Covid-19 : pari déjà perdu pour Emmanuel Macron

Emmanuel Macron, le 8 mars 2021.

Le chef de l'Etat avait refusé de reconfiner le pays fin janvier, alors que de nombreux médecins le réclamaient. Une décision présentée comme un pari, qui semble aujourd'hui perdant.

Emmanuel Macron voulait tout faire pour éviter un reconfinement. Fin janvier, alors que l'épidémie s'accélérait, le pays semble se diriger vers un nouveau confinement. Une décision qui semblait faire consensus parmi les médecins, appuyée par les chiffres de l'épidémie, et à laquelle les Français semblaient s'être résignés.

Mais finalement, Emmanuel Macron décide de ne pas reconfiner le pays. Une décision présentée comme un "pari" par son entourage, qui surprend les scientifiques. L'idée du chef de l'Etat : miser sur une accélération de la vaccination et l'arrivée du printemps pour éviter de confiner le pays pour une troisième fois.

Un pari "perdu d'avance"

"Fin janvier, les courbes et l'évolution de l'épidémie annonçaient déjà la situation critique actuelle, le pari était perdu d'avance", rappelle Michaël Rochoy, chercheur en épidémiologie et membre du collectif Du Côté de la Science. D'autant que, pointe le médecin, le couvre-feu 18h n'est rien d'autre qu'un "confinement du soir" et le confinement le week-end, qui pourrait être étendu, "montrent que le pari de ne pas confiner est déjà perdu".

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Fin janvier, les experts alertaient sur un "faux plateau", qui masquait la progression du variant anglais dans l'épidémie. Le 27 janvier, le variant anglais représentait 14 % des cas de Covid-19 contre 3,3 % le 8 janvier. Début mars, il représente 65,3% des nouveaux cas recensés dans le pays.

"Fin janvier, on avait mis en garde : la part du variant anglais progressait et une fois majoritaire l'épidémie allait flamber. C'est exactement ce qui est en train de se passer, avec une forte accélération des indicateurs", rappelle le docteur Jérôme Marty, président du syndicat UFML, qui regrette l'attentisme de l'exécutif face à cette situation. "On avait dit qu'il fallait confiner vite et fort, pour des résultats rapides. Vu qu'il est trop tard pour espérer des résultats rapides, il va falloir attendre et espérer que les décisions prises soient efficaces".

Un autre "pari" remis en cause ?

De quoi jeter des doutes sur une autre déclaration d'Emmanuel Macron. Le 1er mars dernier, le chef de l'Etat exhortait les Français à "tenir" encore "4 à 6 semaines", avant que certaines restrictions sanitaires ne puissent être assouplies. Soit jusqu'à la mi-avril au plus tard.

Un délai qui semble difficile à tenir pour un allègement des restrictions. "Les malades de cette semaine vont dans plusieurs jours se répercuter sur les chiffres des hospitalisations puis dans les réanimations et enfin les décès. Et avec 27 000 contaminations en moyenne par jour, l'impact sera important", rappelle Michaël Rochoy.

Le nombre de cas positifs en France
Le nombre de cas positifs en France

"Au mieux, si les mesures prises sont suffisantes et efficaces, dans un mois on sera dans la situation actuelle, le temps que les mesures aient un effet sur les admissions à l'hôpital et en réanimation", renchérit Jérôme Marty. Difficile d'imaginer un allègement notable des restrictions d'ici la mi-avril.

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"Il fallait prendre des mesures fortes fin janvier"

Un objectif qu'il aurait été possible de respecter "en prenant des mesures fortes fin janvier. On serait dans une bien meilleure situation aujourd'hui, avec la perspective de rouvrir des lieux comme les musées ou les cinémas. Au lieu de cela, on se retrouve à 27325 cas par jour en moyenne, et une situation compliquée en réanimation", regrette Michaël Rochoy.

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