Publicité

Covid-19: comment l'Espagne est devenue en quelques jours la "pestiférée" de l'Europe

La plage de Roses, en Espagne, le 21 juin 2020  - Josep LAGO © 2019 AFP
La plage de Roses, en Espagne, le 21 juin 2020 - Josep LAGO © 2019 AFP

De nouveau pointée du doigt. Frappée de plein fouet par une première vague de Covid-19 qui a fait à ce jour près de 28.500 morts pour un total de 272.000 cas positifs d'après le décompte de la Johns Hopkins University, l'Espagne est de retour sur le banc des "pestiférés".

Face à la remontée du nombre de cas détectés dans le pays, plusieurs gouvernements européens, dont la France, ont ainsi appelé leurs ressortissants à ne pas se rendre sur place. Ces dernières semaines, plusieurs nouveaux "clusters" ont été découverts dans le pays, notamment en Catalogne, région très appréciée par les touristes en cette période estivale.

L'appel de Jean Castex

En déplacement à l'aéroport de Roissy vendredi passé, le Premier ministre français Jean Castex a été l'un des premiers à avertir sur la situation espagnole, et à appeler les vacanciers à la plus grande prudence.

"Nous recommandons vivement aux citoyens français d'éviter de se rendre dans ces territoires tant que la situation sanitaire ne s'améliore pas", a déclaré l'homme fort de Matignon lors d'une allocution.

Une situation qui a provoqué l'ire des autorités espagnoles, qui ne souhaitent logiquement pas devenir une nation pestiférée, et qui dans la foulée avait assuré que malgré la flambée de cas recensés sur leur territoire, la situation était "sous contrôle." Mardi, les autorités ont de nouveau martelé que l'Espagne était un pays "sûr."

"Nous voulons lancer un message clair de confiance", a déclaré la porte-parole du gouvernement Maria Jesus Montero. L'Espagne est "une destination sûre qui s'est préparée et s'est renforcée pour faire face au virus et aux nouveaux foyers", a-t-elle ajouté à l'issue du conseil des ministres.

Malgré les recommandations de Jean Castex, certains touristes français, qui estiment ne pas risquer plus en Espagne qu'en France, se sont rendus dans la région catalane et au bord de la Costa Brava. Si les propos du Premier ministre ont froissé restaurateurs et hôteliers espagnols, pour qui le tourisme français représente une part importante de leur chiffre d'affaire saisonnier, la situation pourrait s'empirer puisque la semaine passée, les autorités françaises avaient évoqué une possible nouvelle fermeture de la frontière entre les deux pays.

La quarantaine britannique

Courant juillet, plusieurs vidéos montrant des groupes de touristes anglais passablement ivres ne pas respecter les gestes de distanciation sociale du côté de Majorque avaient fait scandale en Espagne. Si les autorités locales avaient fait montre de dureté en fermant plusieurs établissements de nuit, les autorités britanniques ont, ces dernières heures, elles-aussi demandé à leurs ressortissants d'éviter le plus possible les déplacements en terre hispanique.

De plus, tous les voyageurs en provenance d'Espagne arrivant sur le sol britannique devront désormais subir une quarantaine obligatoire. Moins d'un mois après l'en avoir enlevé, le gouvernement a en effet annoncé samedi soir que l'Espagne et toutes ses îles figuraient de nouveau sur la liste des pays à risque concernant l'épidémie provoquée par le nouveau coronavirus.

Sans mise en garde préalable, les voyageurs en provenance de cette destination très appréciée des Britanniques doivent désormais s'isoler pendant deux semaines à leur arrivée. Cette mesure est entrée en vigueur à minuit, quelques heures seulement après son annonce, prenant de court de nombreux voyageurs, dont le ministre des Transports Grant Shapps, en vacances en Espagne.

Là encore, la mesure n'a pas été du goût de Madrid et cette fois-ci, c'est le Premier ministre, Pedro Sanchez, qui a critiqué cette dernière, qu'il juge "inadaptée."

Ces régions "ont une incidence cumulée (du coronavirus) inférieure à celle qui est enregistrée actuellement au Royaume-Uni, ce qui veut dire en termes épidémiologiques que ces destinations sont en fait plus sûres que le Royaume-Uni", a-t-il affirmé.

L'Allemagne également inquiète

Ce mardi, c'était au tour de l'Allemagne de déconseiller les voyages "non essentiels" et touristiques vers les régions espagnoles d'Aragon, de Catalogne et de Navarre.

Si "le nombre d'infections a nettement baissé" en Espagne, "il y a actuellement de nouveaux foyers régionaux d'infections" dans ces trois régions, explique le ministère des Affaires étrangères dans une note publiée sur son site internet.

Se félicitant que son pays, avec seulement 9122 morts officiellement recensés du Covid-19, ait relativement bien géré la crise par rapport à nombre de ses voisins européens, il s'est dit inquiet du relâchement d'une partie de la population en matière de gestes-barrières.

"Nous avions réussi à garder le nombre de nouvelles infections stable pendant plusieurs semaines (...) mais nous observons une augmentation des cas depuis plusieurs jours", s'est inquiété Lothar Wieler, président de l'institut sanitaire de référence.

La moyenne des nouvelles infections quotidiennes au Covid-19 est actuellement remontée à 557 depuis une semaine en Allemagne alors que celle-ci était sous la barre des 350 à la mi-juillet.

Les efforts espagnols

Afin de rassurer les voyageurs et autorités sanitaires étrangères, de nombreuses mesures sont pourtant mises en place côté espagnol. Ainsi, en Catalogne, des hauts-parleurs situés à proximité des plages rappellent, plusieurs fois par jour, la nécessité de porter des masques en ville et l'importance de la distanciation sociale (4m entre chaque personne sont demandés en bord de mer).

A Valence, autre destination touristique réputée, les plages sont divisées en plusieurs sections afin d'éviter l'afflux massif de vacanciers.

Mais les chiffres restent une réalité, et face à un retour de l'épidémie, les autorités espagnoles ont annoncé, ce mardi, des mesures pour tenter de freiner la reprise dans la région de Madrid comme le renforcement du caractère obligatoire du masque et la limitation des rassemblements à dix personnes.

La région a de plus décidé, comme l'ont déjà fait la quasi-totalité des régions espagnoles, d'imposer le port du masque dans la rue et "sur les terrasses" même lorsqu'une distance de sécurité de 1,5 mètre peut être respectée.

Article original publié sur BFMTV.com