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Covid-19 : quelles restrictions prendre face au variant Delta ?

Photo d'illustration

Alors qu'un Conseil de défense est prévu lundi et pourrait aboutir à de nouvelles restrictions, le gouvernement a à disposition plusieurs leviers.

Le variant Delta ne cesse de progresser dans l'Hexagone, entraînant une hausse du nombre de nouveaux cas. Le 7 juillet, 4081 cas positifs ont été recensés en 24h, plus haut nombre depuis le 10 juin, le dixième jour consécutif de hausse. Sur une semaine, on enregistre une hausse de 49%. Soit près de 2 800 cas positifs recensés chaque jour en moyenne en France.

Une hausse qui fait craindre une quatrième vague importante aux autorités. Face à cette même situation, des restrictions ont déjà été prises en Espagne et au Portugal où les boites de nuit ont fermé dans certaines régions et un couvre-feu rétabli dans plusieurs communes. Une quatrième vague déjà amorcée au Royaume-Uni, qui a de son côté choisi de lever l'ensemble des restrictions dès le 19 juillet.

"Si vous voulez aider les soignants, allez vous faire vacciner"

Un Conseil de défense doit se tenir lundi, à l'issue duquel plusieurs décisions pourraient être prises pour tenter de limiter l'impact de cette nouvelle vague de contaminations. "Le plus efficace, c'est d'agir sur la vaccination car c'est la seule solution pragmatique que l'on a. À 20 heures il y avait plein d'applaudissements pour les soignants. Si vous voulez vraiment aider les soignants, allez vous faire vacciner", lance Mathias Wargon, chef des urgences à l'hôpital Delafontaine à Saint-Denis (93).

L'une des pistes les plus fréquemment évoquée, c'est l'obligation vaccinale pour les soignants, dont 70% sont vaccinés. Mais dans le détail, les écarts selon les professions sont importants avec 89,9% des soignants libéraux ayant reçu au moins une dose, contre 59,3% des professionnels en Ehpad.

VIDÉO : en France, l'exécutif s'inquiète du variant Delta et d'une possible 4ème vague :

Rendre la vaccination obligatoire pour tous

Mathias Wargon propose d'aller plus loin. "Ça fait des mois qu'on essaie de convaincre, on a le sentiment qu'on s'approche du noyau dur des récalcitrants à la vaccination, il faut réfléchir à la rendre obligatoire pour tous ou à instaurer un pass vaccinal, duquel les PCR seraient exclus, sauf cas particuliers", alors qu'en France, 51,8% de la population a reçu au moins une dose, et 37,1% des Français sont totalement vaccinés.

"En majorité, ceux qui ne sont pas vaccinés disent soit qu'ils attendent car ils craignent les effets du vaccin à long terme, mais le long terme c'est dans 10 à 20 ans, donc on ne sait pas vraiment ce qu'ils attendent. Et il y a ceux qui disent : 'Si on m'oblige, alors je me ferai vacciner'. Donc rendons la vaccination obligatoire si c'est la seule solution", argumente le chef des urgences à l'hôpital Delafontaine à Saint-Denis.

Des bons d'achats pour inciter à se faire vacciner

Si la vaccination obligatoire pour les soignants semble avoir un large consensus, la vaccination obligatoire dans la population a été écartée par les autorités. "Nous ne contraindrons pas les Français à se faire vacciner. La vaccination n’a pas à être obligatoire en population générale", expliquait Olivier Véran début juillet.

Autre piste évoquée autour de la vaccination, la mise en place d'incitations à la vaccination, comme certaines municipalités l'ont déjà fait comme Argenteuil ou Nîmes, qui proposent l'inscription à des tombolas avec des lots à gagner, afin d'inciter les plus jeunes à être vaccinés.

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Élargir le pass sanitaire aux restaurants

"Au-delà de la vaccination, le meilleur levier est d'étendre le pass sanitaire aux lieux les plus à risque de contamination, comme les salles de restaurant, les salles de sport, voire à d'autres lieux si l'on constate que les mesures barrières ne sont pas respectées comme les cinémas", propose Michaël Rochoy, chercheur en épidémiologie.

"Si on n'opte pas pour la sécurisation de ces lieux avec le pass sanitaire, il faudrait envisager le retour des jauges voire des fermetures, ce qui risque d'être difficile pour les professionnels", poursuit le médecin. Une idée qui semble être évoquée et qui pourrait satisfaire les restaurateurs. Le pass sanitaire dans les restaurants "est en discussion avec Bercy" mais "aucune date n'a été retenue", a expliqué sur France Info Didier Chenet, président national du GNI, le Groupement national des indépendants de l’hôtellerie et de la restauration.

"Si ce pass sanitaire doit être une alternative à une éventuelle fermeture de nos établissements, voire la remise en place de jauges, bien évidemment nous donnerons notre accord", explique-t-il tout en relevant les difficultés d'application d'une telle mesure.

Un renforcement des contrôles aux frontières

Parmi les autres pistes évoquées, un renforcement des contrôles aux frontières, voire des restrictions. Clément Beaune, secrétaire d’État aux Affaires européennes a ainsi déconseillé aux Français de programmer des vacances en Espagne et au Portugal, où le nombre de cas est en forte augmentation. "Nous allons prendre des mesures renforcées", a-t-il notamment lancé, sans donner davantage de précisions sur France 2.

"À partir du moment où le variant Delta circule déjà fortement dans l'Hexagone, réduire les déplacements vers d'autres pays européens aura peu d'effet sur la circulation du variant, cela évitera éventuellement des contaminations de quelques individus", juge Michaël Rochoy.

À l'étranger, retour du couvre-feu

Face à l'augmentation du nombre de cas de Covid-19, sous l'effet du variant Delta, d'autres pays européens ont pris des restrictions. Ainsi, au Portugal, un couvre-feu nocturne a de nouveau été imposé dans les 45 villes les plus touchées, dont Lisbonne et Porto, et les bars et restaurants doivent fermer à 22h30 en semaine et 15h30 le week-end. En Espagne, plusieurs régions ont décidé d'une fermeture anticipée des bars et restaurant. voire de la fermeture des boites de nuit, comme la Catalogne.

"On imagine mal des fermetures ou un couvre-feu en plein été, qui risquent d'être mal supporté voire pas respecté par la population. D'autant que l'efficacité du couvre-feu reste à démontrer...", estime Michaël Rochoy.

Parmi les autres pistes qui sont déjà mises en avant, notamment par l'Académie de médecine, la fin de la gratuité des tests de "confort", réalités pour se rendre à l'étranger par exemple. De quoi inciter indirectement les Français à aller se faire vacciner.

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