Un Britannique de 72 ans a souffert du Covid-19 pendant 305 jours

À peine remis d'un cancer, un retraité britannique de 72 ans a été positif au Covid-19 pendant 10 mois et a dû être hospitalisé à 7 reprises. (Photo d'illustration)

Dave Smith, un retraité britannique de 72 ans, a été infecté par le Covid-19 pendant 10 mois. Il a raconté au Guardian sa terrible expérience comprenant 42 tests positifs et 7 hospitalisations.

C'est un type d'infection très rare au Covid-19. Dave Smith, un moniteur d'auto-école à la retraite, a connu une infection très longue au SARS-CoV-2 en étant positif pendant pas moins de 305 jours. Alors que la grande majorité des gens, y compris ceux qui développent un Covid long, éliminent le virus en quelques semaines, ce Britannique de 72 ans a mis 10 mois à l'éliminer, le temps de réaliser 42 tests positifs et d'être hospitalisé 7 fois. Un bien triste record pour Dave Smith puisqu'il s'agit de la plus longue infection active au Covid-19 jamais enregistrée, rapporte une étude qui a rendu compte de son cas.

Une période très difficile durant laquelle l'homme s'est vu à plusieurs reprises très proche de la mort. "À chaque fois que j'allais mal, j'allais vraiment mal... J'étais aux portes de la mort. Ma femme a commencé à organiser mes funérailles 5 fois", assure-t-il au Guardian.

Ed Moran, consultant en maladies infectieuses au North Bristol NHS Trust évoque la rareté de ces longues infections : "Il n'y a pas un grand nombre de ce type de patients, probablement pas plus de deux par hôpital. Certains d'entre eux tombent malades très tôt et meurent, mais un certain nombre d'entre eux semblent avoir ce type de processus [de Covid-19] récurrent-rémittent."

À peine remis d'une leucémie

Comme Dave Smith, la plupart des personnes atteintes de longues infections ont de faibles niveaux d'anticorps neutralisant le virus, généralement à cause d'un traitement récent contre le cancer du sang ou d'une maladie héréditaire qui rend les cellules productrices d'anticorps défectueuses. Le septuagénaire était atteint d'une leucémie et avait reçu une chimiothérapie en 2019 pour la traiter. Lorsqu'il a contracté le coronavirus en mars 2020, il venait tout juste d'être remis de son cancer.

Le septuagénaire raconte au Guardian comment il s'est aperçu qu'il avait le Covid-19, plusieurs semaines après son infection : "J'étais totalement vidé de mon énergie et j'ai perdu mon odorat, qui n'est d'ailleurs toujours pas revenu. Mais je n'ai pas fait de test Covid avant le mois d'avril, jusqu'à ce qu'ils m'emmènent à l'hôpital parce que j'avais développé une infection pulmonaire."

Passé de 117kg à 63kg

Il a par la suite été renvoyé chez lui après avoir reçu une cure d'antibiotiques, mais il a continué à se sentir mal et était incapable de quitter sa maison, avant de retourner l'hôpital au mois de juillet parce qu'il se sentait très faible. Il a de nouveau été testé positif au Covid-19 et pensait avoir attrapé le virus une seconde fois, mais le séquençage génétique du virus a confirmé qu'il s'agissait bien de la même infection. Au mois d'octobre, des chercheurs de l'Université de Bristol ont réussi à développer une partie de son virus, prouvant qu'il était bien présent dans son corps et qu'il ne s'agissait pas simplement des petits morceaux d'ARN qui rendaient le test positif.

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Toujours positif au virus, la santé de l'ancien moniteur d'auto-école s'améliorait et se détériorait de manière imprévisible. "À un moment donné, j'ai été cloué au lit pendant deux ou trois mois. Ma femme devait me laver et me raser au lit parce que je ne pouvais même pas me tenir debout. Parfois, j'avais envie de partir au milieu de la nuit, parce que je ne pouvais plus continuer. Vous en arrivez à un point où vous avez plus peur de vivre que de mourir", raconte l'homme qui est passé de 117kg à 63kg en l'espace de quelques mois.

"Je ne serai jamais à 100%"

Tout a basculé quand les médecins ont décidé de lui administré le cocktail d'anticorps monoclonaux anti-Covid-19 de Regeneron, ce même traitement dont avait bénéficié Donald Trump. Il s'agit d'un traitement qui n'a pas été approuvé pour une utilisation au Royaume-Uni, mais Dave Smith a pu en bénéficier grâce à un programme d'usage compassionnel, c'est-à-dire une prescription qui ne relève d’aucune expérience, ni d’aucun essai clinique, mais qui vise à traiter une personne qui nécessite une nouvelle solution thérapeutique pour mieux maîtriser la maladie. Sa santé ne s'est pas immédiatement améliorée, mais il a repris des forces au fil des semaines, lui permettant de faire quelques pas de plus chaque jour, jusqu'à ce qu'il puisse atteindre la salle de bain, s'habiller seul, puis descendre les escaliers. "J'étais vraiment content lorsque pour la première fois depuis des mois, j'ai réussi à préparer une tasse de café à ma femme. C'était la première fois que je pouvais faire quelque chose pour elle, plutôt qu'elle fasse tout pour moi."

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Quarante-cinq jours après avoir reçu le traitement, Dave Smith a enfin reçu un test PCR négatif. "Nous avons ouvert une bouteille de champagne que nous avions dans le placard, car normalement nous ne buvons pas, et on a bu toute la bouteille à deux. Ensuite, nous avons téléphoné à tout le monde en disant : 'Je suis négatif, je suis négatif.'"

Depuis, cet habitant de Bristol a retrouvé une vie presque normale et a voyagé à travers l'Angleterre pour rendre visite à sa famille, même s'il est conscient que cet épisode l'a marqué physiquement à tout jamais : "Je ne serai jamais à 100% parce que le Covid a détruit mes poumons, donc je m'essouffle assez rapidement. Mais chaque jour que je vis maintenant est un bonus", relativise-t-il.

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