Covid-19: retour à la maison pour 27 Polynésiens après sept mois loin de leurs îles

Un laboratoire d'analyses médicales à Papeete, le 31 août 2020 (PHOTO D'ILLUSTRATION) - Suliane Favennec - AFP
Un laboratoire d'analyses médicales à Papeete, le 31 août 2020 (PHOTO D'ILLUSTRATION) - Suliane Favennec - AFP

Vingt Pascuans bloqués à Tahiti et sept Tahitiens bloqués à l'Île de Pâques depuis l'arrêt des vols entre les deux îles, en mars, ont pu retourner chez eux le jeudi dernier dans un avion A400M de l'armée française.

Le maire de l'Île de Pâques avait décidé, le 16 mars, d'interdire aux avions de se poser pour protéger son île du Covid-19. Pendant sept mois, les Pascuans ont vécu à Tahiti sans pouvoir travailler, faute de visa.

"J'avais eu des problèmes de santé pendant ma grossesse et j'ai dû venir accoucher à Tahiti, parce que notre hôpital n'a pas les moyens de réanimer un bébé en cas de complications", a expliqué Ely Manutomatoma, une Pascuane de 39 ans. Elle a accouché à Papeete début mars et a élevé son bébé à Tahiti, avec une aide familiale pour seule ressource et sans son fils aîné, resté à l'Île de Pâques.

"La solidarité polynésienne"

Une autre Pascuane, Mihinoa Terakahau Pont, était arrivée enceinte à Tahiti : elle a passé toute sa grossesse avec son premier enfant, tandis que son compagnon, resté à l'Île de Pâques, perdait son emploi dans le tourisme, faute de liaisons aériennes. La jeune femme de 21 ans a accouché de son deuxième fils le 3 octobre à Papeete et a pu repartir sur son île avec le nourrisson.

C'est la "solidarité polynésienne" qui leur a permis de tenir, explique une autre Pascuane, Kissy Ika Chavez.

Le virus ne circulant pas à l'Île de Pâques, les sept Polynésiens de retour à Tahiti n'ont pas à subir de quarantaine. Les vingt passagers revenus à l'Île de Pâques, eux, ont été isolés dans un hôtel pour deux semaines, avec une surveillance médicale quotidienne et des tests PCR avant leur sortie.

Isolés dans l'océan Pacifique, les 8000 habitants de l'Île de Pâques disposent de peu de moyens sanitaires pour faire face au virus. Très dépendants du tourisme, ils se souviennent cependant que leur histoire a été marquée par les épidémies. Au XIXe siècle, des Pascuans avaient été réduits en esclavage au Pérou. Ils avaient pu revenir sur leur île, mais y avaient rapporté des maladies. La population avait été divisée par vingt, tombant à 111 habitants en 1877.

Les Pascuans et les Tahitiens font partie du même espace culturel, le triangle polynésien, dans le sud de l'océan Pacifique. Mais l'Île de Pâques est chilienne, tandis que Tahiti est l'île la plus habitée de la Polynésie française, une collectivité d'outre-mer française.

La Polynésie française a détecté 2692 cas de Covid-19 ces trois derniers mois et déplore dix morts.

Article original publié sur BFMTV.com