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Variant sud-africain : faut-il suspendre le vaccin AstraZeneca en Île-de-France ?

Photo d'illustration

La proportion du variant sud-africain en Île-de-France est passé de 6 à 10% des tests ciblés. Ce qui pose la question de l'avenir du vaccin AstraZeneca, moins efficace face à ce variant.

Vers un nouveau coup dur pour le vaccin AstraZeneca ? Déjà malmené dans l'opinion publique, l'avenir du vaccin britanno-suédois pourrait être remis en cause en Île-de-France, où la part du variant sud-africain est en augmentation.

Le gouvernement "constate depuis maintenant une grosse semaine une augmentation de la proportion du variant sud-africain notamment en petite couronne, qui représentait 6% des diagnostics et qui en représente désormais 10%", a déclaré Olivier Véran, mardi 27 avril. Jusqu'à présent, les données publiées ne permettaient pas de distinguer le variant sud-africain du variant brésilien, qui ont en commun la mutation E484K.

Une efficacité réduite contre les formes modérées

L'Afrique du Sud, où ce variant est majoritaire, a abandonné le vaccin Astra Zeneca en raison d'une très faible efficacité, préférant les vaccins Moderna et Pfizer. L'efficacité du vaccin Astra Zeneca contre les formes modérées pourrait tomber à 30% face au variant sud-africain, selon plusieurs études. En revanche, aucune donnée n'a été fournie concernant l'efficacité face aux formes graves dues au variant sud-africain, remarquait le Conseil scientifique dans un avis du 12 février.

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En France, la Haute Autorité de Santé a proscrit le vaccin Astra Zeneca dans les régions où le variant sud-africain est majoritaire comme à Mayotte et à La Réunion, précisant que ce vaccin n'y était de toute façon pas déployé jusqu'à présent en raison de contraintes logistiques.

La HAS déconseille AstraZeneca en Moselle

En Moselle, où début février le variant sud-africain comptait pour 40% des nouvelles infections, la HAS a recommandé de ne pas utiliser le vaccin Astra Zeneca. Preuve des craintes sur l'efficacité de ce vaccin sur le variant sud-africain, en février Olivier Véran avait attribué 30 000 doses supplémentaires de Pfizer à la Moselle pour faire face à la propagation du variant.

"L'idéal serait d'échanger les doses d'Astra Zeneca d'Ile-de-France avec celles d'un vaccin ARN d'une région où ce variant circule moins. Mais cela semble difficile à envisager", relève le chercheur en épidémiologie Michael Rochoy.

Pourcentage de suspicions pour le variant sud-africain ou brésilien parmi les tests criblés.
Pourcentage de suspicions pour le variant sud-africain ou brésilien parmi les tests criblés.

Si la part du variant sud-africain est en hausse en Île-de-France, le variant britannique reste largement dominateur, entre 65% et 85% des cas selon les départements.

"Mieux vaut se vacciner avec AstraZeneca que d'attendre un autre vaccin"

"Faut-il refuser le vaccin Astra Zeneca, efficace contre le variant britannique qui domine en Ile-de-France et qui est en partie efficace contre le variant sud-africain, ou prendre le risque d'être contaminé par n'importe quel variant en attendant un vaccin à ARN ? Avec la situation actuelle, il semble préférable d'être vacciné avec AstraZeneca", synthétise le chercheur en épidémiologie Michaël Rochoy. L'Île-de-France fait face à un taux d'incidence d'environ 460 cas pour 100 000 habitants, bien au-dessus de la moyenne nationale.

Une suspension du vaccin AstraZeneca à laquelle n'est pas non plus favorable, à l'heure actuelle, Axel Kahn. "Cela ne sert à rien de suspendre Astra Zeneca en Ile-de-France, car le problème sera national dans les prochains mois. Avec la vaccination qui progresse, la part du variant britannique va diminuer et celle des variants sud-africain et brésilien, contre lesquels les vaccins sont moins efficaces en raison de la mutation E484K, va mécaniquement augmenter", estime le généticien.

Pour lui, "il faut continuer à injecter le vaccin AstraZeneca, qui permettra de sauver des vies et de limiter les infections au variant britannique, mais il ne faut pas en commander de nouvelles doses et privilégier les vaccins à ARN pour la suite", poursuit Axel Kahn.

Un seuil d'alerte à 20% ?

La Haute autorité de santé semble avoir mis en place un seuil de 20% à partir duquel la part du variant sud-africain nécessite un ajustement de la stratégie vaccinale. La HAS écrivait le 15 avril que "le variant dit 'sud-africain' diffuse à un niveau nettement inférieur, estimé à moins de 20% actuellement dans tous les autres départements, ce qui ne justifie pas de mettre en place, à ce stade, de stratégie différenciée de recours aux vaccins dans d’autres territoires". Avec 9 à 10% de variant sud-africain en Île-de-France, la HAS ne devrait donc pas recommander une adaptation de la stratégie pour le moment.

En Moselle, les recommandations de la HAS n'ont pas été suivies par l'Agence régionale de santé et la préfecture de la Moselle qui ont indiqué poursuivre "la campagne de vaccination telle qu'elle avait été spécifiquement engagée depuis février", en privilégiant certes les vaccins à ARN messager, mais en continuant à utiliser celui d'Astra Zeneca.

Néanmoins, la situation en Ile-de-France reste sous surveillance car la part des variants brésilien ou sud-africain a doublé en deux semaines dans la région. Si la dynamique se poursuit, elle pourrait rebattre les cartes des recommandations vaccinales en région francilienne, où 559 000 personnes ont reçu au moins une dose de vaccin Astra Zeneca, selon les chiffres officiels.

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