Covid-19 : confiner les non-vaccinés, une bonne idée ?

Contrôle de la situation vaccinale à l'entrée du marché de Noël de Vienne (GEORG HOCHMUTH / APA / AFP)

Face à la flambée des cas, l'Autriche a décidé d'empêcher l'accès à certains lieux à ses concitoyens non vaccinés. Que vaut cette mesure ?

À chaque pays ses mesures pour tenter d'endiguer la flambée spectaculaire du nombre de cas de Covid-19. Parmi les décisions les plus remarquées, celle de l'Autriche, qui a décidé de "confiner" les non-vaccinés, alors que le pays enregistre un taux d'incidence supérieur à 1000 cas pour 100 000 habitants.

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Une mesure prise alors que l'Autriche a un taux "honteusement bas" de vaccination selon les propos du chef de gouvernement autrichien, avec 65% de vaccinés, contre 75% en France. Mais l'idée de confiner les non-vaccinées, évoquée ces derniers jours, peine à convaincre France.

"Tenter de convaincre plutôt que d'imposer"

"Il ne faut pas croire que tous les non-vaccinés sont des anti-vaccins. Il y a des peurs qui peuvent être légitimes et qu'il faut entendre et respecter. Il faut tenter d'expliquer et de convaincre plutôt que d'imposer" plaide le docteur Michael Rochoy, chercheur en épidémiologie. Environ 6,6 millions de Français éligibles n'ont reçu aucune dose de vaccin, répartis dans toutes les classes d'âge.

Concrètement, les non-vaccinés en Autriche ne peuvent pas accéder aux restaurants, aux bars, aux lieux culturels, et peuvent uniquement faire leurs courses, du sport ou recevoir des soins médicaux, sauf en cas de preuve de guérison du SARS-CoV-2. "C'est ce que fait la France avec le pass sanitaire où les non-vaccinés et non-testés n'ont pas accès aux restaurants, bars, cinémas... La mesure de l'Autriche est en quelque sorte une mesure similaire à celle déjà prise en France, mais aussi en Italie", estime de son côté l'épidémiologiste Antoine Flahault sur RTL.

L'idée divise les politiques

Si l'idée a du mal à convaincre les soignants, la classe politique s'est emparée du sujet, à quelques mois de l'élection présidentielle. À droite, Valérie Pécresse et Xavier Bertrand, candidat à l'investiture, ont indirectement soutenu cette mesure lors d'un débat organisé sur BFMTV, expliquant tous les deux ne pas vouloir reconfiner tous les Français "parce que certains ne veulent pas se faire vacciner”.

Leurs adversaires à la primaire LR ont eux rejeté une telle idée, tout comme Christophe Castaner. "Nous ne le souhaitons pas, et nous devons tout faire pour empêcher que nous ayons besoin d'aggraver les moyens de protection des Français", déclaré d lundi le président du groupe LaREM à l'Assemblée nationale sur France 2.

"Il faut remettre le masque et insister sur l'aération des locaux"

"N'oublions pas que le vaccin n'est qu'une solution parmi d'autres, et que ces vagues de contaminations que l'on connaît depuis l'automne 2020 ne sont pas une fatalité. On sait comment freiner les contaminations, il suffit d'appliquer ces mesures", rappelle Michaël Rochoy.

Parmi ces mesures "les plus drastiques c'est le confinement et la fermeture des lieux de contamination comme les restaurants. Si on veut éviter d'en arriver là, il faut appliquer des mesures intermédiaires : réimposer le port du masque dans les lieux où il a été levé comme les cinémas, insister sur l'aération des lieux clos et les gestes barrières", martèle le chercheur en épidémiologie.

Relancer le télétravail

Autre levier à actionner, "inciter de nouveau au télétravail pour limiter les brassages et les contaminations dans les cantines d'entreprise, et limiter les brassages des élèves de différentes classes à la cantine scolaire", rappelle Michaël Rochoy.

Le télétravail, c'est l'une des solutions choisie par l'Allemagne pour enrayer la flambée du nombre de cas de Covid-19. Un projet de loi prévoit que les employeurs allemands seront contraints d'offrir à leurs employés la possibilité de travailler depuis le domicile en l'absence d'une "raison professionnelle impérieuse" de venir au bureau.

Le confinement des non-vaccinés, impossible à appliquer ?

Un confinement des non-vaccinés qui aurait de toute manière du mal à voir le jour en France, puisqu'une telle possibilité ne figure pas dans les termes de l'état d'urgence sanitaire. Une mesure qui pourrait même être inconstitutionnelle. "Je ne pense pas que l’on puisse prendre des mesures différenciées en fonction du statut vaccinal, car la seule différenciation que permet l’état d’urgence sanitaire est territoriale", explique à BFMTV le spécialiste du droit constitutionnel Jean-Philippe Derosier.

Une mesure similaire avait été envisagée l'hiver dernier. Dans une lettre publiée dans The Lancet, cinq des membres du Conseil Scientifique dont Jean-François Delfraissy proposaient d’isoler les plus vulnérables, pour éviter un confinement général. Une telle mesure avait été écartée d'emblée, notamment car rendue impossible par la Constitution.

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