Covid-19 : des milliers d'Espagnols dans les rues pour célébrer la fin de l'état d'urgence

Dans la nuit du samedi 8 au dimanche 9 mai, des milliers d'Espagnols ont célébré la fin de l'état d'urgence sanitaire et du couvre-feu dans les rues comme ici, à Barcelone.

Dans la nuit de samedi à dimanche, des milliers d'Espagnols sont descendus dans les rues pour fêter la fin de l'état d'urgence sanitaire après plus de 6 mois de restrictions. Ces célébrations inquiètent les autorités sanitaires qui appellent à plus de prudence.

Ce sont des images qui font envie, mais qui laissent surtout craindre le pire. Dans la nuit du samedi 8 au dimanche 9 mai, l'état d'urgence sanitaire mis en place depuis le mois d'octobre dernier à pris fin en Espagne, donnant lieu à des scènes de fête dans de nombreuses villes du pays. Après plus de 6 mois de couvre-feu, d'interdiction de déplacement entre les régions et une interdiction de rassemblement de plus de 6 personnes, la plupart des Espagnols peuvent reprendre un semblant de vie normale, et ils ne se sont pas fait attendre.

Des rues pleines à craquer

Dès minuit et les premières minutes de "liberté", des feux d'artifice ont été tirés à Madrid. De nombreuses personnes se sont rassemblées Puerta del Sol, place centrale où les fêtards madrilènes se retrouvent traditionnellement pour la nouvelle année. Des événements similaires ont été observés dans d'autres grandes villes du pays comme Barcelone, Bilbao ou Malaga, où des nombreuses personnes ont fait la fête toute la nuit jusqu'au petit matin.

Grands rassemblements, absence de distanciation sociale, pas ou peu de port du masque, consommation d'alcool... Il semblerait que de nombreux Espagnols interprètent la fin de cet état d'urgence comme la fin de la pandémie. Pourtant, même si la campagne de vaccination s'accélère en Espagne avec plus de 28% de la population ayant reçu une dose de vaccin et près de 13% ayant reçu les deux doses, de nombreux efforts restent à faire pour vaincre le virus.

"Une fête alcoolisée [...] n’est pas la liberté"

Si le nombre de nouveaux cas quotidien est en baisse depuis quelques semaines, ces célébrations inquiètent les autorités. Le gouvernement central a décidé de ne pas prolonger les nombreuses restrictions mises en place dans le pays afin de laisser les régions décider des mesures nécessaires pour contenir le virus. Le couvre-feu n'est par exemple maintenu que dans la Communauté valencienne et dans les îles Baléares.

Suite à ces scènes de liesse partagées en masse sur les réseaux sociaux, le maire de Madrid José Luis Martínez-Almeida, a appelé les gens à se souvenir des règles essentielles pour lutter contre le Covid-19, notamment concernant la consommation d'alcool.

"La liberté n'est pas synonyme de soirées alcoolisées dans la rue parce que ces soirées alcoolisés ne sont pas autorisées dans la ville de Madrid", a-t-il déclaré dimanche, rappelle le Guardian. "Chacun de nous doit comprendre que nous vivons en société et qu’une fête alcoolisée dans les rues de Madrid n’est pas la liberté."

D'après des témoignages recueillis par la radio RFI, de nombreux médecins ou même habitants madrilènes dénoncent ces rassemblements à une période où le Covid-19 circule toujours et craignent de voir les contagions se multiplier. D'autant plus qu'à Madrid, 42% des lits des unités de soins intensifs sont occupés par des patients atteints du Covid-19, contre 21% dans le reste du pays.

"La fin de l'état d'urgence ne signifie pas la fin des mesures"

Dans un tweet publié dimanche matin suite à ces célébrations, le président du gouvernement socialiste Pedro Sánchez a tenu à rappeler aux citoyens l'importance de la notion d'unité pour vaincre la maladie. "La pandémie nous a montré une fois de plus la valeur de l’unité. Notre action commune a été déterminante face au virus et elle le sera également maintenant que nous entrons dans la phase de redressement."

L'épidémiologiste Fernando Simón, cadre du ministère espagnol de la Santé, avait pourtant prévenu la population de ne pas baisser la garde en début de semaine dernière. "La fin de l'état d'urgence ne signifie pas la fin des mesures de contrôle. Des mesures individuelles devront continuer à être appliquées et le communautés continueront d'appliquer un grand nombre de mesures qui leur permettront de contrôler la transmission."

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Si de nombreux Espagnols n'ont donc pas suivi les recommandations de l'épidémiologiste en chef du gouvernement, c'est également le cas du gouvernement régional madrilène. Après avoir critiqué pendant de longs mois les mesures restrictives mises en place par le gouvernement socialiste, la présidente de la communauté de Madrid Isabel Díaz Ayuso a décidé de ne pas imposer un nouveau couvre-feu et de ne plus infliger d'amendes aux personnes qui organisent des rassemblements de plus 6 personnes. Depuis le début de la crise, celle qui est surnommée la "Trump espagnole" par la gauche se démarque par sa gestion peu restrictive de la pandémie.

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