Covid-19 : pourquoi la France vaccine moins bien les personnes âgées que ses voisins européens ?

En France, moins de 80% des plus de 80 ans ont été vaccinés contre le Covid-19.

En comparaison à ses voisins européens, la France a du retard concernant la vaccination contre le Covid-19 des personnes âgées. Comment expliquer cet échec ?

C'est une catégorie dans laquelle la France peut être classée parmi les mauvais élèves. Comparé aux autres pays européens, la vaccination des personnes âgées est à la traine. Seulement 79,4% des plus de 80 ans ont été vaccinés, 89% des 70-79 ans et 77% des 60-69 ans. À titre de comparaison, l'Espagne à respectivement vacciné 100%, 97,8% et 93,7% de ces trois tranches d'âge. Quant au Portugal, le pays frôle les 100% dans ces trois catégories d'âge confondues.

Dans son dernier avis, le Conseil scientifique s'inquiète d'ailleurs du nombre trop élevé de personnes à risque, dont font partie les plus de 60 ans, n'étant pas encore vaccinées. En revanche, concernant la vaccination tout âge confondu, la France est dans les standards européens et vaccine même très bien ses jeunes.

Des rendez-vous automatiques par SMS

Un article du Monde publié jeudi 8 juillet explique les méthodes très efficaces employés par nos voisins ibériques pour aller chercher les personnes âgées et les inciter à se faire vacciner. Tout d'abord, la fronde anti-vaccin dans ces pays est bien moins importante que celle observée en France. L’Espagne n’a, par exemple, pas connu de véritable débat sur les vaccins, explique Sandrine Morel, correspondante pour le Monde à Madrid. Le Centre de recherche sociologique estime que 6% des Espagnols sont opposés au vaccin contre le Covid-19, contre environ 15% en France.

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De plus, les stratégies vaccinales espagnole et portugaise sont bien différentes. En France, les personnes doivent prendre rendez-vous elles-même pour se faire vacciner, tandis qu'en Espagne et au Portugal, les autorités sanitaires contactent directement les habitants un par un grâce au registre de la Sécurité sociale. "Si j’avais dû en faire la demande moi-même, je ne me serais jamais fait vacciner. Mais puisqu’on m’a donné un rendez-vous, je me suis décidé, contre mes propres convictions", explique au Monde un octagénaire espagnol ayant reçu un SMS avec un rendez-vous de vaccination automatiquement programmé.

L'accompagnement des personnes âgées insuffisant en France

Le quotidien explique que les départements de santé des régions espagnoles ont développé l’envoi de rendez-vous vaccinal par SMS à valider en cliquant sur un lien, faisant apparaître un QR code à présenter le jour J. Les personnes ont en revanche le droit de refuser ces rendez-vous.

Un accompagnement des personnes âgées qui a probablement manqué à la France, comme l'explique Antoine Flahault, épidémiologiste et professeur de santé publique à l'université de Genève : "La vaccination dans les Ehpad s'est bien passée parce qu'il y avait une bonne structure d'accompagnement pour les résidents. C'est la vaccination pour les personnes âgées en autonomie qui a le plus posé problème. Celles qui ont pu avoir un proche à disposition pour les inscrire et les accompagner au centre de vaccination ont pu être vaccinées mais les personnes les plus isolées dans des zones reculées ont eu des difficultés. Si des pays comme le Portugal et l'Espagne sont près des 100%, c'est qu'ils ont mis en place des dispositifs plus dynamiques et plus efficaces."

Les médecins généralistes, la solution ?

La Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés) a récemment autorisé les médecins généralistes français à avoir accès à la liste des patients non-vaccinés dans le but "d'informer et de sensibiliser" et non de convaincre, précise l'organisme public qui agit au nom de l'État. Mais en informant et sensibilisant au cas par cas, l'objectif est bel et bien d'attirer ces personnes dans les centres de vaccination.

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Une "très bonne idée", selon le professeur Flahault : "C'est une bonne chose parce que les généralistes bénéficient d'un bon capital confiance, en particulier chez les personnes âgées. Il faut aller chercher les personnes âgées les unes après les autres, notamment celles qui sont isolées. Jusqu'ici, les médecins généralistes avaient été tenu à l'écart de ces campagnes de vaccination pour des raisons de logistique et de chaîne de froid, donc les remettre dans le cœur du dispositif est une très bonne idée."

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