Covid-19: le protocole sanitaire dans les lycées remis en question, de nouvelles mesures réclamées

Les enseignants du lycée Roubaix en grève contre le nouveau protocole sanitaire. - BFM Lille
Les enseignants du lycée Roubaix en grève contre le nouveau protocole sanitaire. - BFM Lille

Un jour après la rentrée, la grogne monte déjà dans les lycées: des élèves ont manifesté mardi devant leurs établissements pour dénoncer le protocole sanitaire, jugé insuffisant pour freiner l'épidémie, et des voix réclament en urgence de nouvelles mesures.

Dans la matinée, une dizaine de lycées parisiens ont été la cible de brefs blocages ou de tentatives de blocage. Après l'intervention des forces de l'ordre, la situation s'est rapidement stabilisée, selon le rectorat de Paris.

Les élèves dénonçaient le protocole sanitaire actuellement en vigueur, qui n'a pas été modifié ou très peu malgré la recrudescence des cas de coronavirus.

"Tous collés"

"On est dans un lycée avec des classes de 35, tous collés", a déploré Nora, en terminale au lycée Sophie-Germain.

"On a des toutes petites salles. La cantine est toute petite, sans aération et on mange sans les masques... Donc, ce qu'on demande, c'est un nouveau protocole sanitaire qui permettrait aux professeurs de dédoubler leurs classes", a renchéri un de ses camarades, Jules. "Deuxièmement, peut-être une modification des horaires de cantine pour éviter de trop gros flux, et puis un allègement des programmes", a-t-il ajouté.

Ailleurs en France, quelques autres tentatives de blocus ont eu lieu, comme au lycée Guist'hau de Nantes ou au lycée Pasteur de Besançon, où plus d'une centaine de lycéens étaient mobilisés.

"On risque de se faire contaminer"

"Dans notre lycée, les couloirs sont étroits, on est collés-serrés, c'est impossible de ne pas se toucher" et "il y a 35 élèves par classe, dont certains ne mettent pas le masque et ne se font pas réprimander", a rappelé Anaëlle David, élève en terminale dans cet établissement. "Si on reste au lycée, on risque de se faire contaminer".

Des blocages ou rassemblements se sont aussi tenus devant plusieurs lycées en Corse, conduits par des lycéens affirmant "avoir peur" du contexte sanitaire et de la menace terroriste. Ils ont demandé au gouvernement de les "mettre en sécurité" en "fermant les lycées et en installant une continuité pédagogique". Hormis l'obligation du port du masque en primaire, le nouveau protocole prévu pour la rentrée des vacances de Toussaint invite à limiter les brassages et à respecter la distanciation physique dans la mesure du possible.

La présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, s'est inquiétée des difficultés à le suivre dans les "dizaines de lycées surpeuplés" de sa région.

Les Hauts-de-France demandent une révision

Mardi, la région Hauts-de-France a aussi demandé une "révision" du protocole, "pas applicable" dans les gros établissements.

Plusieurs syndicats plaident depuis des semaines pour un renforcement des règles et l'accueil des élèves en effectifs réduits, via un système de rotation. Une option "pas privilégiée" à ce stade par le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer.

Quand le protocole sanitaire ne peut pas être respecté, des solutions doivent pouvoir être trouvées avec des demi-groupes ou avec de l'enseignement hybride en accord avec les rectorats afin de permettre une continuité pédagogique, a précisé le ministère de l'Education.

"Le contexte sanitaire est grave, on a fait une rentrée dans les mêmes conditions qu'au mois de septembre, alors que le virus circulait beaucoup moins alors", a regretté Sophie Vénétitay, du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire.

"La situation n'est pas tenable"

Son organisation, qui a déposé des préavis de grève, demande en urgence "le passage à des demi-groupes", la "réorganisation de la demi-pension", le "recrutement d'agents pour nettoyer davantage les salles" et une "réflexion pour renforcer l'aération".

En Seine-Saint-Denis, des dizaines de collèges et lycées étaient en grève mardi pour réclamer un dédoublement de classes.

La "situation n'est pas tenable", a jugé pour sa part Mathieu Devlaminck, président de l'Union nationale lycéenne (UNL), réclamant la mise en place de demi-groupes et un "allègement de moitié des programmes".

"Si on ne fait rien, on va tout droit vers une fermeture des lycées dans quelques semaines", a-t-il lancé.

Ce week-end, le ministre de la Santé Olivier Véran a estimé "possible" que les lycées referment si les mesures prises ces derniers jours pour freiner l'épidémie ne s'avèrent pas "suffisamment efficaces".

Article original publié sur BFMTV.com