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Covid-19 : pourquoi les bars ferment et pas les restaurants ?

À partir de mardi 6 octobre, les bars parisiens doivent totalement fermer, mais pas les restaurants.

En raison d’une aggravation de la situation sanitaire, le gouvernement a décidé de placer Paris et sa petite couronne en zone d’alerte maximale, provoquant la fermeture complète des bars et des cafés, mais pas des restaurants. Explications.

La nouvelle est tombée dimanche soir. Paris, les Hauts-de-Seine, la Seine Saint-Denis et la Val-de-Marne sont passés en zone d’alerte maximale pour au moins deux semaines, pour faire face à l’épidémie de Covid-19. La principale conséquence de cet état d’alerte maximale est la fermeture complète des bars et des cafés, comme cela est le cas pour la Métropole Aix-Marseille et la Guadeloupe depuis la semaine dernière. En revanche, les restaurants pourront quant à eux rester ouverts, au prix d’un protocole sanitaire renforcé. Mais les bars sont-ils vraiment plus des lieux propices à la contagion que les restaurants ?

Malgré les statistiques publiées chaque semaine par Santé Publique France, il est difficile voire impossible d’observer la part des contaminations qui ont eu lieu dans les bars et restaurants. Elles démontrent seulement qu’environ 20% des clusters détectés en France viennent des “rassemblements temporaires de personnes” lors d’événements publics ou privés. Il est d’ailleurs très probable que ce chiffre soit sous-estimé, les clusters étant plus difficiles à remonter dans ces lieux où les gens ne sont que brièvement de passage et pas retrouvables, contrairement aux mariages.

La distanciation physique difficile à respecter

Tous les spécialistes s’accordent pour dire que ces lieux sont propices à la contagion du virus, en particulier les bars. En effet, lorsque les gens consomment, le port du masque est impossible. Lorsque la musique est forte, les gens parlent plus fort et se rapprochent pour pouvoir communiquer, ce qui favorise la projection de gouttelettes. Contrairement au restaurant où les clients sont assis à une table et donc un minimum à l’écart des autres gens, dans un bar, il est fréquent que les clients soient debout les uns à côté des autres. La distanciation physique est donc bien plus dure à respecter dans les bars, d’autant plus lorsque la consommation d’alcool est excessive.

C’est ce qu’explique ce lundi Martin Hirsch, directeur général de l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), sur le plateau de France Info : “La seule manière d’éviter qu’il circule est de limiter les interactions sociales qu’on peut dire à risques. [...] C’est quand on est trop proches, sans masque, à se parler, à se postillonner, à exhaler de l’air vers l’autre.”

Pour limiter la propagation du virus, Martin Hirsch estime ainsi qu’il faut limiter l’accès à ce type d’endroits, où l’on est le plus souvent “face-à-face, nombreux et en contact”, ce qui concerne plus les bars que les restaurants.

Les bars plus vecteurs de contamination

Au début du mois de septembre, une étude américaine publiée par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) a conclu que sur 314 personnes venues se faire dépister, les personnes testées positives étaient 4 fois plus nombreuses à être allées dans un bar ou un café que les personnes négatives, et 2,8 fois plus nombreuses à être allées dans un restaurant.

Une étude internationale publiée au mois de septembre, dans la revue Nature medicine, montre par ailleurs les modes de diffusion du coronavirus à Hong-Kong. On y apprend que les bars favorisent largement la diffusion du virus.

Chaînes de transmission du SARS-CoV-2 à Hongkong.  a : contamination à partir de bars avec orchestre.  b : contamination associée à un mariage.  c : transmission du virus à partir d’un cluster dans un temple.  d : ensemble des autres cas de transmission dont la source et la chaîne de transmission n’ont pu être déterminées.  (Adam DC, et al. Nat Med)
Chaînes de transmission du SARS-CoV-2 à Hongkong. a : contamination à partir de bars avec orchestre. b : contamination associée à un mariage. c : transmission du virus à partir d’un cluster dans un temple. d : ensemble des autres cas de transmission dont la source et la chaîne de transmission n’ont pu être déterminées. (Adam DC, et al. Nat Med)

Au Japon, une étude réalisée sur une soixantaine de clusters révèle que beaucoup d’entre eux sont associés à des lieux où il y a une “respiration abondante à proximité” comme chanter lors de soirées karaoké, applaudir dans des clubs, avoir des conversations dans des bars ou encore faire de l’exercice dans des gymnases. L’enquête révèle que derrière les établissements de santé, les bars et restaurants sont les premiers lieux de transmission du virus.

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