Covid-19 : la pollution de l'air pourrait augmenter la mortalité de 18% en France

Asian woman is wearing protection mask in order to protect bad air pollution PM2.5 in Bangkok, Thailand.

Selon une étude internationale, une exposition à long terme à la pollution atmosphérique pourrait entraîner un risque accru de mourir de Covid-19.

“La pollution de l’air en milieu urbain accroit le risque de maladies respiratoires aiguës et chroniques ainsi que des maladies cardio-vasculaires”, ne cesse d’alerter l’Organisation Mondiale de la santé. Pas surprenant donc que des scientifiques aient cherché à savoir s’il existait un lien entre la pollution atmosphérique et le Covid-19. Selon une étude parue dans la revue spécialisée Cardiovascular Research et relayée par la Société Européenne de Cardiologie, environ 15% des décès dans le monde dus au coronavirus résulteraient d’une exposition à long terme à la pollution de l’air.

Ce danger ne serait pas directement lié à la pollution de l’air, il serait un facteur aggravant pour les personnes ayant des comorbidités. “Bien que nos résultats soient incertains, la contribution de la pollution de l’air à la mortalité par la Covid-19 est claire. Cependant, la mortalité réelle est influencée par de nombreux facteurs, tels que le système de santé du pays”, indique le Dr. Andrea Pozzer, principal auteur de l'étude.

“Les chiffes sont des estimations de la proportion de décès dus au Covid-19 qui auraient pu être évités si la population avait été moins exposée à la pollution atmosphérique, sans émissions provenant de l'utilisation de combustibles fossiles et d'autres sources causées par les humains”, estime l’Institut Max Planck de chimie en Allemagne, à l’origine de l’étude. Précisons que cette estimation pourrait varier en fonction de la zone géographique. C’est en République Tchèque que la population serait la plus à risque (29%), puis en Chine (27%) et en Allemagne (26%). Le taux s’élèverait à 18% en France et 21% en Belgique. Le taux le plus faible s’observe en Italie (15%), au Brésil (12%), en Israël (6%), en Australie (3%) et en Nouvelle-Zélande (1%).

Des particules fines nocives

En cause, les particules fines polluantes et nocives appelées PM2,5. Lorsqu’elles sont inhalées, ces particules d’un diamètre inférieur ou égal à 2,5 micromètres “migrent des poumons vers le sang et les vaisseaux sanguins”, précise Thomas Münzel, chercheur au Centre médical universitaire de Mayance (Allemagne). “Cela provoque une inflammation et un stress oxydatif sévère, un déséquilibre entre les radicaux libres et les oxydants qui réparent normalement les dommages des cellules. Cela endommage la paroi interne des artères et conduit à leur rétrécissement et à leur raidissement. Le coronavirus, responsable du Covid-19 pénètre également dans le corps par les poumons, causant des dommages similaires aux vaisseaux sanguins”.

Dans les faits, ces particules augmenteraient l’activité d’un récepteur, appelé ACE-2, situé à la surface des cellules et impliqué dans la manière dont le Covid-19 infecte les patients, selon les chercheurs. Une découverte importante pour les chercheurs qui estiment avoir réalisé “un coup double : la pollution de l'air endommage les poumons et augmente l'activité de l'ACE-2, ce qui conduit à une meilleure absorption du virus".

“Si l'exposition à long terme à la pollution de l'air et l'infection par le coronavirus se conjuguent, nous avons un effet néfaste additif sur la santé, ce qui conduit à une plus grande vulnérabilité et à une moindre résilience au Covid-19. Si vous avez déjà une maladie cardiaque, par exemple, la pollution de l'air et l'infection à coronavirus causeront des problèmes pouvant entraîner des crises cardiaques, une insuffisance cardiaque et un accident vasculaire cérébral”, concluent les chercheurs.

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