Publicité

Covid-19 et cas contacts à l'école : les parents dans le flou, les directeurs en première ligne

Entre manque d'informations et délais très long pour les tests, les parents se retrouvent dans le flou en cas de cas de Covid-19 parmi les élèves
Entre manque d'informations et délais très long pour les tests, les parents se retrouvent dans le flou en cas de cas de Covid-19 parmi les élèves

Informations au compte-goutte, ARS débordées, délais pour se faire dépister... Les parents font face à plusieurs difficultés lorsqu’un cas de Covid-19 est déclaré dans les établissements scolaires. Et c’est souvent aux directeurs et proviseurs de prendre les choses en main.

À la date du 18 septembre, 89 écoles ou établissements scolaires et 2100 classes avaient fermé pour cause de Covid-19. Un chiffre qui représente en tout 0,14% des structures et 0,3% des classes.

Un pourcentage minime, qui avait poussé le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, à se féliciter de la situation sur LCI le 16 septembre. Comme l’a annoncé Olivier Véran le 17 septembre, les consignes dans les écoles concernant les risques de contamination entre enfants seront même assouplies.

Pour autant, entre manque d’informations, délais pour les dépistages et prise en charge tardive par les ARS, les parents se retrouvent parfois démunis et inquiets lorsqu’un cas se déclare dans la classe de leur enfant.

Manque d’informations et parents inquiets

“Le manque d’informations après une fermeture de classe, c’est le quotidien des parents”, nous affirme la FCPE (Fédération des Conseils de Parents d'Elèves) des Bouches-du-Rhône, expliquant que les directeurs d’établissements eux-mêmes peinaient parfois à obtenir les renseignements nécessaires.

Une situation également décrite par Patrick Salaun, président de l’Unaape et père de cinq enfants encore scolarisés. “Dans l’école primaire de ma fille, un cas a été déclaré positif mercredi, et tous les enfants de sa classe étaient présents le jeudi parce que les cas contacts n’avaient pas encore été prévenus par l’ARS”, relate-t-il. De quoi, forcément, inquiéter les parents.

Les cas contacts informés par le chef d’établissement

Pour autant, ces situations ont été prévues par le gouvernement. Des documents, distribués aux directeurs d’école et chefs d’établissements, précisent la marche à suivre si un élève est positif au coronavirus. Dès qu’il est mis au courant par les parents, le directeur ou chef d’établissement à la charge de prévenir l’inspecteur de l’Éducation nationale et l’IA-Dasen (Inspecteur d'Académie – Directeur Académique des Services de l'Education Nationale). C’est ce dernier qui doit informer l’ARS.

Pendant ce temps, le directeur ou proviseur doit dresser, avec son équipe pédagogique, la liste des cas contacts possibles au sein de l’établissement. “Pour les collèges et lycées, c’est facilité par le fait que les élèves portent le masque tout le temps, même s’il existe quelques points sensibles avec la cantine, l’EPS ou la musique”, décrit Bruno Bobkiewicz, proviseur de la cité scolaire Berlioz de Vincennes et secrétaire national du SNPDEN-Unsa. Cette liste est envoyée à l’IA-Dasen et à l’ARS. C’est ensuite au directeur ou chef d’établissement de prévenir les-dits cas contacts et de leur demander de rester chez eux “par mesure de précaution”, précise les documents officiels du gouvernement. Et ce, même si l’ARS n’a pas encore validé définitivement la liste.

Un délai parfois très long

À ce stade, les parents savent donc si leurs enfants doivent retourner en classe ou non, mais ils ne savent pas encore s’ils doivent être testés et isolés. C’est l’ARS, “responsable du recensement et du suivi des personnes contact à risque” qui “arrête la stratégie de dépistage adaptée”, décrit le document officiel. Or, le laps de temps entre la transmission de la liste de cas contacts potentiels par le chef d’établissement et la validation par l’ARS est parfois très long. Sans compter que, dans de nombreux départements, outre les heures d’attente pour pouvoir être dépisté, il faut parfois jusqu’à cinq jours pour avoir un résultat.

“On est en train de partir sur des tranches de deux semaines [d’éviction de l’établissement scolaire] parce que la logistique ne suit pas”, nous décrit Bruno Bobkiewicz. Preuve en est, le 17 septembre, il a enfin eu l’appel de l’ARS pour un cas déclaré le 11, soit près d’une semaine avant. “De toute évidence, ils sont complètement débordés”, commente-t-il. Ce 18 septembre, nous n’avions pas encore eu de réponse de la Direction Générale de la Santé sur le sujet.

“Il peut y avoir un délais, un laps de temps”, reconnaît-on au ministère de l’Éducation nationale, mais, durant cette période “le bon sens prime”. En clair, si son enfant a été déclaré cas contact par le directeur ou proviseur, libre à chacun de le conduire chez le médecin pour que celui-ci décide s’il est nécessaire de faire un test, avant même le retour officiel de l’ARS. Et libre à chacun de choisir d’isoler son enfant dans l’attente de la confirmation du fait qu’il est bien cas contact. Mais il n’y a aucune obligation.

Pas d’impact en cas de simple suspicion

Lorsque l’ARS rend finalement la liste définitive des cas contacts de l’établissement scolaire, le directeur informe les principaux concernés de la marche à suivre : la réalisation d’un test sept jours après le dernier contact avec le cas avéré, et la possibilité de revenir en classe s’il est négatif. Ceux qui ne sont pas considérés comme cas contacts officiels peuvent, quant à eux, directement revenir dans l’établissement scolaire.

Voilà pour les cas positifs avérés. Lorsqu’il s’agit d’une simple suspicion, il est bien précisé sur le site du ministère de l’Éducation nationale que “les activités scolaires de l’école ou de l’établissement se poursuivent en respectant avec attention les mesures du protocole sanitaire”. L’élève qui présenterait des symptômes inquiétants est isolé, ses parents appelés, et c’est ensuite au médecin de décider s’il doit, oui ou non, être dépisté ou considéré comme contaminé au Covid-19. Pour revenir en classe, une simple attestation écrite affirmant que l’enfant a bien consulté un médecin suffit - sauf en cas de test positif. Mais la seule suspicion n’entraîne, en aucun cas, l’isolement d’éventuels cas contacts ou la fermeture d’une classe.

Des consignes bientôt allégées

De nouvelles consignes concernant la gestion des cas positifs au sein des écoles maternelles et primaires devraient rapidement être transmises par le ministère de l’Éducation. Dans son intervention du 17 septembre, le ministre de la Santé Olivier Véran a expliqué que les enfants les plus jeunes étaient “peu susceptibles de se contaminer entre eux et de contaminer les adultes autour d’eux”, et que, par conséquent, “lorsqu’un enfant est positif (…), il doit être isolé sept jours chez lui, mais les autres enfants de sa classe pourront normalement continuer à se rendre à l’école”, rappelle Le Monde.

C’était en réalité déjà plus ou moins le cas, puisque le document officiel de l’Éducation nationale précise qu’une fermeture de classe intervient généralement après trois cas, et non un seul. Par ailleurs, les enfants d’une classe qui ne sont pas désignés cas contacts par le directeur et l’équipe pédagogique peuvent déjà, dans l’état actuel des choses, continuer à se rendre normalement en classe. Seuls les cas contacts sont, pour le moment, obligés de rester chez eux.

Ce contenu peut également vous intéresser :