphyxiés, faute de l'oxygène indispensable pour la respiration artificielle des patients gravement atteints du Covid-19. "C'est terrible, ce problème dans l'Amazonas. Mais nous avons fait ce qui était de notre ressort", a déclaré vendredi le président d'extrême droite Jair Bolsonaro, très critiqué pour sa gestion de la pandémie qui a déjà fait plus de 207.000 morts au Brésil.

Des célébrités, comme l'humoriste Whindersson Nunes, l'acteur Bruno Gagliasso, la chanteuse Maria Gadu ou l'écrivain Paulo Coelho, se sont mobilisés pour acheter des bombonnes d'oxygène, mais ont rencontré des difficultés pour les acheminer vers Manaus. Cette métropole de deux millions d'habitants située en pleine forêt amazonienne est très peu reliée au réseau routier et reste surtout accessible par avion ou par voie fluviale. Cet isolement, avec une telle crise sanitaire, est "comme une condamnation à mort", a déploré le maire de Manaus, David Almeida, dans un entretien au journal Folha de Sao Paulo.

La piste d'un variant

Certains scientifiques estiment qu'il est probable que la situation se soit dégradée à cause de la présence dans la région d'un variant du coronavirus qui pourrait s'avérer plus contagieux, à l'image de ceux qui sont apparus au Royaume-Uni ou en Afrique du Sud. Mais les rassemblement liés aux fêtes de fin d'année ont également contribué à l'explosion des contaminations observée ces dernières semaines. Un couvre-feu de dix jours a été instauré jeudi, empêchant toute circulation de 19h00 à 6h00 du matin.

Les autorités locales avaient annoncé en décembre un durcissement des restrictions visant à freiner le rythme des contaminations, mais elles avaient renoncé après des protestations de commerçants.

Article original publié sur BFMTV.com