Covid-19 : quel est l'impact de la mise en quarantaine des personnes asymptomatiques ?

Covid-19 : quel est l'impact de la mise en quarantaine des personnes asymptomatiques ?

Une personne sur cinq atteinte du Covid-19 serait asymptomatique, selon une récente étude allemande. La mise en quarantaine qui en découle aurait un fort impact psychologique sur ces patients qui ne développent pas de symptômes.

Peur d’attraper le coronavirus, difficulté à allier télétravail et école à la maison, gestion des repas et du ménage, éloignement d’avec ses proches, précarité pour certains… Le confinement a été une source de stress pour près de 2,86 milliards d’habitants dans le monde. L’impact psychologique sur les personnes asymptomatiques atteintes de Covid-19 serait encore plus important, selon une étude réalisée par l’Institut Atal Bihari Vajpayee des sciences médicales de l’hôpital Ram Manohar Lohia de New Delhi, en Inde.

L’étude a été menée sur 380 personnes. L’âge moyen des participants était de 33,5 ans. 72% d’entre eux étaient des hommes. Les résultats ont montré que plus de 46% des participants souffraient d’un stress sévère, suivi d’anxiété (14%) et de dépression (8%). Si l’on regarde l’étude d’un peu plus près, presque un tiers des participants souffriraient de dépression même modérée. Des troubles psychologiques liés principalement à l’isolement, l’interaction sociale réduite à néant, mais aussi et surtout au manque d’informations factuelles sur la maladie dont ils étaient atteints malgré l’absence de symptômes. Les chercheurs ont également noté que la recherche de cas contact dans leur entourage a constitué une source de stress importante pour ces malades asymptomatiques, placés généralement en quarantaine dans des centres. Enfin la difficulté d’avoir accès aux structures dédiées aux troubles psychologiques a favorisé l’anxiété.

La stigmatisation par autrui

Le Center for the Study of Traumatic Stress, basé dans le Maryland, aux États-Unis, s’est lui aussi penché sur les facteurs de stress lors de la quarantaine et ils sont multiples : la frustration et l’ennui liés à l’isolement, ce qui implique “la perte de sa routine quotidienne et les contacts sociaux et physiques”, un accès restreint au matériel et aux soins, le manque d’informations provenant des autorités, la prolongation de la quarantaine ou la peur de développer des symptômes ou d’infecter d’autres personnes. Elle inclut, dans un second temps, la peur d’une perte financière, la stigmatisation par autrui et le stress du retour à “sa routine normale”.

“L’isolement et l'évitement créent de l’anxiété et cela entraîne des phobies qui peuvent se développer chez n’importe qui, à n’importe quel âge. Il suffit d'un moment de fragilité”, décrypte Benjamin Lubszynski, spécialiste des problèmes de sommeil et d'anxiété et auteur du livre Bien dormir, ça s'apprend ! aux éditions du Rocher. Selon lui, la France déconfinée devrait observer une augmentation de l’hypocondrie, de la mysophobie et de la nosophobie - les peurs maladives et irrationnelles d'être contaminé par des microbes ou de contracter une maladie. D’où l’importance de suivre et entourer les personnes qui ont été fragilisées psychologiquement par cette crise sanitaire.