Covid-19: ce que l'on sait du traitement médical reçu par Donald Trump

Donald Trump lors de son éphémère sortie de l'hôpital.  - ALEX EDELMAN
Donald Trump lors de son éphémère sortie de l'hôpital. - ALEX EDELMAN

Après deux nuits passées à l’hôpital, Donald Trump semble aller mieux et n’a plus de fièvre, a déclaré dimanche soir le médecin de la Maison Blanche Sean Conley depuis l'hôpital militaire de Walter Reed. Si la communication erratique de son entourage laisse planer le doute sur le réel état de santé du président américain, les médecins assurent qu’il continue de "s’améliorer".

Un cocktail expérimental de la société Regeneron lui a été administré dès vendredi. A 74 ans, Trump reste par ailleurs sous remdesivir, un médicament antiviral par intraveineuse administré pendant 5 jours, et a également été placé sous dexaméthasone, un corticoïde utilisé pour le traitement des cas sévères de Covid-19. BFMTV.com fait le point sur ces nombreuses cures utilisées pour sortir Donald Trump de la maladie.

· Un cocktail expérimental d’anticorps

Depuis vendredi après-midi, le président américain est soigné par un traitement expérimental de la société de biotechnologie Regeneron. Il s’agit d’anticorps de synthèse qui ont donné des résultats préliminaires encourageants dans des essais cliniques sur un petit nombre de patients. Donald Trump a reçu la plus forte dose: 8 grammes.

Ces anticorps de synthèse sont fabriqués en laboratoires et, injectés dans le corps d'un patient. Ils fondent sur le virus pour le neutraliser comme est censé le faire le système immunitaire.

La semaine dernière, Regeneron a annoncé que dans un essai sur 275 patients, le cocktail avait réduit la quantité de virus chez les patients infectés non hospitalisés et accéléré leur rétablissement. Mais pour l’heure ce traitement n’a pas reçu d’autorisation de mise sur le marché.

· Le remdesivir, un antiviral pour empêcher la réplication du virus

Le président des Etats-Unis reçoit également depuis samedi un traitement de 5 jours par intraveineuse appelé remdesivir. Cet antiviral empêche la réplication du virus et permet, en principe, d’accélérer le rétablissement des personnes atteintes d’une forme modérée de la maladie infectieuse.

Selon une étude américaine menée sur 600 malades et parue en août dans le Journal of the american medical association, l’état de santé des personnes bénéficiant d’un traitement au remdesivir semble s’améliorer nettement au bout de 11 jours, contrairement à ceux qui suivent un traitement standard, rapporte CNN.

· Le dexaméthasone, un corticoïde efficace contre les formes graves de Covid-19

Dès samedi, les médecins ont décidé d'administrer un troisième traitement à Donald Trump. Il s’agit du dexaméthasone, un corticoïde efficace contre les formes graves de Covid-19. Une décision qui a étonné certains professionnels du monde scientifique.

"Généralement, on applique ce traitement quand on commence à s’inquiéter de la situation du patient. Je ne comprends pas pourquoi on lui donne du dexaméthasone s’il n’a pas besoin de supplémentation en oxygène", remarque auprès de CNN la docteure Rochelle Walensky, cheffe du service des maladies infectieuses à l’hôpital général du Massachusetts General Hospital.

Ce traitement est même déconseillé aux patients n’ayant pas besoin d’un support en oxygène car il peut diminuer la capacité du corps à se battre contre l’infection, souligne l’Institut national de santé américain. Or, samedi, le docteur Conley s'est borné à répondre que Donald Trump n’avait pas eu besoin d’une supplémentation en oxygène depuis son hospitalisation, restant évasif quand les journalistes lui ont demandé s'il en avait reçu à aucun moment.

Finalement, dimanche, les médecins du président ont reconnu que son niveau d’oxygène avait baissé à deux reprises, justifiant ainsi le recours à une supplémentation en oxygène et, par conséquent, au dexamethasone.

· Une supplémentation en oxygène

Faisant volte-face par rapport à son point presse de samedi, le docteur Sean Conley a confirmé dimanche que Donald Trump avait bien eu besoin d'une supplémentation en oxygène vendredi, pendant environ une heure, à la Maison Blanche, un épisode jugé suffisamment inquiétant pour décider de son hospitalisation dans la soirée.

"J'étais inquiet d'une progression potentiellement rapide de la maladie, j'ai recommandé au président une supplémentation en oxygène", a admis Sean Conley, affirmant que Donald Trump - dont le niveau d’oxygène a baissé à deux reprises - n'était toutefois pas essoufflé.

Le docteur a reconnu qu'il n'avait pas révélé cet incident la veille pour projeter une image "optimiste". L'oxygénothérapie, ou oxygène d'appoint, est un traitement qui fournit de l'oxygène gazeux aux patients qui peuvent avoir des difficultés à respirer. L'oxygène peut être administré par des tubes placés dans le nez, un masque facial ou un tube placé dans la trachée ou la trachée.

· Zinc, vitamine D, famotidine, mélatonine et aspirine

A toutes ces cures s’ajoute la prise de zinc, de vitamine D, de famotidine, de mélatonine et d’aspirine, selon son médecin. Le zinc est un oligo-élément que le corps produit naturellement et qui aide le système immunitaire à combattre les bactéries et les virus extérieurs. La vitamine D est quant à elle bonne pour la croissance des os. La famotidine permet par ailleurs de réduire les brûlures d’estomac et est souvent utilisée comme traitement contre les ulcères.

Si tous ces éléments ont des bienfaits pour la santé, rien ne prouve qu’ils soient efficaces pour lutter contre le coronavirus. La mélatonine en revanche pourrait être bénéfique aux patients atteints du Covid-19 qui ont des comorbidités dues au diabètes ou à l’obésité.

"Une tendance commune existe entre l'augmentation du nombre de personnes infectées par le SRAS-COV-2 et le faible taux de mélatonine sanguine chez les personnes atteintes de maladies métaboliques chroniques et les personnes âgées", observent des chercheurs de l’université de Mansoury en Egypte.

"La capacité de la mélatonine à diminuer les infections virales chez les patients obèses et diabétiques est attribuée à ses effets antioxydants et à sa forte capacité anti-inflammatoire", estiment-ils.

· Trump prend-il de l’hydroxycloroquine?

Largement encensée par le Donald Trump durant la première vague de coronavirus, l’hydroxychloroquine ne fait cependant pas partie de ses traitements. Au mois de mai, il avait pourtant annoncé en prendre à titre préventif contre la maladie infectieuse. Mais le Dr Conley a finalement conclu que "le bénéfice potentiel du traitement l'emportait sur les risques relatifs" liés à l’hydroxychloroquine, rapporte la BBC.

Article original publié sur BFMTV.com